Samedi 10h15, Bernard Poirette m'accueille en haut de l'escalier
de RTL. Après un détour par le studio
par le studio Jean Farran pour enregistrer deux chroniques avec
Peggy Broche, nous grimpons sur le toit de immeuble.
Installez-vous dans l'un des sièges en bois de cette terrasse
aménagée, le Soleil parisien est radieux et le fond de l'air
printanier...
L'actualité a toujours intéressé Bernard Poirette. Après une
licence de sciences éco et une année de médecine, il s'oriente
finalement vers le journalisme. Il rentre alors à l'Ecole de
journalisme de Lille : "En 1979, il était plus facile de rentrer
à l'Ecole de journalisme de Lille : 100 candidats pour 35 places
alors que maintenant c'est 1 000 pour 35". A l'époque, Bernard
Poirette est plus intéressé par la presse écrite jusqu'au jour
où il visite RTL dans le cadre du cours de radio. C'est le
déclic, il veut faire de la radio.
Il débute sa carrière journalistique comme pigiste dans le Nord
pour plusieurs titres de la presse écrite et des radios
(Libération, Le Figaro, France Musique, France Culture…) et
travaille pour Fréquence Nord, une locale de Radio France. Puis,
il devient pigiste à Bordeaux pour RTL et Sud Radio.
De
Bordeaux à Paris en passant par Moscou et Washington…
En
1988, l'AFP propose à son épouse, journaliste russophone, de
partir à Moscou où l'histoire s'écrit entre perestroïka et
glasnost. Bernard Poirette demande à RTL de pouvoir la suivre et
part comme pigiste pour la station mais aussi pour d'autres
médias (RFI, Le Parisien).
En 1991, son épouse étant mutée à Washington, Bernard Poirette
la suit. Il devient la doublure de Jérôme Godefroy, le
correspondant de RTL dans la capitale américaine, poursuit ses
piges (pour RFI ou Le Parisien) et travaille à Voice of America,
l'équivalente américaine de RFI.
Bernard Poirette : Après tout ce que j'avais vécu en URSS au
point de vue actualité, une période riche historiquement, je
m'ennuyais aux USA. Au bout d'un an, j'ai dit à RTL que je
voulais rentrer et si possible à Toulouse. Toulouse n'étant pas
disponible, ils m'ont proposé Paris. Je suis donc rentré à ma
demande ne laissant Madame à Washington pour encore quelques
mois.
De retour à Paris, Bernard Poirette prend rapidement la
présentation du journal de 8h00. A la rentrée 1997, RTL lui
confie une nouvelle émission baptisée "J'ai mon mot à dire" qui
doit concurrencer "Le Téléphone sonne" de France Inter, à
l'époque dominante dans les sondages. Avant cette émission, RTL
ne proposait que de la musique. "J'ai mon mot à dire" est en
quelque sorte l'ancêtre de "On refait le Monde" qui sera lancé
en 2003.
En fin
de semaine, nous sommes un peu décalés par rapport à la vie
trépidante de la rédaction…
Après près de 15 saisons à ce rythme, Bernard Poirette n'est pas
lassé : "Ce sont des tranches d'information longues dont nous
maitrisons bien le fonctionnement. Nous sommes un peu décalés
par rapport à la vie trépidante de la rédaction en semaine : à
partir du vendredi, c'est plus calme, plus cool. Je trouve cela
plus agréable. Je travaille avec une équipe assez jeune, des
jeunes enthousiastes, performants et compétents. Certes ils
débutent mais ils sont déjà plein de qualité. Je fonctionne
ainsi depuis 15 ans et cela me va".
Peuleux
: Comment s'organise votre semaine de travail ?
Bernard Poirette : Je travaille 4 jours par semaine. Le jeudi,
je prépare les matinales du week-end. Le vendredi, je prépare la
tranche d'information du soir. Et le week-end, c'est la matinale
avec couché à 21h00 la veille et réveil à 3h00 du matin. En
contrepartie, j'ai un repos de 3 jours qui me permet d'avoir une
vie sociale.
Peuleux : Depuis 2006, vous présentez la matinale du week-end
sur RTL. Depuis 2009, vous présentez les éditions du vendredi de
"RTL Soir" et "On refait le monde". L'information le soir et
l'information du matin ont-elles le même rythme ?
