Journaliste sur BFM Business,
Cyrielle Hariel a un profil très atypique dans les médias dont
la raison d'être est devenue "communiquer pour mieux protéger"
plutôt que de rechercher la gloire. Rencontre avec une
journaliste inspirante…
Si Cyrielle Hariel reste peu connue en
radio, c'est parce que ce média reste peu présent dans sa
carrière journalistique. Elle a débuté avec une chronique sur
Europe 1 en août 2017 dans l'émission "Circuits courts" le temps
d'une saison avant de revenir sur BFM Business en 2020. Elle
avoue elle-même ne pas être une femme de radio et préférer
l'image.
Cyrielle Hariel : J'adore l'image, aller
sur le terrain faire des rencontres et des reportage, je n'ai
pas grandi en écoutant la radio et je suis très visuelle dans
mon fonctionnement, je ne peux pas retenir un prénom / un nom
sans avoir vu la personne.
Une histoire
personnelle qui la pousse vers le journalisme d'impact
Pour
véritablement comprendre qui est Cyrielle Hariel et pourquoi
j'ai souhaité la rencontrer, il faut vous raconter son histoire
: après avoir travaillé pour Canal + pendant 4 ans, Cyrielle
part dans les camps de réfugiés des rohingyas au Bangladesh avec
Action contre la faim. Elle y découvre la détresse d'un peuple
apatride et rejeté qui vit dans des bidonvilles mais y croise
pourtant des sourires d'enfants. Cette expérience lui fait
envisager le monde sous un nouvel angle et revoir la liste de
ses priorités.
Lorsqu'elle rentre en France, elle a 27
ans, elle est au chômage et se sent perdue après son expérience.
C'est là, 3 semaines après son retour, qu'elle apprend qu'elle
doit être opérée en urgence d'une malformation du cœur. Les
médecins lui implantent une prothèse cardiaque.
Cyrielle Hariel : A ce moment-là de ma
vie, je ne cherche pas du tout à être dans la lumière des
projecteurs mais à simplement vivre. Depuis je cherche à rendre
à la vie ce que mon cœur a permis en acceptant cette prothèse.
La jeune femme dit avoir été inspiré par
Michael Jackson qui a fait beaucoup d'actions humanitaires et
même militer pour certaines grandes causes comme le montrent
certains de ses clips qui avec le recul cherchaient à éveiller
les conscience avec un certain temps d'avance.
C'est dans ce contexte personnelle que
Cyrielle s'oriente vers un journalisme "green et positif et
prône aujourd'hui le journaliste d'impact. J
Cyrielle Hariel : Je veux tendre le
micro à des gens qui veulent soigner le monde. Aujourd'hui, ces
personnes je les trouve dans le business, peut-être que demain
ce sera dans le monde du cinéma ou de la mer.
Elle lance alors un blog personnel et
philanthropique où elle raconte ses rencontres avec des
personnes, célèbres et anonymes, qui veulent changer le monde.
Elle se prend ainsi en photo avec eux en formant un cœur à deux
mains. Si le cœur est le symbole de l'engagement et de la
solidarité, il symbolise aussi son cœur rafistolé, la main de
l'autre personne figurant la prothèse qui a réparé son cœur.
Son blog lui
ouvre les portes d'Europe 1
C'est grâce à ce blog que Ushuaïa TV et
Europe 1 la repère. Ainsi en 2017, Frédéric Schlesinger,
vice-président d'Europe 1, se demande qui est cette journaliste
qui fait des cœurs avec le Prince Albert de Monaco ou le Père
Pédro à Madagascar.
Il
lui propose alors une chronique quotidienne sur une personne
inspirante ou une initiative durable dans la nouvelle émission
de Maxime Switek et Anne Le Gall.
Cyrielle
Hariel : J'ai adoré cette expérience à Europe 1 parce que
nous sommes beaucoup plus dans le détail qu'en télévision et
j'ai dû apprendre à poser ma voix.
A la fin de la saison, son "papa de radio" comme elle
surnomme Frédéric Schlesinger est remercié. Son
successeur à la direction d'Europe 1 supprime l'émission et
Hariel repart vers de nouvelles rencontres.
Il faudra attendre mars 2020 pour
l'entendre à nouveau en radio lorsqu'elle arrive sur BFM
Business, même s'il est vraie d=que désormais la radio de
l'économie et aussi une chaine de télévision.
Peuleux : Pourquoi ne pas avoir fait
plus de radio ?
Cyrielle
Hariel : Je fais du journalisme d'impact parce que
des images m'ont éveillée et émue, m'ont sensibilisée et fait
pleurer. Je suis donc plus attirée par l'image mais sur BFM
Business j'allie les deux.
