Beaucoup le connaissent comme animateur TV ("Danse avec les
stars", le tirage du Loto…) mais Vincent Cerutti a d'abord était
un homme de radio. Aux commandes du 16-20 de M Radio depuis la
rentrée 2018, il jongle entre musique, auditeurs et soft news
(*). Rencontre avec un animateur sympathiquement normal…
Jeudi 11
avril, j'ai rendez-vous avec Vincent Cerutti à M Radio. J'étais
intrigué par la présence de l'un des animateurs phares de TF1
sur cette radio qui flirte avec le point audience nationale. En
échangeant avec lui, je me suis rendu compte que Vincent Cerutti
était bien loin de cette image pailletée et des a priori que
j'avais inconsciemment à l'esprit. J'ai découvert un homme
normal qui vit sa vie comme tout un chacun au quotidien (hormis
le fait qu'il est connu bien sûr et dont la première
préoccupation à l'antenne est son public.
Une passion de la radio qui trouve ses origines aux 24 Heures du
Mans…
Vincent
Cerutti est né et a grandi au Mans. "Outre être la capitale des
rillettes, c'est aussi la ville des 24 Heures qui ont lieu tous
les ans en juin avec de 2 500 journalistes accrédités et encore
plus de spectateurs". A l'âge de 5-6 ans, il disait à son père
qu'il voulait faire le même métier que le monsieur qui parlait
sur le circuit. La voix qu'il voulait imiter était celle du
commentateur de la course.
De fil en
aiguille, il commence à faire de la radio associative. Il
devient un "dingue de radio". Il commence par parler sport
chaque vendredi après l'école.
Vincent
Cerutti : Le vendredi, j'allais faire les sports après le
journal de 18h30. Je ne faisais que lire bêtement Ouest-France
et Le Maine Libre.
Il anime
ensuite "Sportivité", un magazine tous les mercredis après-midi
avec de la musique et des infos de sports. Puis il fait les
matinales du week-end.
À 15-16
ans, il change de radio associative et rejoint Radio Verte à 30
km de chez ses parents. Et au final, il réussit à intégrer des
commentateurs des 24 Heures du Mans. "J'ai pu m'exercer
rapidement aux commentaires sportifs".
Une multiplicité d'expériences du Mans à Bruxelles en passant
par Paris…
Après les
radios associatives, il rejoint le réseau MFM (ancien nom de M
Radio) en travaillant sur la station couvrant Le Mans, Laval et
Angers. Puis il part travailler sur Bel RTL à Bruxelles. En
rentrant en France, il travaille sur Alouette "mais y reste peu
de temps", 4 mois.
Vincent
Cerutti : Je ne me sentais pas en adéquation avec la
programmation musicale. Je ne sais pas faire de la radio
musicale jeune. Et puis, j'étais loin de tout notamment de ma
fiancée de l'époque.
Il
revient alors sur MFM mais en tête de réseau, à Paris. Il fait
un peu toutes les tranches sauf le morning semaine. "J'ai
notamment fait les week-ends avec les tranches 6-12 et 17-21, le
tout en direct. Intense !"
Il
rejoint Chérie FM une première fois et travaille sur toutes les
tranches sauf le morning avant de retrouver une troisième fois
MFM pour le 20h00-minuit en semaine.
En 2013,
il remplace Christophe Nicolas sur la matinale de RTL2 durant
quelques jours. Puis c'est RTL qui l'appelle le temps d'un été
pour animer "Destination ailleurs", un magazine s'intéressant
aux expatriés français. "Chaque jour de 14h00 à 16h00, nous
dressions le portrait d'un pays en comparant la vie d'un
expatrié auditeur de RTL à notre quotidien".
A la
rentrée 2013, il rejoint RFM pour y reprendre "l'Interview VIP"
en hebdomadaire.
Peuleux :
Sur RFM, comment se faisait le choix des invités ? Il t'était
imposé ou c'est toi qui décidais ?
Vincent
Cerutti : On me proposait des invités et je faisais mon choix.
