Mardi 9 avril 2018.
Il est 7h00 lorsque je rentre dans les locaux de M Radio à
quelques pas de la Gare de Lyon à Paris. Dans le studio
principal, Alexandre Devoise, Tiffany Bonvoisin et Greg sont au
taquet depuis déjà une heure. L'accueil est chaleureux mais je
reste un peu impressionné par Alexandre Devoise. Même si nous
avons (presque) le même âge, j'ai l'impression d'avoir grandi
avec lui…
Pour commencer mon
reportage dans les coulisses de la matinale, je décide de
résoudre un mystère : mors antenne, tout le monde se tutoie.
Mais à l'antenne, Tiffany vouvoie toujours Alexandre, Greg, les
invités, les auditeurs. Tandis qu'Alexandre passe du "tu" au
"vous" de manière aléatoire… Que cela soit avec sa coanimatrice,
son réalisateur, les invités et parfois les auditeurs, Alors
"tu" ou "vous" ?
Alexandre : Cela
prouve bien que nous n'avons pas de code, à l'image de
l'émission, c'est ouvert un peu comme dans la vraie vie. Je ne
fais pas trop gaffe. Mais normalement c'est le "vous" qui est de
rigueur.
Tiffany : Cela peut
aussi dépendre des sujets abordés à l'antenne mais moi, c'est
toujours "vous".
Une équipe de six personnes à votre service…
Pour vous servir la
matinale chaque jour, ils sont six à œuvrer :
Alexandre et Tiffany
: animation.
Greg : réalisation,
préparation et respect du conducteur de l'émission
Thomas : en
production avec notamment la collecte de certains sons comme
pour le zapping.
Nathan : standard.
Constance :
recherches pour préparer les différentes rubriques.
Il est à noter que
les animateurs préparent eux-mêmes leurs chroniques et leurs
textes avec leurs "stylos Bic et feuilles de papier", à
l'ancienne "comme papa".
Une émission cadrée mais évolutive…
A la rentrée 2015, M
Radio et ses nouveaux matinaliers sont partis d'une feuille
blanche pour lancer "le Grand réveil" avec un duo inédit qui a
matché dès les premiers essais.
La ligne éditoriale a
été mise noir sur blanc et l'équipe refait cet exercice à chaque
fin de saison en vue de la prochaine, maquettes audio à l'appui.
Une démarche assez rare dans le milieu. Une fois le squelette
défini, l'équipe dispose encore d'une belle marge de liberté et
se remet régulièrement en cause. Ainsi, les rubriques proposées
à l'antenne ont évolué : certaines ont été ajustées, d'autres
supprimées tandis que quelques autres sont arrivées
Alexandre Devoise :
La radio offre déjà une grande liberté mais la direction de M
Radio aussi. Cela nous permet de tester des choses comme la
vidéo du vendredi. A partir de la troisième saison, nous avons
fait des délocalisations. Nous n'avons rien inventé mais nous
réfléchissons régulièrement afin de conserver une certaine
fraicheur et optimiser l'émission avec notamment des thématiques
de temps en temps (spéciale gipsy, journée des droits de la
femme, crêpes, années 1980…).
Et Alexandre de
poursuivre en exposant le cadre qui entoure leur concept dont
certaines font partie du b.a.-ba de la radio : respecter la
musique (qui est la priorité sur une musicale), mettre en avant
les artistes (surtout sur M Radio qui défend la chanson
française), respecter le timing notamment pour l'envoi des
publicités et des flashes d'information, ne pas faire des
rubriques trop longues.
Alexandre Devoise :
Même si nous avons l'air détendu, nous travaillons beaucoup en
amont. Nous n'avons pas de gros moyens ni une force de frappe
comme d'autres radios (pas de service communication, pas de
bureaux en région…) et qu'une centaine d'émetteurs FM. Nous
allons presque chercher les auditeurs un par un.
