Journaliste sur RTL depuis 5 ans, Amandine Bégot partage la présentation de "RTL Matin" avec Yves Calvi depuis août 2022 et a repris l'interview matinale. Rencontre avec une journaliste arrivée tardivement en radio…

Contrairement à la majorité des journalistes que j'ai pu rencontrer ces dernières années, Amandine Bégot n'est pas tombée dans la marmite de la radio étant petite. En effet, elle n'a fait son apparition sur les ondes qu'à l'âge de 37 ans.

Ses débuts tardifs en radio, Amandine Bégot les explique en une expression : "c'est la vie !". Lorsqu'elle sort de l'école de journalisme, elle rejoint TV Breizh qui recrute des journalistes afin de lancer un journal quotidien. Amandine Bégot déménage alors à Rennes pour travailler dans le bureau local de la chaine généraliste bretonnisante. La journaliste y apprend beaucoup de choses notamment du point de vue technique.

Le Groupe TF1 étant actionnaire de TV Breizh, Amandine Bégot ne tarde pas à travailler pour LCI et TF1 en régions. Puis elle rejoint la rédaction à Paris. Elle fait ensuite un passage par la chaine d'information continue iTélé avant de revenir vers LCI.

Si j'avais su, je serais venu plus tôt à la Radio !

Au moment de son retour à LCI, Jacques Esnous, directeur de l'information de RTL, et Jean-Philippe Baille, directeur de la rédaction, la contactent pour rejoindre la station.

Amandine Bégot : Je me suis dit qu'à 37 ans il était peut-être un peu tard pour faire de la radio mais non, quel bonheur ! Si j'avais su, je serais venu plus tôt ! En plus, RTL est une radio que j'ai beaucoup écoutée et ses trompettes sont mythiques !

La journaliste débute sa carrière radiophonique par la présentation du journal de 7h30 mais aussi de la revue de presse, "un exercice particulier et magique". Amandine Bégot apprécie particulièrement le fait que la direction lui ait demandée d'y mettre sa patte et qu'elle dispose d'une grande liberté dans cet exercice quotidien.

Amandine Bégot : L'exercice de la revue de presse a évolué car aujourd'hui beaucoup de gens ont accès à de l'information dès leur réveil sur leur smartphone ou leur tablette. Il me fallait donc trouver une approche différente avec l'article à lire à tout prix ou la petite histoire pas vue ailleurs afin de capter leur attention. J'ai aimé cet exercice car j'ai toujours aimé les journaux, il y avait plein de magazines chez moi petite. Je ne sais pas expliquer cette attirance…

Après 3 saisons, Amandine Bégot quitte la matinale pour présenter le journal de 18 heures. La journaliste est alors à un moment de sa vie où elle déclare ne plus arriver à se lever le matin. Il faut dire qu'elle se reveille à 1h30 pour préparer son journal et sa revue de presse. De plus, elle a beaucoup de mal à se remettre de son Covid-19 et tout cela alors que la place à la présentation du journal de 18 heures se libère. Mais après seulement une saison en fin d'après-midi, elle bascule à la mi-journée.

Amandine Bégot : Mon arrivée sur "RTL Midi" est le fruit du jeu de la grille des programmes. Mais J'aimais bien cet horaire car il était pour moi confortable en termes d'horaires.

Peuleux : Quelle est la différence entre le journal de 18 heures et celui de la mi-journée ?

Amandine Bégot : A midi, les auditeurs qui nous écoutent ont peut-être plus envie d'entendre parler de leur quotidien. Et sur cette tranche, nous lançons aussi des sujets pour "les Auditeurs ont la parole". A 18h00, nous sommes plus dans un résumé de la journée. Tandis que le matin, nous donnons le ton de la journée. Par ailleurs, d'expérience, les actualités de dernière minute qui bouleverse tout ce que vous avez préparé tombent plus dans l'après-midi qu'au cours de la nuit…

Un duo "hyper naturel" avec Yves Calvi…

En 2022, RTL annonce l'arrivée de la journaliste en duo avec Yves Calvi à la présentation de "RTL Matin".

Peuleux : Une question en trois "pourquoi ?" avec tout d'abord pourquoi un duo sur la matinale ?

