Peuleux | Le monde de Spirou et Fantasio

 ENTRETIEN AVEC...  BERNARD POIRETTE / RTL | 09/04/2016

Plus de 30 ans de journalisme, plus de 30 ans de RTL, près de 15 ans de matinales le week-end… Bernard Poirette fait désormais partie des voix mythiques de RTL. Il anime actuellement trois rendez-vous d'information en fin de semaine. Installez-vous dans un fauteuil de jardin en bois, nous sommes au Soleil sur la terrasse de RTL, nous partons à la rencontre d'un monstre sacré de la radio et de RTL…

 

Samedi 10h15, Bernard Poirette m'accueille en haut de l'escalier de RTL. Après un détour par le studio par le studio Jean Farran pour enregistrer deux chroniques avec Peggy Broche, nous grimpons sur le toit de immeuble. Installez-vous dans l'un des sièges en bois de cette terrasse aménagée, le Soleil parisien est radieux et le fond de l'air printanier...

 

L'actualité a toujours intéressé Bernard Poirette. Après une licence de sciences éco et une année de médecine, il s'oriente finalement vers le journalisme. Il rentre alors à l'Ecole de journalisme de Lille : "En 1979, il était plus facile de rentrer à l'Ecole de journalisme de Lille : 100 candidats pour 35 places alors que maintenant c'est 1 000 pour 35". A l'époque, Bernard Poirette est plus intéressé par la presse écrite jusqu'au jour où il visite RTL dans le cadre du cours de radio. C'est le déclic, il veut faire de la radio.

Il débute sa carrière journalistique comme pigiste dans le Nord pour plusieurs titres de la presse écrite et des radios (Libération, Le Figaro, France Musique, France Culture…) et travaille pour Fréquence Nord, une locale de Radio France. Puis, il devient pigiste à Bordeaux pour RTL et Sud Radio.

 

De Bordeaux à Paris en passant par Moscou et Washington…

 

En 1988, l'AFP propose à son épouse, journaliste russophone, de partir à Moscou où l'histoire s'écrit entre perestroïka et glasnost. Bernard Poirette demande à RTL de pouvoir la suivre et part comme pigiste pour la station mais aussi pour d'autres médias (RFI, Le Parisien).

En 1991, son épouse étant mutée à Washington, Bernard Poirette la suit. Il devient la doublure de Jérôme Godefroy, le correspondant de RTL dans la capitale américaine, poursuit ses piges (pour RFI ou Le Parisien) et travaille à Voice of America, l'équivalente américaine de RFI.

Bernard Poirette : Après tout ce que j'avais vécu en URSS au point de vue actualité, une période riche historiquement, je m'ennuyais aux USA. Au bout d'un an, j'ai dit à RTL que je voulais rentrer et si possible à Toulouse. Toulouse n'étant pas disponible, ils m'ont proposé Paris. Je suis donc rentré à ma demande ne laissant Madame à Washington pour encore quelques mois.

 

De retour à Paris, Bernard Poirette prend rapidement la présentation du journal de 8h00. A la rentrée 1997, RTL lui confie une nouvelle émission baptisée "J'ai mon mot à dire" qui doit concurrencer "Le Téléphone sonne" de France Inter, à l'époque dominante dans les sondages. Avant cette émission, RTL ne proposait que de la musique. "J'ai mon mot à dire" est en quelque sorte l'ancêtre de "On refait le Monde" qui sera lancé en 2003.

 

En fin de semaine, nous sommes un peu décalés par rapport à la vie trépidante de la rédaction…

 

Après près de 15 saisons à ce rythme, Bernard Poirette n'est pas lassé : "Ce sont des tranches d'information longues dont nous maitrisons bien le fonctionnement. Nous sommes un peu décalés par rapport à la vie trépidante de la rédaction en semaine : à partir du vendredi, c'est plus calme, plus cool. Je trouve cela plus agréable. Je travaille avec une équipe assez jeune, des jeunes enthousiastes, performants et compétents. Certes ils débutent mais ils sont déjà plein de qualité. Je fonctionne ainsi depuis 15 ans et cela me va".

 

Peuleux : Comment s'organise votre semaine de travail ?

Bernard Poirette : Je travaille 4 jours par semaine. Le jeudi, je prépare les matinales du week-end. Le vendredi, je prépare la tranche d'information du soir. Et le week-end, c'est la matinale avec couché à 21h00 la veille et réveil à 3h00 du matin. En contrepartie, j'ai un repos de 3 jours qui me permet d'avoir une vie sociale.

 

Peuleux : Depuis 2006, vous présentez la matinale du week-end sur RTL. Depuis 2009, vous présentez les éditions du vendredi de "RTL Soir" et "On refait le monde". L'information le soir et l'information du matin ont-elles le même rythme ?

