Animateur pendant de longues années, Nicolas Petit est le
directeur d'antenne de M Radio depuis 2014. Pour Histoire(s)
radiophonique(s), il dresse le bilan de l'évolution de la
station,
de la grille des programmes, des évènementiels et se projette
dans l'avenir (rentrée 2019, déploiement du DAB+…)…
Après avoir coanimé la matinale de la
station durant deux saisons, Nicolas Petit avait pris en charge la tranche
16h00-20h00 en août 2015. Depuis la rentrée 2018, il se consacre
exclusivement à sa fonction de directeur d'antenne.
Pour lui, il n'était plus possible de
cumuler les deux fonctions.
Nicolas Petit : Même si l'animation radio est ma
passion, j'avais aussi envie d'évoluer vers cette autre facette
de la radio. Aujourd'hui, en tant que directeur d'antenne, il se
consacre à 100% au management, à l'organisation, au back-office,
aux évènements antenne et aux partenariats.
Et ses responsabilités
sont montées d'un cran depuis quelques mois puisque Julien
Fregonara est reparti sur Lyon pour raisons familiales. "Et puis
tu dois être à 100% sur ce que tu fais puisque nous jouons en
ligue 1".
M Radio, la radio numéro 1 sur la
chanson française…
Depuis juillet 2010, MFM Radio / M Radio
propose une programmation musicale axée sur la chanson
française. Mais la programmation musicale
est-elle 100% française ?
Nicolas Petit : Au dernier comptage, le
CSA nous attribue un taux de 99.9% de chansons françaises. Je ne
sais pas d'où sort le dixième de point, il suffit peut-être que
nous ayons passé un John Lennon pour la mort d'un artiste…
Peuleux : Le pari du positionnement de
la radio comme numéro 1 de la chanson française est-il payant ?
Nicolas Petit : Il a fallu du temps pour
se positionner car il a fallu trouver le bon équilibre. Nous
avons testé des nouvelles scènes mais nous devions aussi
sécuriser la programmation pour rassurer les auditeurs avec des
artistes forts (Jean-Jacques Goldman, Céline Dion, Daniel
Balavoine) et des titres mélodieux et chantants. Nous avons aussi
été beaucoup aidés par l'émergence d'une nouvelle scène
essentiellement issue de
télé-crochets comme "The Voice" avec des Louane, Kendji Girac,
Fréro Delavega ou comme Amir, Slimane,
Claudio Capéo. Avec ce positionnement, l'auditeur sait
clairement ce qu'il va trouver sur M Radio entre des signatures
et des nouveautés.
Peuleux : Pourtant, avec ce nouveau
positionnement "numéro 1 sur la chanson française", vous êtes en
concurrence avec Chante-France ?
Nicolas Petit : En tout cas, ils
n'utilisent pas ce slogan, ils auraient peut-être dû y penser !
(Rires) Mais Chante-France émet sur l'Ile-de-France mais avec
une programmation plus ancienne. Du coup, musicalement et
géographiquement, nous ne sommes pas sur le même créneau. Par
ailleurs, Chante-France a moins de moyens que nous. Déjà au
niveau de l'animation, nous sommes en direct alors qu'ils sont à
80% en voice-track.
Depuis le 1er janvier 2018,
MFM Radio est devenue M Radio.
Nicolas Petit : Beaucoup de gens
confondaient MFM et RFM. Dans les deux radios, nous avions des
messages d'auditeurs n'utilisant pas le bon nom. Ce changement
a permis de supprimer le conflit. En plus, M Radio est
facile à retenir et est rentrée dans les esprits. Par ailleurs,
MFM était aussi un nom vieillissant, certains pensaient même que
nous passions encore de l'accordéon !
Une grille des programmes
renforcée depuis la rentrée…
A la rentrée 2018, M Radio a renforcé sa
grille des programmes avec une présence forte des animateurs
toute la journée.
Nicolas Petit : La matinale est bien
installée avec Alexandre Devoise et Tiffany Bonvoisin. Nous
n'avons pas à rougir face aux autres radios. Nous avons une
bonne équipe, de la bonne humeur, un sentiment d'être en famille
et un bon rendu à l'antenne.
Peuleux : En matinée, malgré le départ
de Bernard Montiel, M Radio a maintenu une tranche très vivante.
