Amoureux de la musique et de la radio,
le curriculum vitae de Nicolas Lespaule est impressionnant tant au niveau
des fonctions exercées devant ou derrière le micro qu'au niveau des radios
où il a œuvré (RTL, RFM, Nostalgie, Kiss FM, BFM, Oüi FM). Je vous emmène
à la rencontre d'un homme trop méconnu du grand public mais à qui la radio
doit beaucoup…
Un jour, j'ai reçu un message d'un certain Nicolas Lespaule qui
m'annonçait, pour alimenter la page mercato de ce site, que son
émission du samedi soir sur Oüi FM était reconduite. En faisant
des recherches sur la toile, j'ai découvert que derrière cette
barbe souriante qui balance du bon rock sur les ondes se cachait
un parcours plus qu'impressionnant dans le monde de la radio.
Dès lors, il n'était pas imaginable de ne pas rencontrer cet
homme qui a marqué la bande FM française, et même un peu plus,
pour le faire (re)découvrir au grand public dans la plénitude de
son CV. Installez-vous, nous sommes dans un petit café d'Auteuil
un samedi pluvieux. L'homme est loquasse et, s'il n'aime pas
trop se vanter, il a beaucoup de choses à raconter…
Né en 1960 à Casablanca (Maroc), Nicolas Lespaule est un
passionné de radio et de musique. Mais à l'époque, la radio
n'est pas un métier et poussé par la structure sociale qui
l'entoure, il fait des études scientifiques.
Nicolas Lespaule : Quand j'ai dit à ma mère que je voulais faire
de la radio, elle a appelé ses copines en leur disant "mon fils
veut être radiologue !". Et mon père m'a demandé si en dehors de la
radio, j'aurai un vrai métier.
Il entre en prépa mettant la musique de
côté. Mais au bout de 4 mois, on lui conseille de ne plus
venir. "J'ai arrêté là et j'ai fait de la musique".
J'ai eu la chance d'être là à la fin des années 70 quand
la radio a commencé à exploser…
L'aventure radiophonique de Nicolas débute en 1976 grâce au
judo. En effet, détecté pour une compétition de judo au Japon,
Nicolas rentre dans un dispositif permettant aux sportifs issus
de milieux modestes de trouver un job d'été afin de financer
leur part du séjour. En remplissant le questionnaire pour
orienter le choix du job, Nicolas met "musicien ou DJ dans une
boite de nuit" quand d'autres ont mis "plonge dans un
restaurant". Dans ce dispositif, il y avait le mari d'une
comptable de RTL qui lui trouve un travail dans les bureaux.
"J'avais 16 ans, je me faisais chier". Un jour, Jean-Bernard
Hebey passe dans les couloirs, lui demande ce qu'il fait puis
lui propose de venir faire des copies sur Ronéo (1) des hits
parades des années 1960 et 1970 parus dans New Musical Express
ou Rolling Stones Magazine, les Billboards. "C'est comme ça que
j'ai commencé comme assistant de production à RTL !". Ensuite,
Nicolas va chez l'animateur pour ranger sa discothèque et
classer ses biographies. "Etant passionné, j'ai très vite appris
les hit-parades par cœur, je ne pouvais pas les photocopier pour
moi, et je pense qu'il n'y a pas un disque qui m'ait échappé
entre 1961 et 1979". Par la suite, Nicolas Lespaule retournera à
RTL de manière épisodique pour travailler avec Jean-Bernard
Hebey…
RFM la radio couleur… Un
truc grandiose, énorme !
A 20 ans, comme beaucoup de jeunes, Nicolas Lespaule a le rêve
américain en tête qui le nourrit d'illusions. L'Amérique étant
financièrement inaccessible, il se fait des films à travers la
musique américaine. C'est à cette époque que RFM débute ses
programmes depuis Vélizy (Yvelines) sur un modèle totalement
U.S., une radio américaine à la française ou une radio française
à l'américaine avec des disques diffusés par des disc-jockeys.
"Tu es derrière la console avec une pile de disques, un paquet de
clopes et un micro. Et là tu envoies la musique mais pas
n'importe quelle musique, uniquement des charts américains". A
l'époque Nicolas anime "Vol de nuit" sur une petite radio de
Sacrecelles et officie comme disc-jockey au Bus Palladium. Ayant
entendu que RFM était présent sur le stand Fiat au Salon de
l'automobile Porte Dauphine, il y va "au culot" pour rencontrer
l'équipe. Il laisse alors une maquette à l'une des hôtesses qui
n'est autre que Geneviève Meyer, la femme de Patrick Meyer.
