Grandes voix de la bande FM, Albert Spano a distillé sa bonne
humeur sur différentes antennes nationales avant de poser ses
valises à RFM. Depuis la rentrée 2016, il présente "le Meilleur
des réveils" en duo avec Elodie Gossuin. Rencontre avec un
animateur qui a fait le pari du naturel au micro…
Lundi 10 avril, je me
glisse dans les studios de RFM. Après avoir assisté aux deux
dernières heures de l'émission, je m'installe dans le studio
Patrick Bruel pour interviewer Albert Spano, l'un des
animateurs mythiques (mais néanmoins modestes) de la bande FM.
Comme beaucoup d'animateurs de sa génération, Albert Spano a
fait ses débuts à la radio sur des stations associatives ou des
petites locales peu avant la libération de la FM. Albert débute
en 1986 en bénévole sur Radio Baie du Soleil à Menton.
Albert Spano : C'était encore une époque presque facile pour
débuter. A l'époque, les responsables ne regardaient pas si tu
avais déjà fait de la radio ou non. C'était beaucoup de
bénévoles. Et j'ai eu de
la chance.
Après 6 mois à sur les ondes mentonasques, il part en Corse pour
son premier poste d'animateur rémunéré sur Studio 20. Par la
suite, il travaille à Kiss FM (Cannes) et pour une radio
autoroutière. Cette dernière expérience, à la limite du
journalisme, lui apprend à être concis et clair au micro.
Cauet
a été ma bonne étoile
Il
arrive finalement à Paris où Cauet l'engage sur Rire & Chansons.
Cette première expérience nationale lui apprend à gérer un
nouveau paramètre : la pression. Cauet devient alors un peu sa
"bonne étoile". Si l'animateur n'arrive pas à l'embarquer avec
lui sur NRJ, il le fait venir à Europe 2.
Albert Spano : Sur
Europe 2, j'ai vécu des années fantastiques durant huit saisons.
J'ai vécu la transition entre les années Arthur et les années
Nagui-Manu Lévy ainsi que la transformation en Virgin Radio.
J'ai traversé deux époques de l'histoire de cette radio et j'en
garde un souvenir fabuleux. J'en garde des amis merveilleux, des
souvenirs forts, c'est une période qui m'a véritablement
marquée.
Peuleux : Tu ressens
cet amour persistant du public pour Europe 2 ?
Albert Spano : Ah oui
! C'est une radio qui a eu un impact et où des gens formidables
ont travaillé. J'ai parlé d'Arthur et de Cauet mais il y
aussi eu Jean-Yves Lafesse, Gad Elmaleh ou Tex… Il y a eu des
formats musicaux intéressants. La nostalgie pour cette radio
vient aussi probablement du nom : Europe 2 qui est très joli à
dire, qui est limite poétique. Europe 2 correspond aussi
certainement à une époque. C'est pour cela que c'est resté
quelque chose de fort dans la mémoire des gens !
NRJ ne se refuse pas
Après Europe 2,
Albert Spano rejoint NRJ pour trois saisons. Aller sur la
première radio musicale de France est "une opportunité qui ne se
refuse pas".
Albert Spano : C'est
puéril ce que je vais dire mais j'ai la satisfaction de l'avoir
fait et de l'avoir fait tard. C'est une fierté d'avoir fait
trois saisons sur une radio jeune alors que j'avais déjà l'âge
que j'avais. J'ai gardé ma tête jusqu'au bout et c'est moi qui
ai décidé de partir. J'en garde un bon souvenir.
Peuleux : Lorsque tu
pars de NRJ, tu annonces que tu te mets en retrait de la radio
pour te consacrer à d'autres projets. Or quelques mois plus
tard, tu animes les soirées de Kiss FM (Cannes).
Albert Spano :
Patrice Sidrac, le directeur de Kiss FM, est un ami. Il m'a
proposé de venir si je n'avais rien. J'ai accepté, ça m'a ramené
un peu à la source.
Peuleux : Mais tu
n'as pas déménagé à Nice pourtant !?
