Pour qu'une radio fonctionne, il ne faut pas que des animateurs et journalistes, il faut aussi toute une équipe en coulisses. Nicolas Lejeune fait partie de ces personnes sans qui rien ne serait possible. Après avoir fait un peu d'animation et beaucoup de réalisation, il est aujourd'hui responsable du service production de RFM. Rencontre avec un homme passionné au métier méconnu…

Avant de vous parler du métier de producteur, permettez-moi de vous présenter Nicolas Lejeune en quelques lignes. Son parcours radiophonique débute en juillet 2011 sur Radio Latitude à Troyes comme animateur-réalisateur-DJ et travaille sur l'habillage de l'antenne. Il y restera 2 saisons. Mais en parallèle, dès décembre 2011, il devient aussi réalisateur pigiste pour Rire et Chansons et occupe le poste d'animateur local sur NRJ Troyes le temps de l'été 2012. Il travaille aussi pour Fun Radio à partir de novembre 2012 notamment comme réalisateur de "Party Fun".

En janvier 2014, il fait ses débuts à RFM. Il commence comme réalisateur et producteur du "Meilleur des réveils", la matinale présentée par Bruno Roblès et Justine Fraïoli. A la rentrée 2014, il réaliste la tranche de flux animée par Albert Spano et travaille sur la planification de nuit et la planification publicitaires.

En juillet 2016, il arrive à la production de "RFM Night Fever" aux côtés de Pat Angeli et retrouve la matinale comme réalisateur et producteur avec Albert Spano et Élodie Gossuin. De 2016 à 2018, il anime même "le Premier réveil", la prématinale de RFM diffusée de 5h00 à 6h00.

Nicolas Lejeune : Produire Albert et Elodie a été une belle opportunité. Et lorsque la station s'est mise à chercher quelqu'un pour le 5h00-6h00, j'ai voulu saisir cette autre opportunité. J'étais déjà à la radio à cette heure-là. Et puis, j'avais gouté à l'animation sur une radio locale, ça me déménageait d'y retourner. Cela a été super à faire durant 2 ans car la prématinale avait une ambiance particulière et il y avait un lien spécial avec les auditeurs.

En juillet 2018, RFM lui confie la réalisation et la production du "16-20 RFM" désormais présenté par Pat Angeli et Marie-Pierre Schembri. Puis en aout 2022, RFM le nomme au service de production. A la même période, il cesse ses fonctions de formateurs au Studio Ecole de France où il exerçait de puis septembre 2018.

Un travail entre communication et artistique avec un dose de technique…

RFM compte une équipe de quatre producteurs dirigée par Pascal Lefebvre qui est aussi directeur d'antenne désormais. Nicolas Lejeune s'est donc vu confier la gestion du quotidien pour le décharger. Chacun dispose d'un petit bureau-studio bien insonorisé pour travailler.

Peuleux : En quoi consiste le travail du service production de RFM ?

Nicolas Lejeune : Nous gérons l'habillage de l'antenne, toutes les autopromotions de la radio et nous travaillons sur la productions des émissions comme "Radio Manœuvre" de Philippe Manoeuvre, "1 heure avec" de Bernard Montiel ou "RFM Night Fever" présenté par Pat Angeli. J'essaye d'élargir mon champ d'action en travaillant sur des grosses émissions comme "les nuits" ou récemment la délocalisation chez Christophe Maé.

En revanche, c'est une société extérieure qui conçoit et réalise tout l'habillage antenne de base selon les textes et commandes du service production. Certains éléments ainsi produits serviront de matière première aux éléments sonores créés par les producteurs. Ce sont sur ces mêmes éléments que les producteurs posent les textes des deux voix antenne de RFM, François Berland et Frédérique Labussière.

Peuleux : Comment travaillez-vous avec les voix antenne ?

