Peuleux | Le monde de Spirou et Fantasio

 ENTRETIEN AVEC...  MAX | 08/08/2016

Pour beaucoup d'entre nous, il reste l'un des animateurs marquants dans la bande FM des années 1990-2000. Arrivé par la petite porte à Fun Radio, Max a marqué la station par ses libres-antennes délirantes et ses choix musicaux. Si Max rime souvent avec "StarSystem", il a animé d'autres émissions de radio libre et participé à la culture rock et techno de toute une génération. Rencontre avec un mythe radiophonique !

 

8 août 2016, le Soleil baigne la baie de La Baule. Ayant repéré que Max était en vacances à quelques minutes de mon lieu de villégiature, je le contacte (au culot) et il accepte de répondre à mes questions. Nous nous retrouvons alors dans un restaurant de plage de La Baule. Presque les pieds dans le sable, il parle de son parcours sans nostalgie, s'étonne de sa notoriété persistante et évoque ses projets.

 

Max exprime mon côté foufou !

 

Avant de revenir sur le parcours et l'avenir de Max, j'ai voulu savoir pourquoi il s'appelait Max car son vrai prénom est Franck. Et qu'entre Franck et Max, il y a eu Alvin.

Max : J'ai commencé sur Fun en novembre 1988 comme Super Franck qui est mon vrai prénom. Pas Super mais Franck ! J'ai débuté avec Bill Codebarre (aussi connu sous le pseudo de Bill Debruge, actuel matinalier de France Bleu 107.1). Comme j'étais au four et au moulin, on m'a surnommé Super Franck. Et puis j'ai commencé à faire un peu d'antenne seul sous le pseudonyme d'Alvin, Alvin étant un personnage de bande-dessinée. A l'époque c'était à la mode de prendre un pseudo tiré du neuvième art comme Zarkof, Difool, Bill Codebare).

Peuleux : Et Max est arrivé comment ?

Max : Quand Fun Radio a voulu jouer sur le succès des libres-antennes, le "Fun Live" que j'animais s'est retrouvé programmé de minuit à 1h00. Comme j'étais apprécié en interne, on m'a demandé de réaliser la libre-antenne des "Filles" qui prenait place dans la grille entre "Lovin'Fun" et "Fun Live". A l'époque, je disais des conneries hors antenne, les filles m'ont poussé à les dire à l'antenne et progressivement le personnage de Max est né. Au final, Max est devenu plus connu qu'Alvin et est devenu un personnage important de l'émission "les Filles". Au bout de deux ans, Julia a quitté Fun Radio et le duo Max-Génie est arrivé à l'antenne renforçant encore mon personnage de Max.

 

A une époque, Max a même eu un nom de famille, Campo. En effet, il voulait distinguer Max l'animateur de radio et télévision du Max DJ et homme de musique quand il a commencé à se lancer dans la production. Son nom d'artiste est une idée de sa femme. Mais très vite, la chose a été compliquée à gérer et Max n'ayant pas réellement poussé ses activités de production, le personnage est resté sans nom de famille.

A la base, Max est très timide et réservé. "Je pense que nous avons tous en nous un grain de folie et que Max exprime mon côté foufou ! Ça me permet un peu de faire la différence entre la radio avec Max et la vraie vie avec Franck. J'ai des potes qui gagnent très bien leur vie mais dans des boulots un peu chiants et qui pètent un plomb le week-end pour s'amuser. Moi je le faisais pendant 3 heures tous les soirs à la radio !

Peuleux : Tu n'as jamais eu envie d'aller à l'Etat civil pour que Max devienne ton prénom officiel ?

Max : Non, ça ne m'a jamais effleuré l'esprit.

 

Mon émission de radio était conçue pour faire jouer l'imaginaire

 

Peuleux : Tu dis être timide, je me souviens qu'au lancement de Fun TV, tu masquais l'objectif de la caméra ou tu mettais dans le noir tandis que tes photos dédicacées étaient faites de dos.