Nicolas Petit : David Lantin connaît
bien la mécanique pour garder l'auditeur avec lui. Il connait
les codes de l'animation radio et performe sur le
9h00-12h00. Cela nous a rassuré après le départ d'une
personnalité forte comme Bernard Montiel. La tranche aurait pu
s'écrouler mais au contraire, elle performe et surperforme !
A la mi-journée, en attendant l'émission
de voyance, Ombeline propose un rendez-vous d'astuces et
d'accompagnement à l'heure du déjeuner avec un thème différent
chaque jour. "Ça réagit beaucoup sur les réseaux sociaux".
Peuleux : De 16h00 à 20h00, M Radio
propose un vrai drive avec Vincent Cerutti aux commandes.
Comment cela s'est-il fait ?
Nicolas Petit : C'est une case que nous
voulions renforcer et starifier un peu plus...
Peuleux : Mais comment as-tu fait pour
faire venir Vincent Cerutti sur M Radio avec une émission de 4
heures en quotidienne ?
Nicolas Petit : On l'appelle déjà !
(Rires) Il a très vite dit oui car il avait très envie de
refaire de la radio. C'est un très bon animateur, il a un
fort potentiel d'affect auprès du public notamment féminin.
Peuleux : Autre grosse recrue de la
rentrée : Sophie Davant, le vent en poupe à la télévision mais
une toute petite et ancienne expérience en radio…
Nicolas Petit : J'ai pris mon téléphone
pour lui faire part de notre envie de travailler avec elle. Nous
l'avons impliqué dans ce projet pour qu'elle se retrouve dedans.
Elle est dans son élément avec cette émission de confidence. Et
elle performe aussi le samedi !
Peuleux : Comment en arrives-tu à te
dire un matin "tiens si j'appelais Sophie Davant et Vincent
Cerutti pour qu'ils viennent travailler sur M Radio !" ?
Nicolas Petit : En fait, ce sont deux
noms que nous avions déjà en tête depuis un moment. Nous nous
croisons régulièrement, nous échangeons, nous restons en contact
et à un moment les choses se font. Toutefois, il ne faut pas non
plus tout bouleverser dans la grille des programmes en bougeant
des émissions bien installées pour le faire. Sinon l'auditeur
risque de partir. La radio est un peu comme un restaurant : tu y
vas régulière et puis un jour, le chef de cuisine change ou un
nouveau serveur te déplait alors tu changes….
Et pour l'année prochaine ?
Pour la rentrée 2019, la direction de M
Radio souhaite plutôt avancer dans la stabilité.
Nicolas Petit : Mais nous sommes le 9
avril et nous attendons les sondages dans une dizaine de jours.
Des sondages qui sont parmi les plus parlants sur la saison.
Après, je ne suis pas seul à décider, j'ai aussi un PDG,
Christophe Mahé. Et s'il a envie de recruter un animateur
demain, il peut le faire. Mais nous avons tous les deux l'envie
de garder quelque chose de serein et cadré sans tout renouveler.
Le risque serait de perdre cette ambiance, cet univers M Radio
que nous avons développé. Il faut aussi savoir qu'il n'y a pas
énormément d'animateurs sur le marché. Je me demande
régulièrement comment fera NRJ lorsque Manu Lévy partira. Mais
idem pour Cauet, Bruno Guillon ou Difool. Or je ne vois pas de
nouveaux talents émerger depuis bien longtemps. Il y a de pâles
copies de cette génération d'animateurs… Ou alors, c'est moi qui
suis vieux ! Je suis certainement moins dans la cible... Mais un
animateur radio ne doit pas exclure, doit rester populaire et ne
pas s'enfermer dans un truc "je ne m'adresse qu'aux 13-22 ans".
Rappelez-vous de Max qui savait toucher du petit jeune à la
personne plus âgée.
Lorsque l'on regarde la grille des
programmes de la radio, le week-end peut paraître plus fade que
la semaine avec cette grille renforcée depuis la rentrée. Nicolas
Petit dit avoir des projets en ce sens mais souligne que les
audiences de M Radio sont aussi bonnes le week-end (notamment le
samedi) que la semaine.
Nicolas Petit : Il y aura des choses à
la rentrée avec des émissions ludiques, thématiques… C'est en
prévision. Mais il ne faut pas oublier que la priorité des
annonceurs est la semaine. Il faut donc apporter du contenu le
week-end mais sans s'affaiblir sur la semaine.