Amandine Bégot : Pour le duo, il faudrait demander à ma direction mais je pense qu'il y avait une envie de féminiser l'antenne. Après tout, le slogan de RTL est "Vivre ensemble" alors autant le mettre en pratique à l'antenne.

Peuleux : Ensuite, pourquoi vous ?

Amandine Bégot : Pour plein de bonnes raisons ! (Sourire) Je pense que nous avons une bonne complémentarité avec Yves Calvi. Il y a probablement aussi ce que je pouvais apporter à ses côtés, ma spontanéité et mon sourire qui – je pense - s'entend à l'antenne. Et peut-être mon profil de journaliste non politique pour mener l'interview du matin.

Peuleux : Enfin, pourquoi avoir dit oui ?

Amandine Bégot : J'ai commencé par me dire que ce n'était pas sympa comme offre car j'étais à un moment de coolitude dans ma vie où je ne me levais pas trop tôt et où j'avais trouvé mon rythme à midi après avoir construit une formule sympa. J'ai beau m'ennuyer très vite, je ne pensais pas avoir fait le tour de la question sur "RTL Midi". Après, la matinale en radio, ça ne se refuse pas. Toutefois, j'ai mis deux conditions : d'une part, que tout le monde soit d'accord à la maison car cela a un impact sur la vie de famille et, d'autre part, qu'il n'y ait aucun soucis avec Yves. On se connait, on a déjà travaillé ensemble alors je lui ai posé la question franchement pour être sûr que notre duo se passerait bien. Je ne voulais pas revivre des expériences passées avec une duo compliqué.

Peuleux : Ce n'est pas dur d'arriver dans une matinale tenue par Yves Calvi en solo depuis 2014 ?

Amandine Bégot : Non, cela s'est fait hyper naturellement. Nous avons pris le conducteur de la matinale avec Yves et Frank Moulin, directeur de la rédaction, pour voir qui aller faire quoi. Et cela s'est fait simplement. Notre duo a été d'emblée sympa et chaleureux, sans même faire de répétitions. Je pense que cela se ressent à l'antenne.

Depuis fin août 2022, Amandine Bégot se lève à 4h20. Elle avoue avoir besoin d'un "long moment avant de démarrer". Elle prend son petit déjeuner avec la presse écrite ce qui lui permet d'ajuster son interview préparée la veille si besoin. Elle arrive à RTL vers 5h45 pour une prise d'antenne juste avant le journal de 7h00.

Amandine Bégot : Mon plus gros travail est l'interview. Pour le reste de l'émission, nous sommes un peu des passe-plats, nous mettons en valeur le travail de la rédaction en donnant du liant et notre patte. Et cela se fait au fur et à mesure de la journée selon les choix rédactionnels.

Une fois l'antenne passée à Julien Courbet, Amandine Bégot assiste au débriefing de la matinale pour quitter la radio vers 9h30-10h00. Le jeudi, elle part un peu plus tard car l'équipe se réunit un plus longtemps pour un bilan hebdomadaire. Le reste de la journée, elle travaille pour trouver de futurs invités pour son interview car elle souhaite ne pas recevoir que des politiques (sauf si l'actualité l'exige). Et cela prend du temps ces prises de contact et ces rendez-vous.

Amandine Bégot : Nous avons décidé de ne plus inviter de ministres s'ils n'ont pas d'annonces à faire. Nous voulons éviter de faire dans les commentaires sur la dernière petite phrase qui buzze parce que nos auditeurs n'ont plus envie de cela.

Un vrai travail collectif avec Philippe Caverivière que les auditeurs n'imaginent pas…

Peuleux : La matinale compte quatre rendez-vous humour dont celui de Philippe Caverivière qui officie devant l'invité de votre interview…

Amandine Bégot : Oui, je ris beaucoup ! Au début, j'étais gênée pendant la chronique de Philippe. Je me disais "non il ne peut pas faire ça avec l'invité !" Mais en fait, ça me fait rire et l'invité rit aussi. Lorsque vous ne les voyez pas rire sur la captation vidéo, c'est que leurs fonctions les en empêchent. Il faut savoir qu'il y a des invités qui vienne pour Philippe !

