Peuleux | Le monde de Spirou et Fantasio

 ENTRETIEN AVEC...  CYRIELLE HARIEL / BFM BUSINESS | 18/04/2023

Journaliste sur BFM Business, Cyrielle Hariel a un profil très atypique dans les médias dont la raison d'être est devenue "communiquer pour mieux protéger" plutôt que de rechercher la gloire. Rencontre avec une journaliste inspirante…

 

Si Cyrielle Hariel reste peu connue en radio, c'est parce que ce média reste peu présent dans sa carrière journalistique. Elle a débuté avec une chronique sur Europe 1 en août 2017 dans l'émission "Circuits courts" le temps d'une saison avant de revenir sur BFM Business en 2020. Elle avoue elle-même ne pas être une femme de radio et préférer l'image.

Cyrielle Hariel : J'adore l'image, aller sur le terrain faire des rencontres et des reportage, je n'ai pas grandi en écoutant la radio et je suis très visuelle dans mon fonctionnement, je ne peux pas retenir un prénom / un nom sans avoir vu la personne.

 

Une histoire personnelle qui la pousse vers le journalisme d'impact

 

Pour véritablement comprendre qui est Cyrielle Hariel et pourquoi j'ai souhaité la rencontrer, il faut vous raconter son histoire : après avoir travaillé pour Canal + pendant 4 ans, Cyrielle part dans les camps de réfugiés des rohingyas au Bangladesh avec Action contre la faim. Elle y découvre la détresse d'un peuple apatride et rejeté qui vit dans des bidonvilles mais y croise pourtant des sourires d'enfants. Cette expérience lui fait envisager le monde sous un nouvel angle et revoir la liste de ses priorités.

Lorsqu'elle rentre en France, elle a 27 ans, elle est au chômage et se sent perdue après son expérience. C'est là, 3 semaines après son retour, qu'elle apprend qu'elle doit être opérée en urgence d'une malformation du cœur. Les médecins lui implantent une prothèse cardiaque.

Cyrielle Hariel : A ce moment-là de ma vie, je ne cherche pas du tout à être dans la lumière des projecteurs mais à simplement vivre. Depuis je cherche à rendre à la vie ce que mon cœur a permis en acceptant cette prothèse.

La jeune femme dit avoir été inspiré par Michael Jackson qui a fait beaucoup d'actions humanitaires et même militer pour certaines grandes causes comme le montrent certains de ses clips qui avec le recul cherchaient à éveiller les conscience avec un certain temps d'avance.

 

C'est dans ce contexte personnelle que Cyrielle s'oriente vers un journalisme "green et positif et prône aujourd'hui le journaliste d'impact. J

Cyrielle Hariel : Je veux tendre le micro à des gens qui veulent soigner le monde. Aujourd'hui, ces personnes je les trouve dans le business, peut-être que demain ce sera dans le monde du cinéma ou de la mer.

Elle lance alors un blog personnel et philanthropique où elle raconte ses rencontres avec des personnes, célèbres et anonymes, qui veulent changer le monde. Elle se prend ainsi en photo avec eux en formant un cœur à deux mains. Si le cœur est le symbole de l'engagement et de la solidarité, il symbolise aussi son cœur rafistolé, la main de l'autre personne figurant la prothèse qui a réparé son cœur.

 

Son blog lui ouvre les portes d'Europe 1

 

C'est grâce à ce blog que Ushuaïa TV et Europe 1 la repère. Ainsi en 2017, Frédéric Schlesinger, vice-président d'Europe 1, se demande qui est cette journaliste qui fait des cœurs avec le Prince Albert de Monaco ou le Père Pédro à Madagascar.

Il lui propose alors une chronique quotidienne sur une personne inspirante ou une initiative durable dans la nouvelle émission de Maxime Switek et Anne Le Gall.

Cyrielle Hariel : J'ai adoré cette expérience à Europe 1 parce que nous sommes beaucoup plus dans le détail qu'en télévision et j'ai dû apprendre à poser ma voix.

A la fin de la saison, son "papa de radio" comme elle surnomme Frédéric Schlesinger est remercié. Son successeur à la direction d'Europe 1 supprime l'émission et Hariel repart vers de nouvelles rencontres.