Peuleux : Justement, BFM Business est désormais une
chaine de télévision en plus d'être une radio. Comment fais-tu
pour que tes émissions et reportages qui sont tournés avec des
moyens de télévision restent radiodiffusables ?
Cyrielle
Hariel : Il faut s'adapter avec un discours plus
radiophonique malgré la présence d'une caméra.
En reportage tu es plus
dans la description et en plateau tu vas répéter le nom de ton
invité plus souvent.
Je veux
présenter des émissions qui me ressemblent !
Lorsqu'elle arrive sur BFM Business,
Cyrielle Hariel est à l'origine des concepts d'émissions et
chroniques qu'elle présente car elle veut parler de sujets qui
lui tiennent à cœur et qui vont dans le sens de sa démarche de
journaliste d'impact.
Jusqu'à
récemment, Cyrielle proposait chaque matin une chronique dans la
matinale. Ainsi, quatre fois par semaine dans la matinale, elle
réalisait un reportage dans une entreprise déployant un
engagement sociétale ou environnementale stratégique qui impacte
son fonctionnement. Mais le rythme de tournage aux quatre coins
de la France était trop contraignant et fatiguant. Toutefois, la
journaliste a conservé son rendez-vous du vendredi à 6h10 où
elle reçoit un entrepreneur à impact en direct dans "la pépite
RSE".
En parallèle, chaque semaine, elle
présente "Objectif : raison d'être", un magazine de 20 à 25
minutes autour des questions de RSE (responsabilités sociétales
et environnementales des entreprises).
Cyrielle
Hariel : C'est un débat profond avec une grande
entreprise qui vient parler de sa feuille de route en matière de
RSE, d'impact, de décarbonation et qui est challengée par une
petite entreprise à impact – souvent une start up - qui de par
sa structure plus légère peut bouger les lignes et agir plus
rapidement. Chaque semaine, nous mettons en lumière un secteur
différents comme l'hospitalité responsable ou l'électroménager
durable.
Peuleux : Comment trouves-tu tes invités
que cela soit parmi les grandes entreprises ou parmi les
start-up moins connues car plus jeunes ?
Cyrielle
Hariel : Depuis 8 ans que je suis dans cet
écosystème, je commence à avoir pas mal de connaissances qui me
permettent de lancer des invitations.
Et depuis mi-avril 2023, Cyrielle Hariel
incarne aussi un nouveau podcast original baptisé "Patron.ne
mais pas que" où elle met à l'honneur des hommes et des femmes
pour parler d'eux. Podcast où elle met en œuvre ce qu'elle a
appris en radio sur Europe 1.
Cyrielle
Hariel : En France, on aime détester les patrons
mais on extasie devant les américains qui réussissent alors que
certains patrons français viennent de nulle part et font vivre
des milliers de salariés. Avec mes invités, nous parlons de leur
parcours, de leurs challenges, de leurs réussites comme de leurs
échecs… Et je tutoie tout le monde pour donner de l'intimité, de
la valeur humaine et casser l'étiquette, le titre.
La journaliste m'avoue aimer l'idée de
recevoir des femmes qui en général sont plus timides alors que
les hommes ont plus tendance à vouloir se montrer. Elle aime
mettre en valeur ces femmes qui sont aussi fondatrices
d'entreprise, dirigeantes, responsables politiques, donneuses
d'opinion mais qui souvent se brident.
Je n'irai pas
sur une grande chaine pour parler voiture, ce n'est pas moi.
Peuleux
: Sans vouloir être choquant, tu es une belle femme avec
beaucoup de choses intéressantes à raconter, pourquoi ne
travailles-tu pas sur un média moins confidentiel que BFM
Business et sur un sujet plus médiatique que la RSE ?
Cyrielle
Hariel : Tout d'abord, ce n'est pas parce que tu es
sur un média de grande audience que tu as mieux réussi ta vie.
Depuis 8 ans, j'ai adoré les rencontres faites grâce à Ushuaia
TV, Europe 1, RMC Découvertes ou BFM Business. Aujourd'hui, je
tisse ma toile et je suis bien. Certes, je suis sur une niche
avec la RSE mais une niche qui s'étoffe. Je préfère rencontrer
des personnes qui m'inspirent que d'être dans les paillettes.
Aujourd'hui mon but est d'emmener es gens les plus puissants
dans les lieux les plus vulnérables, comme un responsable
politique ou un grand patron dans un camp de réfugiés. En ce
moment, je souhaite alerter sur les requins et cherche à
réaliser un documentaire sur cette question. Je suis plus dans
une quête de sens et l'engagement que d'aller là où je peux
briller. Je n'irais pas sur une grande chaine pour parler
voiture ou face à des footballeurs, ce n'est pas moi. Sur BFM
Business, je pense être à la bonne place.
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