Albert Spano : Non
pas du tout ! Aujourd'hui, la technologie permet de faire des
choses extraordinaires. Kiss FM m'a permis de souffler parce que
j'étais à la fin d'un cycle. Et le fait d'être le soir, sans
pression, m'a permis de faire beaucoup de voix off qui est mon
autre activité professtionnelle. Pendant un an et demi, ça m'a permis de me
régénérer, ça m'a fait du bien.
De Virgin Radio à RFM, un cheminement naturel
Et
puis c'est le retour rue François Ier sur Virgin Radio qui a
pris la succession d'Europe 2. Frédéric Pau, directeur des
programmes - qu'Albert connaît depuis NRJ -
l'appelle en lui expliquant que Virgin Radio cherche à mettre à
l'antenne
en matinée
un mec comme lui, avec de la bouteille.
Cette proposition le remotive "d'une manière incroyable". Qui
plus est, revenir sur une radio où il avait travaillé 8 ans -
même si elle a un nouveau nom – lui donne une motivation
supplémentaire.
Après une saison et
demi de matinées sur Virgin Radio, Albert Spano sent qu'il a
fait le tour de la boucle et même si tout allait bien, il ne
veut pas "s'accrocher à Virgin Radio".
Albert Spano : J'en
ai parlé avec ma direction et, au même moment, il y a eu cette
opportunité à RFM avec Jean-Philippe Denac [NDLR : directeur de
RFM à l'époque]. Et venir à RFM était pour moi naturel et
logique. J'étais hyper flatté que Jean-Philippe Denac pense à
moi pour muscler son après-matinale avec quelqu'un qui parle !
Peuleux : Tu changes
de radio mais tu fais la même chose en fait !
Albert Spano :
C'était un autre format musical, l'exercice était peut-être un
peu plus souple pour moi, c'était très agréable pendant deux
saisons.
Peuleux : Lorsque tu
es arrivé sur RFM, nous avons eu l'impression que la station
cherchait à muscler sa matinée et n'attendait pas de toi que tu
envoies seulement les disques.
Albert Spano : Je ne
me suis jamais contenté d'envoyer les disques ! Mais on oublie
une chose, c'est qu'en radio la matinale dure jusqu'à midi !
Donc, une fois la matinale terminée, il faut continuer de parler
aux gens. Même sur une tranche de flux musical. Ecoutez-moi bien
les plus jeunes qui lisent cet article : même après 9h00 avec
une tranche de flux, il faut apporter du contenu aux auditeurs,
il faut leur parler. Ce que je vais dire est malheureux mais
annoncer-désannoncer des disques est à la portée de n'importe
qui. Ce qui est important, c'est ce que l'on met entre les deux :
vas-tu réussir à accrocher l'attention de quelqu'un en 20
secondes avec des choses du quotidien, des choses de la vraie
vie ? Si c'est pour dire "c'était U2, voici Christophe Maé",
tout le monde sait le faire !
Peuleux : A l'époque,
j'avais le sentiment que tu ne t'auto-réalisais pas et que tu
avais un réalisateur avec toi ? Tout comme sur Virgin Radio…
Albert Spano : Non,
j'ai toujours eu cette chance et cette bienveillance de mes
directions d'avoir un réalisateur. Pour moi, la technique est
compliquée. Il ne faut pas croire que la technique c'est
simplement appuyer sur des boutons. Il y a aussi une démarche
artistique et des horloges à calculer.
Une matinale, prime-time de la radio, ne se refuse pas !
Peuleux
: Depuis la rentrée 2016, tu es redevenu matinalier. Qu'est ce
qui t'a décidé à accepter l'offre de la direction de RFM ?
Travailler avec Elodie Gossuin, travailler avec Pascal Atenza, te lever à
l'aube ou bien le salaire ?
Albert Spano :
L'argent est une mauvaise raison. J'ai accepté parce que c'est
le prime-time de la radio. Comme je n'avais pas refusé d'aller
sur NRJ, première radio de France à l'époque, lorsque Thomas
Pawlowski m'a dit qu'il pensait à moi pour la matinale, j'ai accepté.
Peuleux : En
acceptant la matinale, tu savais que tu allais travailler en duo
avec Elodie Gossuin ?