Il faudra attendre mars 2020 pour l'entendre à nouveau en radio lorsqu'elle arrive sur BFM Business, même s'il est vraie d=que désormais la radio de l'économie et aussi une chaine de télévision.

Peuleux : Pourquoi ne pas avoir fait plus de radio ?

Cyrielle Hariel : Je fais du journalisme d'impact parce que des images m'ont éveillée et émue, m'ont sensibilisée et fait pleurer. Je suis donc plus attirée par l'image mais sur BFM Business j'allie les deux.

Peuleux : Justement, BFM Business est désormais une chaine de télévision en plus d'être une radio. Comment fais-tu pour que tes émissions et reportages qui sont tournés avec des moyens de télévision restent radiodiffusables ?

Cyrielle Hariel : Il faut s'adapter avec un discours plus radiophonique malgré la présence d'une caméra.  En reportage tu es plus dans la description et en plateau tu vas répéter le nom de ton invité plus souvent.

 

Je veux présenter des émissions qui me ressemblent !

 

Lorsqu'elle arrive sur BFM Business, Cyrielle Hariel est à l'origine des concepts d'émissions et chroniques qu'elle présente car elle veut parler de sujets qui lui tiennent à cœur et qui vont dans le sens de sa démarche de journaliste d'impact.

Jusqu'à récemment, Cyrielle proposait chaque matin une chronique dans la matinale. Ainsi, quatre fois par semaine dans la matinale, elle réalisait un reportage dans une entreprise déployant un engagement sociétale ou environnementale stratégique qui impacte son fonctionnement. Mais le rythme de tournage aux quatre coins de la France était trop contraignant et fatiguant. Toutefois, la journaliste a conservé son rendez-vous du vendredi à 6h10 où elle reçoit un entrepreneur à impact en direct dans "la pépite RSE".

En parallèle, chaque semaine, elle présente "Objectif : raison d'être", un magazine de 20 à 25 minutes autour des questions de RSE (responsabilités sociétales et environnementales des entreprises).

Cyrielle Hariel : C'est un débat profond avec une grande entreprise qui vient parler de sa feuille de route en matière de RSE, d'impact, de décarbonation et qui est challengée par une petite entreprise à impact – souvent une start up - qui de par sa structure plus légère peut bouger les lignes et agir plus rapidement. Chaque semaine, nous mettons en lumière un secteur différents comme l'hospitalité responsable ou l'électroménager durable.

Peuleux : Comment trouves-tu tes invités que cela soit parmi les grandes entreprises ou parmi les start-up moins connues car plus jeunes ?

Cyrielle Hariel : Depuis 8 ans que je suis dans cet écosystème, je commence à avoir pas mal de connaissances qui me permettent de lancer des invitations.

 

Et depuis mi-avril 2023, Cyrielle Hariel incarne aussi un nouveau podcast original baptisé "Patron.ne mais pas que" où elle met à l'honneur des hommes et des femmes pour parler d'eux. Podcast où elle met en œuvre ce qu'elle a appris en radio sur Europe 1.

Cyrielle Hariel : En France, on aime détester les patrons mais on extasie devant les américains qui réussissent alors que certains patrons français viennent de nulle part et font vivre des milliers de salariés. Avec mes invités, nous parlons de leur parcours, de leurs challenges, de leurs réussites comme de leurs échecs… Et je tutoie tout le monde pour donner de l'intimité, de la valeur humaine et casser l'étiquette, le titre.

La journaliste m'avoue aimer l'idée de recevoir des femmes qui en général sont plus timides alors que les hommes ont plus tendance à vouloir se montrer. Elle aime mettre en valeur ces femmes qui sont aussi fondatrices d'entreprise, dirigeantes, responsables politiques, donneuses d'opinion mais qui souvent se brident.

 

Je n'irai pas sur une grande chaine pour parler voiture, ce n'est pas moi.

 

Peuleux : Sans vouloir être choquant, tu es une belle femme avec beaucoup de choses intéressantes à raconter, pourquoi ne travailles-tu pas sur un média moins confidentiel que BFM Business et sur un sujet plus médiatique que la RSE ?