Depuis environ un an, M Radio multiplie
les événements : concerts privés, délocalisations avec notamment
plusieurs émissions depuis les Arcs, invités en studio à Paris.
Une tendance que la radio souhaite poursuivre.
Nicolas Petit : Nous nous sommes
améliorés sur ce plan et nous avons encore des projets d'ici les
vacances d'été avec un concert public et une délocalisation de
la matinale à Cavalaire-sur-Mer.
Le directeur d'antenne souhaite que les
projets mis en place permettent à la radio de bouger un peu partout en France
mais surtout que ces évènements se ressentent à l'antenne. "Il
faut faire des délocalisations intelligentes car l'auditeur
veut retrouver ses rendez-vous habituels malgré tout".
Nicolas Petit insiste aussi sur la
nécessité de savoir se renouveler dans
l'événementiel. Outre la grosse délocalisation aux Arcs, la
station a offert de l'argent à ses auditeurs. "Nous n'avions
jamais offert d'argent à l'antenne et cette année, nous avons
offert 40 000 euros. Nous prenons des risques".
Nantes, Rennes ou Bordeaux sont dans
les projets pour des évènementiels la saison prochaine. "Nous
devons occuper le terrain et aller à la rencontre de notre
public notamment dans ces villes où nous avons de bonnes
audiences".
M Radio sur la radio numérique
terrestre et le digital…
M Radio est retenue pour une diffusion
en DAB+ (la norme pour la RNT) dans toutes les zones où le CSA a
lancé des appels à candidatures ainsi que pour une diffusion
dite métropolitaine.
Nicolas Petit : Nous sommes très fiers
et contents d'avoir été retenus. Cela aurait été étrange de ne
pas l'être alors que nous sommes une radio nationale, alors que
le CSA ne nous donne plus de fréquences FM (ce qui fait que nous
sommes absents de Toulouse, Lille ou Strasbourg) et alors que
nous défendons la chanson française. Nous ne savons pas en
combien de temps le DAB+ sera complètement déployé, ni à quelle
vitesse il entrera dans les habitudes des auditeurs. Mais déjà,
à partir de 2020, le DAB+ sera obligatoirement dans les
nouvelles voitures.
Peuleux : Comment va se passer le
déploiement du DAB+ au niveau de M Radio ?
Nicolas Petit : Le déploiement du DAB+
ne va pas changer notre identité. Il n'y a pas de raison. Après,
nous irons peut-être à la rencontre des auditeurs à l'occasion
d'ouverture de fréquences pour renforcer l'image de la radio.
Coté radios digitales (webradios), M
Radio poursuit son développement avec l'arrivée de M Radio
fitness et M Radio Pop. "Nous développons aussi M Radio French
Touch pour mettre en avant des nouveaux talents que nous ne
passons pas forcément ou pas beaucoup à l'antenne".
Nicolas Petit : Mais une webradio ne se
lance pas comme ça, le risque est de vite tourner en rond. Le
but est d'avoir des artistes entendus sur M Radio comme base.
C'est important de ne pas faire n'importe quoi car tu engages ta
marque. Mais finalement, quelqu'un qui écoute tout le temps M
Radio Fitness écoute M Radio ".
Peuleux : Lorsque M Radio lance une
webradio consacrée à 100% à un artiste, faut-il obtenir des
autorisations ou vous pouvez le faire comme ça ?
Nicolas Petit : Il nous faut
l'autorisation de la maison de disques. Là, nous attendons la
confirmation d'un grand artiste. Il y a eu un accord de
principe, nous attendons l'accord juridique.
Sur les réseaux sociaux, M Radio a
accentué la mise en ligne de vidéos notamment via les stories
sur Instagram qui plonge les auditeurs dans les coulisses. Mais
le directeur d'antenne met deux bémols. Tout d'abord, il ne faut
pas être présent sur les réseaux sociaux n'importe comment. Il
fait que cela ait du sens, que les stories ne soient pas trop
longues, que cela renforce l'image de la radio… Ensuite, il
rappelle que sa priorité est de faire de la radio, de recruter
de nouveaux auditeurs et non d'animer les réseaux sociaux.
Je conclue cet article par un dernier
chiffre qui m'a surpris : l'auditoire de M Radio est composé à 73% de femmes.
La
station a donc un public plus féminin que Chérie FM qui a
longtemps communiqué sur cette spécificité.
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