Une émissions préparée très en amont…
Chaque semaine,
l'équipe choisit les sujets qui seront abordés dans les
chroniques de la semaine suivante. Dans la mesure où les
calendriers des sorties cinématographiques et musicales sont
connus très tôt, les chroniques peuvent être écrites avec
beaucoup d'avance. Le travail de "dernière minute" concerne les
enchainements, l'actualité fraiche ou des retouches. En général,
Tiffany achève son travail la veille au soir de l'émission
tandis qu'Alexandre le fait le matin dans l'heure précédant
l'émission.
Alexandre arrive à la
radio vers 5h00. Pendant 1 heure, il relit le conducteur,
peaufine ses textes, lit les journaux. "J'ai besoin de me poser
avant l'émission, de prendre mon temps". Il classe ses fiches
dans des chemises cartonnées de couleurs pour chaque chronique,
jeu… A ses propres notes, Alexandre ajoute les fiches de
présentation des cadeaux offerts, les titres des chansons des
medleys pour le jeu, les messages des auditeurs…. Tiffany arrive
vers 5h30.
Dès la prise
d'antenne, Alexandre, Tiffany et Greg font déborder leur énergie
et leur bonne humeur sur les ondes. Mais ce n'est pas parce que
tout est prêt que l'attention se relâche. Il faut rester
concentrer sur l'horloge, sélectionner les extraits sonores du
zapping (puisqu'il s'agit d'émissions de télévision diffusées la
veille), prendre connaissance de la fiche de présentation des
auditeurs sélectionnés pour les jeux, jeter un œil sur les
réseaux sociaux…
Des délocalisation soigneusement sélectionnées…
Alexandre Devoise
avoue avoir tanné la direction de longs mois pour faire des
délocalisations mais d'ajouter du'il ne court pas non plus
après.
Tiffany Bonvoisin :
Nous privilégions la qualité à la quantité (rires)
Alexandre Devoise :
Nous n'avons pas les moyens des autres radios mais c'est bien
mieux qu'avant. La saison précédente, nous avions fait deux
délocalisations. Cette année nous sommes déjà allés à Lyon, dans
Paris, aux Arcs. D'ici la fin de la saison, nous devrions allés
à Rungis et Cavalaire sur mer pour la dernière de la saison. La
direction est à l'écoute de nos propositions ce qui est
agréable.
Mais la stratégie de
la radio n'est pas forcément de faire l'évènement avec des
émissions spéciales en extérieur. Les émissions thématiques en
studio sont aussi très porteuses. Pour faire une délocalisation,
il faut une bonne occasion et avoir quelque chose à donner à
l'auditeur : un événement particulier comme un festival, un
concert organisé par la radio, l'ouverture d'une nouvelle
fréquence… ou aller chercher les auditeurs dans leur ville.
Alexandre : A
l'époque de RTL2, j'ai fait des délocalisations au Maroc dans un
hôtel. C'est super sympa sur le papier mais pour l'émission
c'est à chier. Tu n'as pas de public, tu as juste ton équipe, ça
ne sert à rien. La plage de Cavalaire va bien faire la blague
avec du public, des invités, des activités (beach ball, scooter
des mers, bouillabaisse…). Pour les délocalisations que nous
avons fait ces derniers temps, je pense que nous ne nous sommes
pas trompés. Nous ne sommes pas allés jusqu'à faire des
délocalisations dans des supermarchés, ça n'a pas d'intérêt.
Coté audiences, la
station avait le sourire ces dernières années avec 46 000
auditeurs au quart d'heure moyen sur la période
novembre-décembre 2018.
Alexandre Devoise :
Les audiences vont bien. Même si les derniers sondages ne sont
pas aussi révolutionnaires que les trois premières saisons mais
nous pâtissons de l'actualité (comme les Gilets jaunes) qui
profitent aux généralistes. Nous attendons les audiences du
premier trimestre 2019 vers mi-avril, nous verrons bien…
Et c'est justement
après la publication des audiences de janvier à mars 20199 que -
comme dans la grande majorité des radios - la direction et les
animateurs commenceront à parler de la saison 2019-2020.