Cyrielle Hariel : Tout d'abord, ce n'est pas parce que tu es sur un média de grande audience que tu as mieux réussi ta vie. Depuis 8 ans, j'ai adoré les rencontres faites grâce à Ushuaia TV, Europe 1, RMC Découvertes ou BFM Business. Aujourd'hui, je tisse ma toile et je suis bien. Certes, je suis sur une niche avec la RSE mais une niche qui s'étoffe. Je préfère rencontrer des personnes qui m'inspirent que d'être dans les paillettes. Aujourd'hui mon but est d'emmener es gens les plus puissants dans les lieux les plus vulnérables, comme un responsable politique ou un grand patron dans un camp de réfugiés. En ce moment, je souhaite alerter sur les requins et cherche à réaliser un documentaire sur cette question. Je suis plus dans une quête de sens et l'engagement que d'aller là où je peux briller. Je n'irais pas sur une grande chaine pour parler voiture ou face à des footballeurs, ce n'est pas moi. Sur BFM Business, je pense être à la bonne place.

 

 

LE 9 A LA SUITE D'HISTOIRE(S) RADIOPHONIQUE(S)

 

Si je devais interviewer une autre personnalité radiophonique, vers qui m'orienterais-tu ?

Emmanuel Lechypre

 

Les voix ou les émissions de radio qui ont marqué ton enfance ?

Je n'écoutais pas la radio…

 

La plus belle rencontre radiophonique ?

Jankil Jackson, un petit garçon de 10 ans qui faisait des maraudes à Chicago auprès de SDF. Je l'ai rencontré lorsque j'étais sur Europe 1. Quelques mois plus tard, il a été récompensé par le président Barack Obama.

 

La pire rencontre radiophonique ?

Sans

 

Le plus beau souvenir en radio ?

A chaque émission j'apprends des choses. Il y a des petites choses par ci par là… Je n'ai rien en particulier spécifiquement en radio.

 

Le pire souvenir en radio ?

Il n'y pas de pire souvenirs pour moi si je relativise par rapport à la vie d'autres personnes sur la planète.

  

Quand tu n'es pas à la radio, écoutes-tu la radio ?

Non, je ne suis pas radio, désolée...

 

Quand tu sors de la radio, que fais-tu ?

Je viens à BFM Business pour enregistrer "Objectif : raison d'être" le mardi matin et pour la chronique "la pépite RSE qui est en direct le vendredi à 6h10. En dehors de ces rendez-vous fixes à BFM Business, je reviens de temps en temps enregistrer des entretiens pour le podcast "Patron.ne mais pas que".

Par ailleurs, je donne des conférences en entreprises sur la raison d'être ou mon parcours / mon changement de vie. Je déploie aussi mes armes sur d'autres projets. Par exemple, je suis une passionnée de plongée sous-marine et j'ai eu un coup de cœur pour les requins il y a 2,5 ans et aujourd'hui je tisse ma toile pour monter un documentaire à impact sur ces animaux.

Je cherche aussi des invités qu'il faut ensuite booker, j'assiste à des conférences, à des lancements. J'ai une vie riche de rencontres avec des personnes passionnantes. Et sinon je rentre chez moi et je fais du sport.

 

Et dans 5 ans ?

J'ai besoin d'évolutions et de challenges. Mon challenge du moment est de réaliser mon premier documentaire. Donc dans 5 ans, j'espère avoir réussi. J'aimerai aussi réaliser plus d'immersions… Je mets tout en œuvre pour réaliser mes rêves, je suis restée une enfant à ce stade. Je vois grand mais la vie est courte, je suis bien placée pour savoir qu'elle ne tient qu'à un battement de cœur… En tout cas, j'ai envie de protéger les plus vulnérables : les enfants, les femmes, la biodiversité, les requins….

 

Remerciements : Un grand merci à Cyrielle Hariel pour son temps et nos échanges qui ont finalement étaient bien au-delà de la Radio.

Photos : Europe 1, BFM Business, Cyrielle Hariel, Peuleux.

 

Pour aller plus loin...


Entretien avec...
Maxime Switek
       

BFM Business
     

dernière mise à jour de cette fiche le 30/04/2023


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