Albert Spano : On m'a
quand même demandé mon avis, ce que j'ai apprécié. J'ai tout de
suite dit oui. Pour tout te dire, avant qu'on ne me propose la
matinale, j'avais en tête une liste de propositions pour la
matinale si jamais on venait me la proposer. Et dans cette
liste, il y avait travailler avec Elodie. Pour moi, la question
était plus de me glisser dans les pantoufles de Bruno Roblès mais avec
les pieds d'Albert Spano. Il fallait donc faire bouger des choses mais
la question de la coanimatrice n'était pas en jeu pour moi. Et
puis, je savais que ça matcherait avec Elodie que je croisais aux
passages d'antenne entre la matinale et ma tranche la saison
dernière. Donc j'ai accepté parce que c'est le prime, parce que
c'est avec Elodie, parce que c'est RFM et parce que c'est
aussi une certaine forme de reconnaissance pour moi. J'ai
travaillé sur plusieurs formats sur des radios nationales mais
c'est la première fois que je porte une matinale en duo avec
quelqu'un.
Désormais Albert
Spano se lève à 4h00 pour être à la radio vers 5h30. Si Pascal
Atenza - sollicité par Albert pour produire la matinale - travaille
beaucoup sur le côté éditorial, notre animateur a
tout de même sa part à faire : "Je prépare beaucoup l'émission
la veille mais je déteste arriver en dernière minute, j'aime
bien arriver un peu avant pour relire mes interventions. Je ne
laisse pas trop la place au hasard même s'il y a une part
d'improvisation pendant les jeux par exemple. Je veux que les
choses soient verrouillées et que nous ayons un conducteur
précis".
Avec Elodie, nous sommes une machine de guerre.
La
répartition des rôles entre Albert Spano et Elodie Gossuin dans
la présentation s'est faite naturellement. Même s'ils en ont
parlé ensemble au début de leur collaboration.
Albert : J'ai fait le
pari du naturel. Je pense que le secret est d'être à l'antenne
comme nous sommes chez nous ou dans les couloirs de la radio. Il
n'y a pas de rôles à jouer. Pour moi, Elodie Gossuin est superbe
physiquement mais elle est mieux en maman. A l'antenne, c'est
mieux d'écouter la maman que la Miss France. Je ne travaille pas
avec Miss France mais avec une animatrice.
A l'antenne, Albert
assure les annonces et désannonces des disques, les relances et
gère plus l'aspect technique de l'animation d'une matinale. Tout
le côté animation naturelle et le sourire est pour Elodie. Le
duo et leur producteur trouvent la répartition des rôles
équilibrée et naturelle. Et cela se ressent bien à l'antenne. Ce
qui ressort aussi, c'est qu'ils animent bien l'émission à deux : ce
n'est pas Albert Spano avec Elodie Gossuin (ou le contraire)
mais bien Albert & Elodie.
Albert Spano est
hyper fier du duo parce qu'avec Elodie, ils se sont trouvés dès
la première émission. D'ailleurs, leur première matinale, ils ne
l'ont pas faite le jour de la rentrée de RFM mais le vendredi
précédent, sans trop de tambours et avec très peu de trompette
afin de se décharger de la pression inhérente à une première.
"Et nous avons été carrés" lance Albert.
Il faut savoir que
les deux complices ne se sont pas trop entraînés avec des émissions
tests avant la rentrée. Ils ont surtout fait des essais avec
Marc-Antoine Le Bret afin de caler leur duo par rapport à
l'imitateur de la matinale.
Albert Spano ne tarit
pas d'éloge sur son binôme : "Elodie est jolie à regarder mais
c'est avant tout une animatrice qui avant RFM a eu de très
bonnes expériences en radio et évolue aussi très bien à la
télévision. Si elle n'était pas animatrice, ça ne marcherait pas
! Elle a un naturel à l'antenne incroyable, il n'y a pas de
triches".
En quelques mois, le
duo a su développer en son sein une compréhension intuitive qui
renforce leur naturel et assure un équilibre dans l'animation
lorsque l'un des deux est un peu fatigué. Albert croit en leur
duo, il est persuadé qu'ils sont "une machine de guerre" et
qu'ils peuvent aller très loin et durer s'ils gardent leur
complicité et leur naturel. Et pour avoir passé près d'une heure
avec eux à les interviewer, je vous certifie qu'ils sont aussi naturels et
complices hors antenne qu'à l'antenne !