Nicolas Lejeune : François Berland et Frédérique Labussière sont deux super voix-off et de vrais comédiens avec qui j'adore travailler. Nous avons deux séances d'enregistrement par semaine où ils s'installent dans une cabine dite "Speak". Je m'éclate dans cette direction de comédien. Et je mets un point d'honneur – peut-être parce que je suis encore jeune mais avec déjà un peu de bouteille en radio – à apporter un nouveau jeu dans les voix avec plus de finesse et non un ton surjoué.

Lorsqu'il y a des opérations spéciales, le service production reçoit une présentation environ 4 semaines avant le jour J. Il faut alors travailler sur les textes des éléments de promotions à l'antenne, les proposer aux partenaires, travailler sur la stratégie de communication. Il faut aussi parfois faire le lien avec la programmation musicale. Un travail qui demande des contacts avec beaucoup d'intervenants différents internes et externes.

Le service production gère aussi la mise en ligne des replays et podcast.

Nicolas Lejeune : J'adore le fait d'être tantôt "enfermé dans mon bureau" tantôt "d'être en studio"… Nous abordons à la fois des aspects publicitaires et artistiques avec une bonne dose de technique.

Peuleux : Parmi les émissions que vous produisez, il n'y a pas la matinale ?

Nicolas Lejeune : La matinale est à part en tant que prime time en radio. Elle dispose d'un producteur spécifique même si nous avons un œil dessus avec Pascal Lefèbvre. Depuis peu, c'est Nicolas Bouvard, un excellent producteur venu de Virgin Radio, qui en a la charge et c'est pour lui un travail à plein temps.

La production de "RFM Night Fever" en autonomie…

Parmi les émissions produites par son service, Nicolas Lejeune a la charge de "RFM Night fever" depuis 6 ans. Une "belle aventure" pour laquelle le jeune producteur se réjouit d'avoir réussi à trouver "la version la plus complète" avec Pat Angeli. Il faut dire qu'au début, le binôme recevait la programmation musicale et mixait l'émission partiellement. Aujourd'hui, il est arrivé à un mode de fonctionnement où Nicolas a obtenu de faire la programmation musicale lui-même en argumentant de sa capacité à donner un tempo plus fluide à l'émission. Les deux compères ont aussi introduit des versions inédites ou oubliées de tubes et Nicolas use de ses logiciels pour retravailler des introductions de chansons - en jouant sur les différentes pistes des instrument - avant que Pat y pose sa voix avec l'enthousiasme et le dynamisme qu'on lui connait.

Peuleux : Le talent de Pat sur les introductions lui a valu d'être invité dans l'émission "C à vous" de France 5 après que l'une de ses prestations filmées sur un titre de Madonna ait fait le buzz…

Nicolas Lejeune : C'est un exercice que nous faisons pourtant tous les vendredis et samedis mais pour nous ne savons quelle raison, cette prestation sur Madonna a fait le buzz. Nous étions hyper contents de ce coup de projecteur sur une émission diffusée à des horaires peu écoutés en radio. Pour le producteur que je suis, mec de l'ombre, le fait que Pat me cite sur France 5 était hyper sympa !

La production de "RFM Night fever" avec ses 8 heures d'antenne hebdomadaires est la partie la plus prenante du travail de Nicolas Lejeune. Il doit fournir 8 heures d'émission par semaine sans exception. Et pour préparer ces deux émissions par semaine, il faut une semaine de travail. Du lundi au jeudi, Nicolas travaille "sans pression" sur la programmation et les mixes pour que Pat puisse enregistrer ses interventions le jeudi et le vendredi. Puis le vendredi, une fois tout monté, il charge les émissions qui passeront à l'antenne le vendredi et samedi de 22h00 à 2h00.

Peuleux : Le fait que Pat Angeli se filme pendant ses interventions pour les réseaux sociaux vous apporte quelque chose ?