Bernard Poirette : Effectivement, ce n'est pas le même exercice. Le 18-20 se prépare dès 8h00 du matin. 10 heures de travail pour 2 heures d'antenne. L'émission est en gestation toute la journée et peut évoluer 3 ou 4 fois. Pour les matinales, la conférence de rédaction est à 4h00 du matin pour une prise d'antenne à 7h00 et un peu plus de 3 heures d'émission. Le week-end, sauf actualité chaude comme lors de l'affaire DSK à New-York ou les attentats, il est rare que les matinales bougent beaucoup entre la dernière réunion à 18h00 la veille. La matinale du week-end est très prédéterminée, très mise en forme les jours précédents. En plus, la matinale est plus tournée vers les loisirs et la culture tout en ne loupant rien de l'actualité.

 

Peuleux : Vous évoquiez les attentats parisiens du 13 novembre dernier, comment les avez-vous vécus ?

Bernard Poirette : J'habite dans le 9ème arrondissement, les évènements se sont passés dans le 11ème, je n'ai rien entendu. Je m'étais couché à 21h00 et j'ai été réveillé à 1h du matin par le téléphone. Là, on me dit de venir à la rédaction avant que tous les accès soient bouclés par la Police. Face à mon étonnement, mon correspondant m'annonce qu'il y a 100 morts dans des attentats sur Paris. Je suis arrivé à RTL où Marc-Olivier Fogiel avait été rappelé dès 22h00 pour prendre l'antenne. J'ai pris le relais de 6h00 à midi.

 

Entre sérieux, jovialité et bonhomie…

 

Peuleux : Lorsque l'on demande aux gens de vous décrire, les mots sérieux, jovialité et bonhomie reviennent souvent. Est-ce comme cela que nous pouvons définir votre style ?

Bernard Poirette : Ca me convient. C'est comme cela que l'on me demande d'être à l'antenne et c'est probablement comme cela que je suis naturellement. Après le journal de 8h00 qui dure 15 minutes, nous passons à autre chose et j'aime bien manier cette partie avec convivialité. J'aime les gens avec qui je travaille, nous nous amusons ensemble.

 

Peuleux : Entre les trois rendez-vous que vous présentez, où va votre préférence ?

Bernard Poirette : J'aime beaucoup faire la matinale mais c'est le matin (sourire) ! Pour moi, la radio c'est le matin. Les français ont encore le reflexe radio le matin. Donc plutôt la matinale. En deuxième, "On refait le monde". Cela dépend aussi des polémistes et des sujets... En troisième lieu, "RTL Soir" avec notamment l'invité culturel de 18h30 sur un format long de 7 à 8 minutes. J'aime rencontrer des artistes après avoir vu leur pièce, leur livre… C'est un exercice qui me plait beaucoup !

 

Peuleux : Vers la fin de la matinale, au moment du passage à la partie maison-jardin-cuisine-détente", j'ai l'impression que vous vous détendez...

Bernard Poirette : Oui, sur les quatre chroniqueurs, il y en a trois que je pratique depuis longtemps. Du coup j'ai l'impression de retrouver des copains. C'est très détendu, complice et il y a un côté bande.

 

Peuleux : Parlez-moi de Tanguy Pastureau…

Bernard Poirette : Tanguy est parfaitement structuré, très maitrisé. Il a un grain de folie qui n'est pas sans me déplaire, un immense talent, une culture considérable. Il écrit remarquablement bien avec une maitrise de la langue française admirable. Je suis très admiratif de son travail. Nous sommes à l'antenne ensemble depuis plusieurs années sous des formes différentes mais avec toujours le même esprit, il a une capacité de renouvellement extraordinaire. Il me fait beaucoup rire. Les auditeurs ont eu parfois un peu de mal à s'y faire. Il y a 3-4 ans, je recevais beaucoup de messages d'auditeurs n'aimant pas sa chronique. Aujourd'hui, je n'en reçois presque plus, je reçois surtout des messages de félicitations.

 


Selffie réalisé par Bernard Poirette qui a le bras plus long que le mien ;o)

LE 8 A LA SUITE D'HISTOIRE(S) RADIOPHONIQUE(S)

 

Les voix ou les émissions de radio qui ont marqué votre enfance ?

Sans aucun "Les Nocturnes" de Georges Lang sur RTL doute que j'ai écouté durant des années. Une émission de la RTBF le dimanche soir de Stéphane Steeman avec des chansonniers. Sur France Inter, "Le Tribunal des flagrants délires", mythique !

 

La plus belle rencontre radiophonique ?