Max : Non ce n'était pas par timidité. Mon émission de radio était conçue pour faire jouer l'imaginaire. D'ailleurs la radio s'écoute et la télévision se regarde. Pour moi, l'arrivée des caméras cassait le charme de la radio. Quand je voyais mes potes de la tranche musicale de l'après-midi filmés casque sur les oreilles à se décrotter le nez derrière le micro, je trouvais ça horrible. Du coup, j'ai décidé de ne pas casser l'ambiance de l'émission pour l'audience confidentielle qu'avait Fun TV à l'époque donc j'ai baissé la lumière. Je ne veux pas croire qu'aujourd'hui un projet radio ne puisse pas fonctionner sans devoir penser à l'image. Pour moi, il faut un bon micro et une bonne console avec un bon agencement. Je mettrai peut-être une caméra dans le studio mais j'allumerai quand j'en ai envie.

 

Nous ne rêvions pas à tout prix d'avoir notre show…
Nous étions bien là où nous étions.

 

En 1988, Franck voulait travailler dans la musique avec des artistes. Lors d'un stage dans les Yvelines, un pote l'incite à contacter Fun radio qui cherchait du monde. Franck connaissait à peine la station de nom et n'était même pas très radio à l'époque. Il se rend au siège de Fun Radio à Neuilly-sur-Seine, rencontre un responsable d'antenne et Thierry Lamy [NDLR : le vrai nom de Bill] avec qui le courant passe bien. C'était un jeudi, il a commencé le lundi suivant.

Peuleux : Comment expliques-tu ta progression des coulisses à la console et au micro ?

Max : A l'époque c'était plus facile, c'était déjà de la radio professionnelle mais il y a avait encore une part "d'amateurisme". Du coup, on donnait plus facilement sa chance aux gens. Il y avait moins la pression des audiences, on s'amusait plus et si tu avais un peu de tchatche tu pouvais vite faire des remplacements le week-end, la nuit ou durant l'été. On faisait cela comme ça, sans chercher à faire carrière comme c'est beaucoup plus le cas aujourd'hui. Je me souviens avoir connu Camille Combal au standard qui était là pour réussir. Je ne critique pas la démarche du tout mais, à l'époque, je n'étais pas du tout dans cette démarche. Quand on a commencé avec Manu Lévy, nous ne rêvions pas à tout prix d'avoir notre show ou de prendre la place d'untel ! Nous étions bien là où nous étions. Aujourd'hui, on te demande d'avoir de l'expérience toute de suite, c'est donc plus compliqué sauf à tomber sur des animateurs comme Difool ou moi qui ont envie de mettre en valeur leurs assistants.

 

Max rime beaucoup avec StarSystem et la légende est née de la remarque d'un auditeur un soir :

Max : Il me disait que je me la pétais comme si j'étais dans le star system. Je lui ai alors répondu "je ne suis pas dans le star system, je suis le star system". Et là, j'ai demandé à tout le monde de ne plus m'appeler Max mais le StarSystem jusqu'à la fin de l'émission. Et certains auditeurs qui sont passés à l'antenne ont joué le jeu. Et le lendemain aussi. En fait, c'est partie d'une joke avec son côté deuxième degré hautin, "je me la pête et je suis le meilleur". Le lendemain quelques-uns ont continué à m'appeler le StarSystem jusqu'à ce que cela devienne finalement le nom de l'émission.

 

Fun Radio : C'était vraiment la liberté !

 

Peuleux : Pour nos jeunes lecteurs qui ne te connaissent pas, quel était le concept de "Max le StarSystem" ?

Max : Je ne cherche pas à le définir. Le terme qui conviendrait le mieux c'est la radio libre mais selon le sens qu'on lui donnait à l'époque et qui n'a plus lieu d'être aujourd'hui. La radio libre ou libre antenne que je faisais, c'était vraiment la liberté : je finissais à l'heure que je voulais, j'invitais qui je voulais, parfois je mettais la pub quand je voulais… C'était les rouages de la radio des années 80 alors que nous étions dans les années 90. Même dans les années 2000, j'avais cette liberté d'expression alors que Fun Radio s'était beaucoup professionnalisée et avait la pression des audiences.

