Sur Europe 1 depuis 2008 entre présentation de la météo et
animation d'émission; Helena Morna fait partie de ces voix qui
marquent par leur chaleur et leur sourire. Passionnée par son
prochain, elle anime depuis la rentrée 2016 "la Famille Europe
1" en quotidienne. Rencontre avec une journaliste heureuse et
généreuse.
Début décembre 2016, je profite d'un détour par Paris pour
solliciter une interview à Helena Morna. Malgré ma demande en
dernière minute, non seulement elle a accepté de me recevoir
mais en prime elle m'a invité à assister à son émission depuis
la régie du studio Lagardère. Après avoir croisé Maxime Switek,
Thierry Geffrotin ou Roland Perez dans a rédaction, nous nous
installons dans l'open space que l'équipe de "la Famille Europe
1" partage avec les équipes de Julia Martin et Anne Roumanoff.
Avant
d'être journaliste, Helena Morna s'est essayé à l'histoire de
l'Art mais s'est rapidement rendu compte que cela ne la mener
nulle part. Sa mère inquiète l'inscrit alors en commerce
international. Mais un stage de 6 mois lui permet de se rendre
compte que sa voie n'est pas là non plus. Elle va alors voir son
papa qui travaillait à Radio France International et lui dit :
"Pendant des années, j'ai refusé de faire des études de
journalisme pour ne pas faire comme toi mais en fait c'est
vraiment ce que je veux faire."
A l'époque RFI proposait des contrats de formation en alternance
qui permettait d'avoir une formation et de travailler pour la
radio. Helena suivi les cours du CFPJ pendant 2 ans tout en
travaillant à RFI. "RFI m'a vraiment permis de faire mes armes".
Elle débute alors comme assistante des journaux, fait le tour de
tous les services et présente sa première émission comme
animatrice en s'adressant aux communautés étrangères en France.
Helena Morna : A à peine 22-23 ans, RFI m'a envoyé en reportage
partout dans le monde. J'ai découvert l'Afrique notamment le
Burkina-Faso. C'était une super école, c'est mon socle de
formation et je garde de très bons souvenirs de RFI.
En 1994, toute en étant à RFI, Helena Morna découvre la
télévision. A l'époque TF1 lançait LCI et cherchait du monde :
"L'information pure et dure ne m'a jamais intéressée du point de
vue travail mais un copain m'a incité à postuler. Ils m'ont
proposé la météo et je me suis dit pourquoi pas. J'ai eu une
formation à Météo France et j'ai commencé comme ça à la
télévision.
En parallèle de ses bulletins météo sur LCI, Helena Morna
poursuivait ses reportages pour RFI. Très rapidement, elle
réalisa que dans l'esprit des gens, le fait de présenter la
météo à la télévision n'était pas compatible avec la réalisation
de reportages sérieux. Elle laisse alors tomber la météo pour se
consacrer au reportage. Elle travaille pour l'agence Capa et
pour l'émission "Les maternelles" sur France 5.
La météo c'est un peu ma
madeleine !
Puis un jour, elle se rend compte que la météo lui manque mais
décide de reprendre cette activité à la radio pour éviter ce
problème d'image. Elle postule à Europe 1 en évoquant même la
possibilité de prendre un pseudo : Lisa Boa, comme Lisbonne en
portugais. Si Europe 1 refuse l'idée du pseudo, elle est tout de
même embauchée 4 mois plus tard.
Helena Morna : La météo n'est pas une passion mais un élément du
quotidien, un rendez-vous populaire très agréable à faire. J'ai
un très bon contact avec les gens de Météo France. C'est un peu
ma madeleine, quelque chose vers lequel je reviendrai tout le
temps. C'est considéré comme moins prestigieux que d'animer une
émission mais c'est l'information que tout le monde attend. Et
cela me permet aussi de déconner un peu parfois.
Peuleux : Journaliste de météo, c'est un métier à part ?
Helena Morna : Les techniques de travail sont les mêmes : des
recherches, des contacts avec les ingénieurs de Météo France… et
après j'écris à ma sauce. C'est le même travail mais c'est
considéré à part parce qu'il n'y a pas la même reconnaissance
pour le journalisme météo que pour le journalisme politique.
C'est un tort !