La journaliste raconte qu'e Philippe Caverivière arrive parfois à poser des questions qu'elle n'aurait jamais posées. C'est ce qui s'est passé avec Olivier Dussopt : lorsque Philippe Caverivière évoque Elisabeth Born qui aurait dit qu'elle était à la tête d'un "gouvernement à moitié composé de débiles", le Ministre du Travail éclate de rire ce qui permet à la journaliste de lui demander dans quelle moitié il se situe. Elle avoue qu'elle n'aurait jamais fait ça pendant son interview !"

Amandine Bégot : On a réussi à créer un vrai truc sur ce quart d'heure d'antenne et c'est un travail collectif que les auditeurs n'imaginent pas. Désormais, je lui envoie le texte de mes interviewes et hier soir où j'avais oublié, il me l'a réclamé par message à 21h00 ! Philippe arrive à nous faire rire de tout, il arrive même à rebondir après un invité qui a vécu des choses difficiles.

Selon les informations en vigueur le jour de notre rencontre, tous les feux étaient verts pour qu'Amandine Bégot et Yves Calvi poursuivent leur aventure en duo aux commandes de "RTL Matin". Le binôme et les équipes réfléchissent déjà à des évolutions pour la rentrée même s'il y a des ajustements tout au long de la saison.

Amandine Bégot : Pour ma part, je me suis mise une grosse pression sur l'interview, non par manque de légitimité en tant qu'intervieweuse, mais par rapport aux invités eux-mêmes. Qu'ils ne soient pas déçus de leur venue. Je souhaite trouver plus d'anonymes à qui donner la parole. Mais pour ces personnes c'est un exercice particulier. Si tout le monde à des choses à dire, savoir le faire en 8 minutes sur une grande radio n'est pas forcément facile.

Retrouvez Amandine Bégot dans "RTL Matin" du lundi au vendredi de 7h00 à 9h00 sur RTL avec Yves Calvi et avec son invité à 7h43... 

LE 9 A LA SUITE D'HISTOIRE(S) RADIOPHONIQUE(S)

Si je devais interviewer une autre personnalité radiophonique, vers qui m'orienteriez-vous ?

Yves Calvi.

Les voix ou les émissions de radio qui ont marqué votre enfance ?

"Les auditeurs ont la parole" avec Jean-Jacques Bourdin avec qui j'ai fait mon premier stage.

Et puis j'ai reçu la petite fille de Menie Grégoire il y a peu. Je me suis plongée dans les archives, une émission incroyable. J'ai même dit à Régis Ravanas [NDLR : directeur général des activités audio du Groupe M6] qu'il fallait refaire cette émission !

La plus belle rencontre radiophonique ?

Mon mari grâce au journalisme mais grâce à la radio, il y en a eu plein… Ginette Kolinka qui a été déportée au Auschwitz avec Simone Veil. 98 ans aujourd'hui. Une femme incroyable qui rit tout le temps malgré ce qu'elle a vu. Une leçon de vie…

La pire rencontre radiophonique ?

A la rigueur, il y l'invité qui ne vient pas… Comme Mathilde Pano [NDLR : présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale] à deux reprises ces dernières semaines…

Nous pouvons recevoir des politiques avec qui nous ne sommes pas d'accord personnellement mais qui sont très sympas… Et inversement… Mais rien au point de dire "pire rencontre"….

Le plus beau souvenir en radio ?

L'histoire du petit Maël qui a été harcelé à l'école. Je ne sais pas pourquoi cette histoire m'a bouleversée et je me suis dit qu'il était impossible que nous ne puissions rien faire à RTL. J'ai un peu remué ciel et terre pour que l'histoire s'arrange. Après, je me suis dit que j'avais servi à quelques chose…

Quand vous n'êtes pas à la radio, écoutez-vous la radio ?

Et dans 5 ans ?

Il y a 5 ans, je ne me serais jamais imaginée ici. Alors dans 5 ans…. Oui, envie de continuer la radio. Actuellement, je coche plein de cases : je m'éclate dans ce que je fais, je travaille avec des gens avec qui je m'entends super bien, sur le fond c'est passionnant…