"J'avais déjà rencontré deux ou trois fois Patrick Meyer qui
avait monté Radio 7 mais je ne savais pas qu'il était à RFM".
C'est ainsi que Nicolas Lespaule débute à RFM.
En
1985, RFM qui n'est plus RFM "la radio couleur" déménage à la
Défense avec une nouvelle équipe et du nouveau matériel. Nicolas
fait alors de la production et anime "Radio Star", une émission
hebdomadaire où une star vient choisir ses disques. "Je faisais
tout sur l'émission : le montage, le mixage, le booking… Et
chaque semaine, c'est la galère pour trouver un invité ! " RFM ne
diffusant pas de chanteurs français, impossible de les inviter.
Les chanteurs américains, c'est compliqué… Nicolas accueille les
motards du Paris-Dakar, des sportifs comme Yannick Noah… Et puis
un jour, "je suis dans une merde noire car je n'ai véritablement
personne". Il lance un SOS dans la radio et Patricia Bouleau-Nardi,
l'assistante de Patrick Meyer, lui parle d'un agent qui s'occupe
d'acteurs. Trois jours après, elle lui annonce la venue de Richard
Bohringer. A l'époque, l'acteur n'est pas très connu mais c'est
le début d'une longue histoire.
Nicolas Lespaule : Richard Bohringer se pointe avec une heure de
retard alors que j'étais en production. Ce retard me casse les
couilles, je le regarde à peine, je le mets au micro et je lui
dis d'y aller. Il me fait un truc pourri. Il n'avait rien
préparé et était incapable de faire un truc censé à mon goût. Je
lui propose d'aller faire un tour et de revenir quand il veut.
Il me donne rendez-vous au Bar Romain, le bar officiel de
l'Olympia. Je le rejoins à 22h30, il était en compagnie de
Mylène Farmer et Boutonnat, tous les trois dans un état minable.
Je bois un verre avec eux puis on fait la tournée des grands
ducs.
A 13h00, les deux hommes sont
de retour en studio, "je lui demande de me faire une putain
d'émission en remerciement. Là, je cale des instrumentaux de
Miles Davis et il me balance une mini histoire avec un début, un
milieu et une fin. Un homme qui va dans une boite, qui boit des
coups, rencontre une femme qui ne sait pas qu'il sera l'homme de
sa vie… J'en parle aujourd'hui; j'en ai la chair de poule !" La
prestation dure 2 à 3 minutes "mais c'est beau". Richard
Bohringer explique qu'il s'agit d'un résumé du livre qu'il écrit
et compte publier d'ici 6 mois à 1 an. Le livre s'appellera
"C'est beau une ville la nuit". Nicolas Lespaule enregistre en
oubliant son prochain numéro de "Radio Star". Il en enregistre
25 où "Richard se barre en vrille".
Nicolas Lespaule : Je diffuse un "Radio Star" qui n'en est pas
un, j'accumule cette matière pleine de potentiels. Nous décidons
d'en faire une émission spéciale sous le nom de "Sur la route"
(du titre du livre de Jacques Kerouac) dont je donne la maquette à Patrick Meyer qui dit
banco.
Après cinq ou six numéros, l'émission sera rabaptisée "C'est
beau une ville la nuit" (du titre du livre paru entre temps) et va durer 13 ans passant de RFM à Kiss FM puis à
Europe 2. C'était en live sans filet. Nicolas programme "du
blues de chez blues et du rock dur". Richard Bohringer raconte
ses histoires de sa voix grave. La lumière est tamisée.
Gainsbourg et Dutronc viennent y assister comme simples
spectateurs.
Peuleux : Comment l'émission passe-t-elle de RFM à Kiss FM puis
à Europe 2 ?
Nicolas Lespaule : Un jour, je croise un stagiaire qui sortait
et rangeait les disques de Laurent Boyer. Moi, je sortais mes
disques tout seul ! Pour moi ce n'est pas ça la radio et je
l'invite à assister à "C'est beau une ville la nuit". Ce môme de
20 ans s'était Rémi Gouttefangeas. Après mon départ, c'est lui
qui produira l'émission et l'emmènera sur Europe 2. Il produira
aussi la matinale d'Arthur sur Europe 2 et la matinale de RTL2
avec Christophe Nicolas.
A Kiss FM, c'est énorme !
Après
RFM, Nicolas Lespaule rejoint Kiss FM "une des plus belles
expériences de la fin des années 80". Kiss FM, c'est beaucoup de
capitaux (Canal+, le groupe La Suisse), beaucoup d'argent, "je
n'ai jamais été autant payé de ma vie". C'était une
communication jamais faite pour une radio : "pour le lancement
de la radio, les Champs Elysées ont été bloqués à 16h00 pour un
défilé de chars et de jeeps avec 250 personnes jetant des
goodies". C'était aussi des appuis politiques importants.