Peuleux : Laurent Cabrol a dit que beaucoup de journalistes
faisaient de la météo en attendant de pouvoir faire mieux… Qu'en
penses-tu ?
Helena Morna : Non moi, j'ai fait de la météo après être devenue
journaliste. Et si on me propose à nouveau la météo, je serai
heureuse et j'irai !
Peuleux : Il est comment Laurent Cabrol ?
Helena Morna : C'est quelqu'un de formidable qui a le bon sens
paysan. Il est droit dans ses bottes. Et j'ai la chance de le
connaître.
De la météo à
l'animation…de l'animation à la météo…
Peu
de temps après son arrivée sur Europe 1, la direction lui
propose de coanimer la petite matinale avec Benjamin Petrover.
Pendant 2 ans, elle officie de 4h00 à 6h00 à la fois à la météo
et à la coanimation. En 2011, n'étant pas une "fille du matin",
elle fait savoir qu'elle souhaite arrêter. Caroline Cachaux,
alors directrice des programmes, lui demande de réfléchir à une
émission de 90 minutes autour des thèmes du quotidien qu'Helena
avait proposé de développer à l'antenne dans différents projets
de chroniques : famille, consommation, immobilier… Caroline
Cachaux lui précise que l'émission devra aborder cinq thèmes par
semaine. A la rentrée 2011, "Les Experts Europe 1" démarrent au
cœur des après-midi de la station.
Helena Morna : Je n'avais jamais fait d'émission comme cela et
aussi longue mais Caroline Cachaux croyait en moi. Et le jour où
je me suis retrouvée derrière le micro, j'ai eu l'impression de
l'avoir déjà fait tous les jours. L'aventure a duré 3 ans avec
des audiences croissantes.
Peuleux : Mais pourtant l'émission s'est arrêtée !
Helena Morna : C'est vrai que nous avons eu un peu moins
d'audience lorsque nous avons été programmés jusqu'à 16h30, la
dernière demi-heure étant précédemment occupée par Laurent
Ruquier. Mais sinon "les Experts Europe 1" ont toujours gagné
des auditeurs. L'arrêt s'explique plus par la volonté de la
maison d'être un peu plus corporate avec un projet impliquant le
magazine Elle qui appartient au même groupe qu'Europe 1.
Certains n'ont pas compris cette stratégie. Et puis finalement,
ils m'ont rappelé (rires).
Peuleux : A la rentrée 2014, après l'arrêt des "Experts Europe
1", tu as repris la météo le week-end. En discutant avec
différentes personnes, j'ai eu l'impression qu'Europe 1 t'avait
trouvé une place là pour te garder absolument mais sans avoir
mieux à te proposer pour l'instant.
Helena Morna : On m'a imposé la météo du weekend, j'ai eu les
boules ! Je n'ai pas eu du mal parce que je retournais à la
météo mais parce que je passais d'une émission quotidienne avec
les félicitations à la météo du week-end. J'ai eu du mal. Je me
suis sentie méprisée. Finalement, cela s'est bien passé. J'ai
fait une première saison avec Maxime Switek aux côtés duquel je
faisais la météo et un peu de coanimation. J'étais un peu
meneuse de jeu mais je pense que j'étais la pire de la station !
C'est difficile d'accepter qu'on vous retire votre jouet alors
que tout fonctionnait bien pour être confinée à la météo du
week-end. Mon socle familial et mes activités
extraprofessionnelles m'ont sauvé de la morosité. J'ai fait le
job et finalement j'ai été rappelé ! J'ai donc de nouveau quitté
la météo mais j'y reviendrais peut-être !
"La Famille Europe 1" me
correspond bien…
Effectivement, à la rentrée 2016, Helena Morna retrouve une
émission quotidienne avec "la Famille Europe 1" de 13h20 à
14h00.
Helena
Morna : On ne va pas se la raconter mais "la Famille Europe 1"
est très proche des "Experts Europe 1". L'émission est beaucoup
plus courte et les experts ont laissés la place aux auditeurs.
Les auditeurs posent la question de départ puis apportent leurs
témoignages et solutions comme on peut le faire en famille.
Le concept de "la Famille Europe 1" ressemble beaucoup à
l'émission "Europe 1 Services" diffusée durant l'été 2016 par
Roland Perez et Isabelle Quenin. Au départ, Helena Morna devait
reprendre l'émission avec le même titre mais pour elle le terme
service faisait plutôt "à votre bon cœur !". Elle propose le
terme "famille" qui exprime plus l'idée d'entraide et lui
correspond mieux.