Cela allait de Céline Dion à Lara Fabian, de Pascal Obispo à
Florent Pagny, de Jean-Marc Morandini à Cyril Hanouna. Je n'ai
jamais reçu quelqu'un que je n'aimais pas. Toutefois,
un animateur n'est pas là
aimer ses invités mais offrir un bon moment à l'auditeur.
J'adore faire de l'interview.
Un morning est un moment fort dans une carrière d'animateur !
Après
seulement une saison, il quitte RFM pour Chérie FM non sans
faire un détour par la grille d'été de RTL pour animer "Stop ou
encore" pendant les vacances de Vincent Perrot.
Vincent
Cerutti : Je quitte RFM pour Chérie FM par envie de faire un
morning, ce que l'on me propose justement. Un morning est un
moment fort dans une carrière d'animateur !
Peuleux :
Juste avant que tu arrives, la matinale de Chérie FM était en
délocalisation. Qu'est-ce que tu as voulu apporter à cette
tranche remise en nationale ?
Vincent
Cerutti : Ma marque de fabrique (si je peux utiliser cette
expression), c'est d'être à la radio le plus proche de celui que
je suis dans la vie. Je ne vais pas dire que les animateurs
trichent à l'antenne mais parfois on joue aux animateurs. A
l'époque, j'étais très exposé médiatiquement car je présentais
"Danse avec les stars" et le Loto. Pour les auditeurs, la
surprise était de découvrir que je pouvais aller au marché,
faire mes courses, changer une couche… Je suis provinciale (je
le revendique), je suis quelqu'un de normal, je sais ce que
c'est de se réveiller de bonne heure, de gratter le pare-brise à
5h00, d'être bloqués dans les bouchons. Nous voulions avoir un
lien sincère avec les gens.
Peuleux :
Tu étais accompagné d'une coanimatrice, Laurie Cholewa pour la
saison 1 et Lorie Loire pour les saisons 2 et 3. Quels sont les
critères que tu reteins pour le choix de ta coanimatrice ?
Vincent
Cerutti : La simplicité, la véracité, pas de starification. Je
vais te raconter une anecdote. Lors du casting, nous avons vu
une candidate arriver avec un sac Louis Vuitton et les clés du
Porsche Cayenne de son petit ami. Elle était très bonne au
micro. Sauf que ce n'est pas possible de réveiller des gens qui
gagnent 1 200 euros par mois en leur faisant croire que tu as la
même vie qu'eux alors que tu passes ton temps dans des palaces 5
étoiles.
Après
trois saisons, Vincent Cerutti arrête la matinale et quitte
Chérie FM par choix personnel.
Vincent
Cerutti : C'était un choix. J'étais rincé et je venais d'avoir
un bébé. J'étais très fatigué et j'étais arrivé au bout d'un
cycle. Selon Frédéric Beigbeder, l'amour dure 3 ans, il était
donc temps d'arrêter. Mais le matin me manque, pourquoi ne pas
en refaire un plus tard…
Peuleux :
Après trois saisons du "Réveil Chérie", penses-tu avoir atteint
ton objectif ?
Vincent
Cerutti : Nous avons atteint tous les objectifs même si l'on
peut toujours faire mieux. Nous avions un beau paquebot à la fin
! Nous avions une belle audience, fait de belles
délocalisations, un lien fort sur les réseaux sociaux avec les
auditeurs. Après nous avons eu pas mal de changements dans la
programmation musicale en trois saisons – la musique étant la
star sur une radio musicale – alors tantôt tu en retires les
bénéfices, tantôt tu en subis les désavantages.
Aux "Grosses têtes", il ne se sent pas à sa place…
Peuleux
: J'ai lu que pendant ton année de retrait radiophonique, tu
avais été sociétaire des "Grosses têtes". C'est vrai ?
Vincent
Cerutti : Je n'y suis allée que trois ou quatre fois. C'était
rigolo ! Mais c'est très difficile d'intégrer une telle équipe
et je suis très mauvais chroniqueur. Je me sens mieux en tant
que leader. Quand j'animais "Stop ou encore", j'avais juste
envie de m'excuser d'être là parce que c'est juste THE émission
de la radio française. Quand je suis arrivé sur les "Grosses
têtes", c'était pareil ! Laurent Ruquier m'avait dit de taper
fort dès le départ sauf que j'étais timide. Je suis devenu plus
spectateur qu'intervenant. J'y retournerai peut-être, la porte
n'est pas fermée du tout mais il faudra que je me lâche à 100%
sans peur du ridicule.