C'était une "grille de rêve avec une liberté totale J'ai fait
des émissions et des tournées de malade".
Nicolas Lespaule : Le Virgin Mégastore cherchait une synergie
avec une radio. J'imagine "Le Star Kiss" où tu gagnes non pas un
lot mais des minutes gratuites dans le magasin : tu prends ce que
tu veux dans le magasin mais sans utiliser de sac. À la même
époque, j'écrivais un livre sur les Rolling Stones que je
n'arrivais pas à éditer, je propose à Kiss FM une émission de 7 heures
sur le groupe sauf que je n'ai pas de sons des artistes. Et Kiss
FM
m'envoie à Londres faire les interviewes.
Même si l'aventure fût de courte durée, Nicolas a eu le temps
de croiser des noms qui parleront à tous : Nagui, Laurent Boyer,
Yann Kulig, Jean-François Latour et Arthur !
J'ai 30 ans, ce que je veux c'est avoir ma radio,
l'animation n'est pas mon but
Après Kiss FM, Nicolas Lespaule revient à RFM où œuvrent Eddy
Mitchell, Groucho et Chico, Yannick Noah, Jean-Luc Reichmann,
Malher, Carine Ambrosio… "J'ai des missions d'animation mais à
chaque fois on n'arrête pas de me demander mon avis sur la
grille. A l'époque, j'ai 30 ans, ce que je veux c'est avoir
ma radio, l'animation n'est pas mon but".
Et en 1990, le hasard va bien faire les choses : Patricia
Bouleau-Nardi vient de prendre la direction de la régie de RMC
(RMC, Nostalgie et Radio Montmartre). Et à Nostalgie, où c'est
un peu dur pour les nouvelles équipes depuis le rachat, Fabrice
Larue (qui passe de directeur commerciale à directeur général)
veut un appui aux programmes. Patricia Bouleau-Nardi appelle
Nicolas.
Nicolas Lespaule : Pour moi, Nostalgie est une radio de vieux,
je ne veux pas m'y enterrer. J'y vais quand même. J'arrive dans
le bureau de Fabrice Larue, 2 ans de plus que moi, veste
croisée, cheveux gominés, cigare à la main et bureau en
acajou sur les Champs Elysées… Loin de mon idée de la radio ! Au
bout de 10 minutes, je suis séduit par le personnage. Au bout
d'une heure, je veux commencer tout de suite. Je vais y rester 9
ans. Fabrice est probablement le mec le plus génial que je n'ai
jamais rencontré en radio !
Nostalgie, de la plus
périphérique des radios à la légende…
Après
quelques temps, Fabrice Larue démissionne. Il est remplacé par
le directeur financier piloté par l'énarque qui dirige la
SOFIRAD. La
SOFIRAD veut se débarrasser de RMC qui coute
beaucoup d'argent et de Radio Montmartre qui est un fiasco.
Nostalgie valant chère, la radio doit équilibrer la vente. Or
Nostalgie est un format très spécial qui fait un peu peur aux
acheteurs. "La présidence de la radio faisant n'importe quoi,
l'audience décline. Ainsi, on me demande de faire de Nostalgie
ce que pourrait être RMC. Alors que c'est une radio musicale, on
me demande de sortir une grille des programmes pour "la plus
périphérique des radios". Je leur écris une grille avec Thierry
Roland et Jean-Michel Larqué au top entre la Coupe du Monde de
football et "les Guignols", Nathalie Simon le matin, Georges
Beller et Evelyne Leclerc pour relancer "Le Schmilblick", Sophie
Davant, Adeline Blondiau, Pierre Bellemare, Yves Lecoq, Lio ou
Dominique Besnehard…
Nicolas Lespaule : Qui aurait osé faire faire de la radio à
Besnehard ? Dominique venait enregistrer trois fois
par semaine. Il venait avec Sophie Marceau, Gérard Depardieu…
L'émission durait 2 minutes à l'antenne mais il enregistrait 30
minutes ! "Tu ne vas pas faire venir Sophie pour 2 minutes !"
