Depuis juillet 2019, Radio
Naoned émet en DAB+ sur Nantes. Premier média en langue bretonne
en Loire-Atlantique, la radio associative est devenue une vraie
opportunité pour les bretonnants de la région. Visite d'une
radio pas comme les autres…
A l'occasion des journées européennes du
Patrimoine, Radio Naoned a ouvert ses locaux au public le temps
d'une journée. Il est 10h00 lorsque j'arrive à Saint-Herblain,
commune limitrophe de Nantes. Une impasse discrète entre des
pavillons et le centre culturel breton de Nantes. A deux pas de
là, une école diwan. Au bout d'un petit parking, un petit
bâtiment qu'il faut longer pour trouver la porte de Radio
Noaned. Les locaux sont réduits au minimum ave trois espaces :
entrée / bureaux, commodités / pause-café et studio.
Mélaine Looten m'accueille. Il est
bientôt rejoint par Marianne Vaidie. Mélaine Looten est le
coordinateur de l’antenne. Il gère tout le côté pratique et
logistique de la machine, beaucoup d'administratif et de
financier. Avant cela, il a été carrossier durant 15 ans avant de
vouloir évoluer vers des activités lui permettant de pratiquer
le breton qu'il a appris adulte. Comme quoi, tous les chemins
mènent à la radio ! Formée en Bretagne, Marianne Vaidie est
journaliste, animatrice, technicienne-réalisatrice. Elle
coordonne les bénévoles et s'occupe des ateliers d'éducation aux
médias.
La petite sœur nantaise de Radio Kerne
La naissance de cette radio bretonne
dans la Cité des Ducs de Bretagne est l'idée de l'association
qui gère depuis 20 ans Radio Kerne, une radio en breton émettant
en FM dans le Finistère. En 2017, lorsque le CSA ouvre les
candidatures pour le DAB+ sur Nantes, l'association propose le
projet Radio Naoned qui de fait serait le premier média
entièrement en breton du Département ligérien.
La coordination du projet est confiée à
Mélaine Looten qui n'y connaît presque rien en radio. Pendant 2
ans, il va atteler à monter la radio. Il trouve des
financements. Il trouve des locaux sur le site du centre
culturel breton de Nantes et de l'école Diwan de Saint-Herblain.
Il surveille les travaux de transformation des anciens locaux de
stockage de meubles en studio de radio. Marianne Vaidie recrutée
comme journaliste et animatrice profite du retour d'expérience
des collègues finistériens pour travailler sur les aspects
journalistiques. Ensemble, ils accueillent les premiers
bénévoles. Quant aux équipes de Radio Kerne, elles
apportent leur soutien
pour la mise en place des installations techniques, la
programmation musicale ou la construction de la grille des
programmes.
Radio Naoned est une radio de niche
La petite sœur de Radio Kerne est lancée
dès le démarrage du DAB+ à Nantes le 4 juillet 2019. Lancer une
radio sur le DAB+ peu connu du grand public et qui plus est en
langue bretonne est un pari fou. En marketing, on parle d'un
produit de niche. Mais le pari est loin d'être perdu car "les
bretonnants sont des auditeurs fidèles".
Côté technique, les studios sont assez
déroutants pour quelqu'un comme moi qui a eu l'occasion de
visiter des radios régionales et nationales : tout tient dans
une sorte de placard à balais au fond du studio ! Et il n'y a
pas de régie : tout est piloté depuis le studio via une
tablette. Pendant les émissions, l'animateur contrôle
toute la technique via son écran tactile et un écran de la
taille d'une télévision fixée au mur face à lui.
Côté musique, Radio Naoned passe bien
sûr de la musique traditionnelle bretonne mais souhaite aussi de
mettre en avant la scène bretonne du pays nantais. Tous les
titres diffusés ne sont forcément en breton.
Côté programmes, la radio ne propose pas
de rendez-vous en direct pour l'instant mais l'envie ne manque
pas. Dès lors que quelques petits soucis techniques seront
réglés, Marianne se lancera, elle en a envie.
En plus de la matinale proposée par la
journaliste-animatrice, Radio Naoned diffuse des émissions et
des chroniques préparées par ses bénévoles. Marianne Vaidie
explique que la radio se veut généraliste dans les sujets
abordés, "nous ne parlons pas que des fez noz, nous pouvons de
tous les sujets possibles tant que nous avons des personnes pour
les abordés parmi les bénévoles". Toutefois, Radio Naoned
diffuse beaucoup d'émissions de musique comme "Flik ha folk"
(folk, blues et blues grass), "Distruj" (punk sauce bretonne) ou
"Elektro SweatLodge" (un mix électro préparé par un collectif de
DJ nantais). Evoquons aussi cette émission sur l'histoire dont
l'animatrice vient régulièrement d'Angers (1 heure de route)
pour faire ses enregistrements.
Par ailleurs, la radio a lancé un
nouveau rendez-vous il y a quelques semaines, "Naoned e live !"
avec un groupe ou un artiste en studio pendant une heure. La
prestation est filmée ce qui permet de diffuser un extrait en
guise de bande-annonce diffusée sur les réseaux sociaux. Le
premier rendez-vous a été un succès et devrait être renouveler
rapidement.
Radio Naoned propose bien sa propre
grille des programmes, une grille indépendante de sa grande sœur
Radio Kerne dont elle n'est pas un décrochage local. Une
association mais deux radios ! Toutefois, faisant partie de
Brudañ ha Skignañ, un réseau de radios associatives en langue
bretonne, Radio Naoned reprend des programmes des autres radios
membres que Radio Kreiz Breizh, Radio Bro Gwened, Arvorig FM et
Radio Kerne. Et réciproquement l'inverse.
Pendant le confinement, la grille des
programmes a été modifiée avec des interviewes réalisées par
Sype depuis le domicile des deux salariés. La radio a aussi
diffusé chaque jour une émission coproduite avec Radio Kerne
mettant en commun le travail des journalistes des deux antennes.
D'une durée de 30 minutes, ce rendez-vous est passé à 90 minutes
au déconfinement et jusqu'à fin juin.
L'éducation aux médias a la
côte
Enfin, comme beaucoup de radios
associatives, Radio Naoned propose des ateliers d'éducation au
média. Elle travaille bien sûr avec le collège diwan voisin qui
a vu dans la création de ce média une véritable opportunité
pédagogique ainsi qu'un lycée public nantais qui propose une
option breton. La radio travaille aussi avec un groupe d'adultes
apprenant le breton dans le cadre d'une association.
Mélaine Looten explique que les fortes
sollicitations des écoles bretonnantes ont conduit à la volonté
de créer un troisième poste de salarié qui pourrait se consacrer
à l'éducation aux médias pour laquelle Radio Naoned reçoit des
demandes aussi bien en pays nantais que depuis Rennes. Et la
nouvelle recrue pourra aller jusque dans le Finistère pour
partager l'expérience de la radio nantaise avec sa grande sœur
Radio Kerne qui ne pratique pas véritablement cet exercice
d'éducation aux médias.
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