L'émission marchait bien puisqu'entre 22h00 et minuit, elle pouvait dépasser le million d'auditeurs en audience cumulée. Avec Génie, le talk pouvait commencer à 400 000. "J'ai retrouvé des sondages où j'étais à 200 000 au quart d'heure moyen à minuit et encore à 100 000 à 1h30 du matin !"

Peuleux : On en a passé des nuits blanches à cause de toi !

Max : J'avais la liberté d'arrêter l'émission quand je voulais. L'objectif était d'aller jusqu'à 2h00 mais il m'arrivait d'aller plus loin… Une fois, j'ai fini à 4h00 ! Et côté musique, j'étais libre aussi : je pouvais passer un Laurent Garnier et 30 minutes plus tard balancer un Jacques Brel ! Pour moi, c'est ça la radio libre.

Peuleux : Tu as essayé de faire revivre plusieurs fois le StarSystem…

Max : Une fois à la radio sur Oüi FM et pour le coté avant-gardiste du podcast, j'avais essayé en 2007 sous cette forme. Mais en podcast ce n'était pas vraiment "Le StarSystem", c'était plus pour renouer avec l'esprit de la bande du morning "Ce n'est pas trop tôt" avec Magloire, Jérôme Anthony et Jérémy Michalak. On enregistrait ça au Studec. Sur Oüi FM pendant quelques semaine [NDLR : en 2015], on a ressuscité "Le StarSystem" plus de 10 ans après. C'était de 22h00 à minuit avec une grosse liberté malgré la publicité et la musique. J'avais la même liberté qu'à l'époque même si je devais impérativement finir à minuit parce qu'il y avait une autre émission derrière. Les dirigeants de Oüi FM qui m'ont fait venir sont des auditeurs de l'époque donc ils savaient ce que j'allais faire ! J'ai commencé en faisant ce que je savais faire puis je me suis un peu plus lâché. Je n'ai jamais eu une remarque des dirigeants de la radio sur ce que je disais. Ça a duré un mois et demi jusqu'à l'été. Cela aurait pu se poursuivre à la rentrée mais il n'avait pas le budget. L'expérience s'est donc arrêtée là mais sur la fin il y avait les parfums, sans nostalgie aucune, de ce que j'ai pu faire sur Fun Radio.

A la rentrée 1988, Max bascule du soir à la matinale. A l'époque, Fun radio ne fonctionnait plus aussi bien qu'avant : les audiences étaient en chute. Axel Duroux qui dirigeait alors la station lui propose de jouer sur sa notoriété – depuis le départ de Difool, Max reste la seule grande "vedette maison" – pour relancer les audiences de cette tranche vitale pour les radios. Après 30 minutes de discussion, Max accepte le défi sachant que malgré les contraintes induites par une matinale, il aura une grande liberté.

Max : J'ai récemment réécouté des archives, c'était pas mal comme morning mais cela a complétement déstabilisé la radio. Le soir ne fonctionnait pas et le mec qui me remplaçait s'est fait jeter après être parti en cacahuètes. On m'a donc demandé de revenir le soir. A partir de là, ça n'a jamais était pareil, je continuais à faire des bons chiffres mais Difool en avait profité pour marquer des points sur Skyrock. La machine a été dure à reprendre.

 

A la rentrée 2001, Mélanie Angélie vient le rejoindre à l'antenne. Lorsqu'on lit des articles, on a le sentiment que Fun radio a mis une petite jeune pour calmer un peu Max et le cadrer avant que les choses ne reviennent à la normal après une saison.