Finalement, en 1999, NRJ rachète Nostalgie avec une partie des
cadres. Nicolas est donc vendu avec la radio. En arrivant, NRJ
casse le projet en place et demande à Nicolas de virer tout le
monde [NDLR : les animateurs vedette] mais de rester. "Je suis
d'accord sur l'arrêt du projet car je n'ai jamais cru au projet
Nostalgie radio périphérique et je suis d'accord pour rester à
condition de m'entendre avec la nouvelle direction". Lorsque
Christophe Sabot lui demande s'il a un projet pour Nostalgie,
Nicolas Lespaule lui propose un concept de radio musicale
thématique, projet qui peut être mis en place en 15 jours. Une
heure après leur entrevue, Christophe Sabot lui transmet
l'accord de Jean-Paul Baudecroux. La radio devient musicale avec
un format recentré sur les années 1960 et 1970. "Le projet se
nommait "Nostalgie la légende". Nous avons pris un point
d'audience par trimestre jusqu'à atteindre 9,2 %".
Je pense avoir réussi toute ma carrière sauf l'époque
Lagardère
En 1999, Nicolas Lespaule quitte Nostalgie pour Lagardère. Son
départ s'explique par deux raisons professionnelles : d'une
part, il pense être arrivé au bout de sa mission sur Nostalgie
et du concept de "La légende".
Nicolas Lespaule : "La légende" c'était la musique des années
1960-1970. Or il ne fallait pas bouger dans le concept avant 20
ans et Max Guazzini n'allait pas dans ce sens.
D'autre part, Frédéric Schlesinger voulait absolument l'avoir.
Du coup, Nicolas Lespaule part chez Lagardère pour un poste de
directeur des programmes du pôle FM (RFM et Europe 2) et même
une partie de MCM. On lui confie aussi la discothèque et la
bandothèque d'Europe 1, "un truc génial !" qui est sa cerise sur
le gâteau. Malheureusement, son passage rue François Ier s'avère
une très mauvaise expérience :
Nicolas Lespaule : Je tombe sur des gens malhonnêtes. Je pense
avoir réussi toute ma carrière sauf cette époque Lagardère.
Certes, j'avais un salaire indécent mais je n'ai pas aimé cette
ambiance où les gens sont là pour toucher leur salaire et non
pas pour faire de la radio.
Dégouté de la radio, Nicolas Lespaule part travailler chez
Endemol avec Arthur. Il travaille sur la production de "Loft
story", de "Star Academy", des "Enfants de la télé"… "Je
m'éclate mais c'est énormément de travail". Au bout d'un moment,
il décide de monter sa propre boite de
production. "C'est très dur, je suis seul et ça ne devient pas
un Endemol bis tout de suite !" Dans cette télévision, il fait
ce qu'il sait faire le mieux faire : "je filme la radio avec des
émissions sur les animateurs radios, sur comment monter sa
radio, sur les programmateurs".
Très vite, à travailler seul H24, Nicolas est fatigué. Il part
alors faire de la radio en Belgique pendant 13 mois. Il lance
une radio rock qu'Endemol rachète au bout d'un an. Il part
ensuite à Buenos Aires monter une radio tango. Au bout de 4
mois, il rejoint à Marrakech pour monter une autre radio.
BFM Business je le revendique !
En 2005, lorsqu'il revient en France après 21 mois expatrié, il
fait le tour des radios pour retrouver du travail et reprend
contact avec des vieux copains de NRJ Group. Marc Laufer lui
propose alors une mission de 4 mois sur BFM. Dans un premier
temps, Nicolas refuse avant de finalement signer faute de mieux.
Et là, Nicolas Lespaule va s'éclater en développant la grille
des programmes de BFM, en transformant la radio en
radio-télévision et même en participant au lancement de BFMTV.
Grâce à lui, la radio de l'économie passe de trois à 19 émissions
et lance les "BFM Academy", un rendez-vous évènementiel annuel.
Quant à la transformation de BFM Radio en BFM Business, ce n'est
pas son idée, c'est celle d'Alain Weil. En interne, personne ne
croyait en cette idée et ne voulait s'en occuper. Nicolas avoue
ne pas avoir été super enthousiaste au départ mais Alain Weil
lui vend le projet aux forceps. "Les mecs de BFM Radio me
tournaient le dos et me prenaient pour un fou !" Nicolas porte
le projet pendant 2,5 ans, seul contre vents et marées.
Nicolas Lespaule : Malheureusement, en juin 2010, on m'a détecté
un cancer. Le projet était très avancé puisqu'il devait être
lancé en septembre 2010 [NDLR : il le sera finalement le 22
novembre 2010]. J'ai quitté BFM Radio le 10 juillet et j'ai dû signer
les derniers bons de commande avant de partir. Il y a eu une
inertie incroyable en interne. Alors qu'Alain Weil me poussait à
avancer, personne ne voulait rien signer derrière. Je n'ai pas
l'habitude de revendiquer les choses mais BFM Business, je le
revendique !