Il y en a eu beaucoup mais celle qui m'a le plus impressionnée et le plus désarçonnée c'est François Mitterrand. A l'époque, j'étais le numéro 2 de Georges Bourdoiseau, le correspondant de RTL à Bordeaux. Nous sommes partis en Dordogne après avoir appris que Mitterrand y était en escapade avec un copain comme il le faisait souvent. Nous arrivons à retrouver son hélicoptère posé sur le stade d'un petit village. Nous l'attendons pendant 5 heures et il revient en compagnie de Roland Dumas. Dumas nous reconnait et chuchote quelque chose à l'oreille de Mitterrand qui n'a pas envie de nous voir. Nous sommes chacun d'un côté de l'entrée sur la pelouse et, je ne sais pas pourquoi, Mitterrand s'avance vers moi. J'étais tétanisé avec mon micro dans la main et la bouche ouverte comme un merlan frit incapable de dire quoique ce soit. Mon ami Bourdoiseau a repris les choses en main immédiatement en posant 2-3 questions auxquelles le Président a répondu à côté. Nous n'en avons rien tiré mais je garde le souvenir d'un moment fascinant et d'un ratage phénoménal aussi ! C'est plus marquant qu'une belle rencontre. Les belles rencontres sont plus à chercher dans les interviewes de "RTL Soir" quand il se passe quelque chose avec les invités alors qu'ils sont plutôt là pour faire de la promotion. Je me souviens de Laurent Voulzy, extraordinaire, ou de Jean-Pierre Bacri qui est arrivé revêche avant de se décoincer.

 

La pire rencontre radiophonique ?

Ce sont les rencontres qui n'ont pas eu lieu, les gens qui m'ont planté. Il y en a plein des gens qui posent des lapins. Il y a les lapins avec des gens qui ont un impondérable monstrueux qui font qu'ils n'ont même pas le temps de prévenir comme Pascal Lamy, président de l'OMC, qui a dû prendre un avion en urgence. 9 fois sur 10, ils appellent pour s'excuser comme Aurélie Filippetti après une vraie panne d'oreiller. Et il y en a qui ne s'excusent pas et même vous envoient suer quand vous demandez des explications comme Jean-Louis Debré…

 

Le plus beau souvenir en radio ?

Il y en a beaucoup aussi… Tous les souvenirs que j'ai rapportés d'URSS : la chute du Mur de Berlin téléguidée depuis Moscou. Vous racontez l'histoire en direct avec votre micro et votre casque à 3000 kilomètres de Paris. Et à l'époque, il n'y avait pas toutes les chaines d'information en continue… C'était une autre époque…

 

Le pire souvenir en radio ?

C'est un souvenir très bête avec une panne technique un vendredi soir à RTL. Nous ne pouvions pas sortir de la boucle titres qui était en tapis. Nous avons parlé pendant de longues minutes avec ce son qui couvrait presque nos voix, c'était pénible.

 

Quand vous n'êtes pas à la radio, écoutez- vous la radio ?

Oui même si ce n'est pas assidument. J'écoute les informations sur RTL au moins une fois par jour voire plus si l'actualité est riche. En fond sonore, j'ai souvent FIP dont j'aime la programmation musicale douce avec des flashes info toutes les heures.

 

Peuleux : Ecoutez-vous un peu la concurrence ?

Bernard Poirette : Très rarement. Mais quand je vais dans une boutique où ils écoutent la concurrence, souvent RMC à Marseille, je tends une oreille.

 

Quand vous sortez de la radio, que faites-vous ?

Quand je ne suis pas à la radio, je ne suis pas à la radio ! Je ne travaille pas et je suis chez moi à Marseille. J'ai une autre vie avec des amis, je me baigne quand c'est la saison, je lis des romans policiers pour ma chronique littéraire, je joue aux boules, je vais au cinéma, je fais de la moto…

 

Et dans 5 ans ?

Je n'en sais fichtre rien ! J'ai 57 ans, je fais partie de ces brontosaures qui ont fait toute leur carrière dans une seule radio, en l'occurrence RTL qui a toujours été mon employeur principal. Donc j'imagine finir ma carrière à RTL. Dans combien de temps ? J'ai encore au moins 8 ans à tirer pour avoir une retraite pleine. Cela dépendra de ma santé aussi. Je ne sais pas si je serais encore sur ces tranches mais pour l'heure il n'y a pas de mouvements en vue.

 

Peuleux : La concurrence n'est jamais venue vous voir ?

Bernard Poirette : Non, il y a une télé qui est venue me chercher il y a 4 ans mais j'ai refusé.

 

Remerciements : Un immense merci à Bernard Poirette pour son accueil, sa prévenance et sa disponibilité et merci pour le selfie ;o) Merci aussi au réalisateur de "RTL Week-end" pour son accueil en régie | Crédits photos : Peuleux 

 

 

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avec Barnard Poirette
     

RTL
       

dernière mise à jour de cette fiche le 24/04/2016


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