Il dit oui à M Radio pour répondre à une envie viscérale de
reprendre le micro
A la
rentrée 2018, Vincent Cerutti accepte la proposition de M Radio
et rejoint la station pour présenter le drive (16h00-20h00).
Vincent
Cerutti : J'avais une envie viscérale de reprendre le micro.
J'avais eu une autre proposition ailleurs avec une émission qui
n'a d'ailleurs pas fonctionnée et s'est arrêtée en cours de
saison. A M Radio, le challenge me plaisait car il y avait tout
à construire. Avant le 16-20 était plutôt une tranche de flux
musical alors que là nous accompagnons véritablement les gens à
la sortie du travail, sur le chemin du retour à la maison, nous
nous intéressons à leur quotidien. Il y a plus d'interactions
avec notamment un jeu à heures fixes.
Vincent
Cerutti : Avec Julien Fregonara (directeur de M Radio), Quentin
(le réalisateur) et Nicolas Petit (directeur d'antenne et
animateur du 16-20 la saison précédente), nous avons monté le
concept de l'émission en 15 jours. "Mes 20 ans d'expériences en
radio nous ont fait gagner du temps entre ce que je voulais, ce
que j'aimais, ce que je n'aimais pas. Par exemple, le jeu de
l'ascenseur est un jeu que j'avais imaginé sur une autre radio.
Le tout en revenant dans une radio que je connaissais un peu
mais beaucoup de choses ont changé (la direction, les locaux, le
format musical). Et je n'avais jamais fait un drive.
Peuleux :
D’où vient le titre de l'émission "Vincent Cerutti & vous" ?
Vincent
Cerutti : La radio voulait mon nom dans le titre de l'émission
et je voulais y avoir les gens, c'est un bon compromis.
Vincent
Cerutti avoue que 4 heures de 16h00 à 20h00, c'est un peu
fatiguant mais "on ne va pas se plaindre, il y a pire comme
travail !". Toutefois, "ça demande une énorme concentration."
Vincent reconnait qu'en venant sur M Radio, il est sorti de sa
zone de confort puisque ces dernières années, il était sur des
radios plus exposées. "Un autre challenge pour moi".
Peuleux :
Avec presque 8 mois de recul, penses-tu avoir gagné ton pari sur
le drive de M Radio ?
Vincent
Cerutti : J'ai le sentiment que oui. Nous attendons les
résultats d'audiences dans une semaine… Même si après le calcul
des audiences radio est discutable…
En tout
cas, Vincent Cerutti a réussi à s'entourer d'une bonne petite
bande pour son émission avec Quentin, le réalisateur, Valentin
et Anne-Sophie, deux stagiaires qu'il appelle "les enfants".
Hors antenne, on surveille le timing, on revoit les prochaines
interventions, on plaisante, on surveille les réseaux sociaux.
Même si "on ne fait pas la radio pour les réseaux sociaux, c'est
un outil, un partage, une manière de faire parler de nous de
façon positive".
[Lisez
l'article sur les coulisses de l'émission / lien en bas
de page]
Peuleux :
Ta notoriété, même avec une exposition télévisuelle moins
importante cette saison, sert-elle l'émission ?
Vincent
Cerutti : Elle ne la dessert pas en tout cas. L'image publique
que j'ai est complétement différente de ce que je suis à la
radio ou dans la vie. Les gens me disent souvent qu'ils
m'imaginaient différemment.
Peuleux :
Une saison 2 de " Vincent Cerutti & vous" ?
Vincent
Cerutti : C'est en discussion. L'envie est là. La décision sera
prise en mai…
(*) Soft news : informations culturelles (cinéma, musique),
informations secondaires (par opposition aux actualités
développées dans les journaux d'information).
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