Et d'ajouter : "Moi ce qui m'intéresse dans cette carrière ce
n'est pas de parler dans un micro mais de créer des choses,
d'avoir des idées, de les mettre en œuvre et qu'elles soient
pérennes. Je ne revendique rien mais je reconnais ma griffe dans
beaucoup de choses (clin d'œil)".
Sur Oüi FM, je fais ce que je veux, personne ne me dit
rien !
Quelques
mois avant son départ de BFM Radio, Nicolas Lespaule va débuter
une nouvelle aventure avec son ami Arthur :
Nicolas Lespaule : En octobre 2009, Arthur m'appelle alors que
j'étais tranquillement chez moi. Arthur, je le connais depuis RFM
où Patrick Meyer lui avait conseillé de suivre mes conseils pour
réussir, il ne les a jamais suivis d'ailleurs. Nous sommes nés
au Maroc tous les deux, nous nous sommes toujours bien amusés
ensemble et nous rêvions d'avoir notre propre radio
pour tenir le coup face à la montagne de travail que nous avions
pour un salaire de misère. Arthur m'annonce qu'il a acheté une
radio, "notre radio". Il m'invite à y venir quand je veux pour faire
ce que je veux. Je refuse, en tant que directeur délégué de BFM
Radio je ne pouvais pas et puis avec le projet BFM Business, je
n'avais pas le temps.
Finalement, Nicolas accorde
une émission à Arthur. Ils se
mettent d'accord sur le concept de l'émission et la baptise de
"Oüi love le Bus" en souvenir du Bus Palladium. Mais Nicolas
pose ses conditions : "je fais une seule émission, je
l'enregistre quand je veux, elle ne sera pas diffuser si je ne
la trouve pas bien". Lorsqu'il arrive à Oüi FM, Arthur l'attend
et le présente à tout le monde : "Lui c'est le boss, il va tous
vous niquer car il connaît toute la musique". L'enregistrement
commence, Nicolas a un réalisateur pour la première fois de sa
vie.
Nicolas Lespaule : Je fais 3 heures d'émission live alors que je
n'avais pas parlé dans un micro depuis presque 20 ans. J'ai fait
une seule prise. J'écoute l'émission, ce n'est pas l'émission du
siècle mais je la trouve propre. Non seulement Oüi FM décide de
la diffuser mais j'en ai fait 66 !
Après ces 66 émissions, très malade, Nicolas Lespaule n'en peut
plus. Il arrête la radio pour se soigner pendant que la radio
rock rediffuse les émissions. "Ce qui m'a maintenu en vie,
c'était de prévoir de retourner faire l'émission, de réfléchir à
la programmation !" Au bout de trois saisons, "Oüi love le Bus"
tournant en rond, il enchaine avec "Saturday night by Lespaule".
Nicolas Lespaule : La condition sine qua non de ma présence sur
Oüi FM est que je fais ce que je veux, personne ne me dit rien.
D'ailleurs, je remets à Oüi FM une émission prête à diffuser
produite par ma boite.
Peuleux : Le concept de "Saturday night by Lespaule", à part
faire ce que tu veux, c'est quoi ?
Nicolas Lespaule : C'est une véritable émission de radio
musicale. La radio musicale pour moi ce n'est pas une radio qui
parle. Donc dans mon émission, on ne parle pas si ce n'est pour
dire bonjour, relancer avant ou après la pub et dire au revoir.
Je programme la musique que je diffuse, de la musique qui me
touche. L'émission est teintée de ma personnalité. J'annexe les
disques les uns derrière les autres en m'arrangeant pour qu'ils
s'enchainent proprement.
Peuleux : Tu commences toujours l'émission par cette phrase "Il
est temps de platiner de la musique, alors fais péter la gratte
!", elle vient d'où cette phrase ?
Nicolas Lespaule : Pour moi, la radio c'est de la musique et des
gimics. De même, je conclus l'émission en disant "A la semaine
prochaine, en attendant couvrez-vous bien, n'ouvrez à personne
et prenez bien soin du rock" !
Peuleux : Je connais cette phrase mais dans la bouche d'Arthur !
Nicolas Lespaule : Je concluais toutes mes émissions ainsi et
Arthur me l'a piqué. D'ailleurs, le jour où Arthur m'accueilli à
Oüi FM, je lui ai dit que je récupérais le droit sur ma phrase.
(1) Ronéo : procédé de duplication de
document par transfert d'encre vie une solution à base d'alcool.
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