Bernard Poirette : Effectivement, ce n'est pas le même exercice.
Le 18-20 se prépare dès 8h00 du matin. 10 heures de travail pour
2 heures d'antenne. L'émission est en gestation toute la journée
et peut évoluer 3 ou 4 fois. Pour les matinales, la conférence
de rédaction est à 4h00 du matin pour une prise d'antenne à 7h00
et un peu plus de 3 heures d'émission. Le week-end, sauf
actualité chaude comme lors de l'affaire DSK à New-York ou les
attentats, il est rare que les matinales bougent beaucoup entre
la dernière réunion à 18h00 la veille. La matinale du week-end
est très prédéterminée, très mise en forme les jours précédents.
En plus, la matinale est plus tournée vers les loisirs et la
culture tout en ne loupant rien de l'actualité.
Peuleux : Vous évoquiez les attentats parisiens du 13 novembre
dernier, comment les avez-vous vécus ?
Bernard Poirette : J'habite dans le 9ème
arrondissement, les évènements se sont passés dans le 11ème,
je n'ai rien entendu. Je m'étais couché à 21h00 et j'ai été
réveillé à 1h du matin par le téléphone. Là, on me dit de venir
à la rédaction avant que tous les accès soient bouclés par la
Police. Face à mon étonnement, mon correspondant m'annonce qu'il
y a 100 morts dans des attentats sur Paris. Je suis arrivé à RTL
où Marc-Olivier Fogiel avait été rappelé dès 22h00 pour prendre
l'antenne. J'ai pris le relais de 6h00 à midi.
Entre
sérieux, jovialité et bonhomie…
Peuleux : Lorsque l'on demande aux gens de vous décrire, les
mots sérieux, jovialité et bonhomie reviennent souvent. Est-ce
comme cela que nous pouvons définir votre style ?
Bernard Poirette : Ca me convient. C'est comme cela que l'on me
demande d'être à l'antenne et c'est probablement comme cela que
je suis naturellement. Après le journal de 8h00 qui dure 15
minutes, nous passons à autre chose et j'aime bien manier cette
partie avec convivialité. J'aime les gens avec qui je travaille,
nous nous amusons ensemble.
Peuleux
: Entre les trois rendez-vous que vous présentez, où va votre
préférence ?
Bernard Poirette : J'aime beaucoup faire la matinale mais c'est
le matin (sourire) ! Pour moi, la radio c'est le matin. Les
français ont encore le reflexe radio le matin. Donc plutôt la
matinale. En deuxième, "On refait le monde". Cela dépend aussi
des polémistes et des sujets... En troisième lieu, "RTL Soir"
avec notamment l'invité culturel de 18h30 sur un format long de
7 à 8 minutes. J'aime rencontrer des artistes après avoir vu
leur pièce, leur livre… C'est un exercice qui me plait beaucoup
!
Peuleux : Vers la fin de la matinale, au moment du passage à la
partie maison-jardin-cuisine-détente", j'ai l'impression que
vous vous détendez...
Bernard Poirette : Oui, sur les quatre chroniqueurs, il y en a
trois que je pratique depuis longtemps. Du coup j'ai
l'impression de retrouver des copains. C'est très détendu,
complice et il y a un côté bande.
Peuleux : Parlez-moi de Tanguy Pastureau…
Bernard Poirette : Tanguy est parfaitement structuré, très
maitrisé. Il a un grain de folie qui n'est pas sans me déplaire,
un immense talent, une culture considérable. Il écrit
remarquablement bien avec une maitrise de la langue française
admirable. Je suis très admiratif de son travail. Nous sommes à
l'antenne ensemble depuis plusieurs années sous des formes
différentes mais avec toujours le même esprit, il a une capacité
de renouvellement extraordinaire. Il me fait beaucoup rire. Les
auditeurs ont eu parfois un peu de mal à s'y faire. Il y a 3-4
ans, je recevais beaucoup de messages d'auditeurs n'aimant pas
sa chronique. Aujourd'hui, je n'en reçois presque plus, je
reçois surtout des messages de félicitations.