Nicolas Lejeune : Je vais m'attirer les foudres de ceux qui pensent que la radio ne devrait pas être filmée mais je crois qu'il faut vivre avec son temps et que c'est un plus apporté à notre média vieillissant. Et un super support de communication. Notre métier reste le son mais nous sommes aussi là pour divertir. D'ailleurs sur l'émission "Comme à la maison" avec Christophe Willem diffusée le 5 avril 2023, nous avons produit un beau travail tant en radio qu'en vidéo sur le digital ce qui montre une autre facette de la radio.

Et lorsque je parle des prochains projets du service production sur lesquels il travaille, Nicolas Lejeune me répond "c'est secret !". La seule chose qu'il puisse dire c'est que le travail sur la fin de la saison est déjà bien avancé et que les regards sont déjà tournés vers la rentrée 2023…

LE 9 A LA SUITE D'HISTOIRE(S) RADIOPHONIQUE(S)

Si je devais interviewer une autre personnalité radiophonique, vers qui m'orienterais-tu ?

Bruno Guillon. Je le trouve éminemment sympathique et je n'oublierais jamais qu'il faisait le tour de la table pour venir me saluer à mes débuts à 18 ans sur Fun Radio.

Les voix ou les émissions de radio qui ont marqué ton enfance ?

Tout a commencé finalement avec Maurad sur Europe 2. Après, comme toute ma génération, naturellement Difool sur Skyrock. Un sentiment de liberté incroyable et les débuts de la radio filmée. En les voyant se marrer dans un studio dans la peine ombre, je me suis dit que ça devait être sympa comme métier. 

La plus belle rencontre radiophonique ?

Je crois que c'est arrivé il y a à peine 2 ans. Grace à Stéphane Bosc, j'ai eu la chance de produire "les Ardinights", une sorte de battle autour de la musique et très libre dans le ton présentée par Thierry Ardisson. Cela m'a remis du challenge de devoir travailler avec un gars réputé pour être exigeant et pas forcément très facile. Et j'étais un peu flippé face à cette immense carrière audiovisuelle. J'ai découvert un mec hyper sympa avec une bonne mémoire des gens, il a été capable de me ressortir mon nom et des anecdotes sur notre première rencontre ce qui était fou pour moi. On a passé deux fabuleuses soirées qui resteront gravées. 

La pire rencontre radiophonique ?

Dans une ancienne radio plus jeune, j'ai rencontré des gens qui viennent saluer et d'autres non…. Je mets un point d'honneur à être sympa avec tout le monde, j'adore les gens, j'aime dire "bonjour – merci – au revoir" et je trouve fou quand un mec qui travaille sur une matinale ne dit systématiquement pas bonjour à celui qui vient de faire la nuit parce qu'il est le clampin de la nuit. A 18 ans cela m'a étonné…

Le plus beau souvenir en radio ?

L'émission spécial crée pour Juliette Armanet dans le studio Pierre Bellemare. Nous avions créé un univers spécial pour elle et Juliette nous l'a rendu formidablement bien. C'est une artiste complète. Elle nous a remercié 500 000 fois et nous aussi nous l'avons remercié 500 000 fois. En plus, il y avait une communion entre tous les corps de métiers au sein de la radio. Très bon souvenirs ! 

Quand tu n'es pas à la radio, écoutes-tu la radio ?

Et dans 5 ans ?

Pour être honnête, peut-être plus de radio. Je crois qu'il faut savoir faire autre chose. Et je suis énormément attiré par la télé, cela m'intéresse véritablement notamment les grosses émissions comme "The Voice" ou l'Eurovision, pas pour les chansons mais pour la technique de ces émission avec des centaines de personnes en coulisses. J'aimerais bien trouver une passerelle vers la téle ou la vidéo sur le web… Ou du spectacle… Sinon la pâtisserie (rire) !

J'aime bien tourner des pages et cela se voit dans mon parcours. Je m'ennuie vite parce que je m'intéresse à plein de choses. C'est probablement un défaut de ma génération mais j'aime pousser les murs… Et je trouve que j'ai plutôt bien réussi à le faire depuis mon arrivée sur RFM…