Peuleux : Comment se prépare l'émission ?
Helena Morna : Le plus souvent, c'est moi qui choisis les
thèmes. Parfois Roland Perez me glisse une suggestion. Mais je
travaille avec ma petite équipe : Vanina qui est mon assistante
et Clara qui est en contrat d'apprentissage. Nous avons des
approches différentes et ça fonctionne bien.
Par ailleurs, en cette même rentrée 2016, Europe 1 a aussi
proposé à Helena Morna et Olivier Poels de prolonger leur
émission estivale sur les gourmandises de la vie dans un format
de 15 minutes diffusé le dimanche.
Helena Morna : Depuis le départ de Petitrenaud, il manquait une
émission culinaire. Olivier Poels qui intervenait çà et là à
l'antenne a été contacté pour l'émission estivale et moi pour ma
naïveté culinaire. Nous avons démarré sur un coin de table et le
succès est au rendez-vous ! L'émission culinaire était une
demande d'Europe 1 alors que pour "Colin Maillard" je suis
repassée par la fenêtre. J'espère pouvoir la poursuivre…
On ne remplace pas Jean-Luc
Petitrenaud !
Peuleux
: Ce n'est pas impressionnant de prendre la suite de Jean-Luc
Petitrenaud à la tête d'une émission culinaire ?
Helena Morna : Lorsque je l'ai croisé, je lui ai parlé du projet
d'Europe 1. Je lui ai dit que je ne pourrais jamais le
remplacer. Petitrenaud c'est et cela restera toujours
Petitrenaud ! Olivier et moi, ce n'est ni le même style, ni le
même format, ni la même offre !
Peuleux : Tu cuisines bien au moins ?
Helena Morna : Je ne suis pas assez patiente pour bien cuisiner
mais je suis gourmande. Je mange donc très bien ce que l'on me
cuisine bien. Je prends le temps d'aller au marché pour faire
des plats simples mais avec de bons produits.
Peuleux : Comment arrives-tu à concilier six émissions par
semaine à la radio, ta vie de famille et "Midi en France sur
France 3" ?
Helena Morna : Nous allons rentrer dans les coulisses : Tout
d'abord j'enregistre "la Table du dimanche" le vendredi
après-midi. Ensuite deux jours tous les 15 jours, "la Famille
Europe 1" est enregistrée. Je pars le lundi après mon émission
présentée en direct pour rejoindre l'équipe de "Midi en France"
dans la ville où se déroule l'émission. Je reste sur place le
mardi et le mercredi. Je fais l'émission du mardi en direct puis
j'en enregistre deux autres. Je rentre ensuite à Paris. En fait,
les jours où je n'invite pas les auditeurs à appeler le standard
c'est que l'émission est enregistrée. En fait, les auditeurs qui
passent à l'antenne ont répondu en amont à mes appels à témoins.
Peuleux : Lorsque je pense à Helena Morna, je pense tout de
suite à ta voix chaleureuse et souriante mais pour toi quel est
ta marque de fabrique, ton truc en plus ?
Helena Morna : Merci c'est sympa ! Je suis naturellement
serviable et enthousiaste dans la vie, je suis naturellement
curieuse de l'autre c'est-à-dire que les gens m'intéressent. Je
ne fais pas de la radio pour moi mais pour les auditeurs. Si
j'ai apporté une information, un service ou un sourire, je suis
satisfaite !
Cette générosité naturelle, Helena Morna l'exprime pleinement
lorsque je lui demande qui elle me conseillerait d'interviewer à
Europe 1 lors d'une prochaine visite.
Helena Morna : Forcément Nathalie André, la nouvelle directrice
des programmes d'Europe 1. Laurent Cabrol aussi. Mais il y a
plein de personnalités super sympas dans cette radio… Maxime
Switek, c'est aussi quelqu'un de très sympathique. Mais il y a
aussi plein de gens intéressants dans cette radio qui ne parlent
pas à l'antenne : les filles de l'accueil avec toutes les
personnes qu'elles ont vu passer, les gars de la sécurité, les
équipes techniques et même les gens du ménage !
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