Max : Non rien à voir. Je vais être transparent : le soir, je commençais à m'essouffler un peu et les audiences aussi. Le directeur général de l'époque m'a alors demandé ce que nous pouvions faire et m'a proposé de travailler en duo. Je savais au plus profond de moi que ce n'était pas ma came mais je me suis dit que je n'avais pas la science infuse et qui ne tente rien n'a rien. J'ai donné un accord de principe : j'étais d'accord pour lancer des castings et si je tombais sur une personne intéressante avec du potentiel, nous pourrions mettre en place un duo. Nous avons fait des essais avec sept ou huit nanas et c'est très bien passé avec Mélanie. Le duo a bien démarré mais, sans qu'il n'y ait aucun problème entre nous, il n'y a jamais eu de vrai feeling dans le duo. Ça peut arriver. Sur la fin, j'ai senti que ça ne se passait pas comme je le voulais ni comme elle le voulait probablement. Alors j'ai indiqué à la direction que je voulais arrêter le duo. La direction de Fun Radio avait donc deux solutions : me laisser seul à l'antenne ou la laisser seule. J'ai alors repris l'émission en solo après minuit et le duo s'est arrêté à la fin de la saison.

En parallèle de la libre-antenne sur Fun Radio, Max a pu aussi revenir à tes premières amours avec la musique. Dès que le personnage de Max a bien marché et qu'il a mesuré sa liberté d'action, il a pu faire découvrir un certain nombre d'artistes rock et techno. Ensuite, il a réussi à imposer des émissions comme "Ballades nocturnes" ou "Musiques de nuit" auxquelles il tenait. "Aujourd'hui, je mixe beaucoup moins, c'est plus à titre amical. Je vais retravailler sur des projets qui vont me permettre de faire découvrir à nouveaux des artistes, des sons et des styles en me faisant plaisir…"

 

J'étais fatigué… je suis parti de Fun sans émotion...

 

Le 23 décembre 2005, Max a quitté Fun radio en souhaitant de bonnes vacances à ses auditeurs. Mais à l'issue des fêtes de fin d'année, Fun Radio a lancé une nouvelle émission présentée par Sophie Gaillard. Les auditeurs étaient furieux. Max s'est exprimé à plusieurs reprises sur ce départ mais j'avais envie de lever le voile sur le mystère qui plane encore malgré tout...

Max : Depuis deux à trois ans, l'émission marchait bien même si les audiences étaient moins bonnes qu'avant. Je m'essoufflais un peu, je me fatiguais. Cela faisait plus de 15 ans que j'étais le soir, j'avais envie d'avoir des soirées… Et depuis deux-trois années, la rumeur courait que j'allais arrêter le soir voire même arrêter la radio. A la rentrée 2005, Sam Z devient le patron de Fun. Ayant entendu cette rumeur, il m'en parle. Il me dit qu'il me sent fatigué mais ne voit pas où me mettre ailleurs dans la grille des programmes. Moi, j'étais prêt à faire uniquement le minuit-3h00 quitte à perdre 30% de mon salaire. Il a su trouver les mots pour que je reste à l'antenne dès 22h00. Mais dès octobre-novembre, j'ai senti que cela n'allait pas. Or à cette époque, il se disait que RTL Group avait une grosse enveloppe pour faciliter des départs. Sam Z me l'a confirmé et en 10 minutes nous sommes tombés d'accord. Nous étions début décembre et je ne voulais pas partir de l'antenne du jour au lendemain, je lui ai donc demandé d'aller jusqu'à la fin de l'année. Les yeux dans les yeux, je lui ai donné ma garantie de ne pas prendre l'antenne en otage comme Arthur. Comme il me connaissait bien, il savait que je déteste cracher dans la soupe et je lui ai dit que jusqu'à la dernière seconde, personne ne pourrait se douter que je partais. J'ai fini le 23 décembre en souhaitant bonnes vacances aux auditeurs. J'ai pris mes affaires et, sans émotion, je suis parti en vacances pour les fêtes de fin d'année. Début janvier, je suis passé à 10 mètres de la radio en allant rejoindre des amis et je n'ai eu aucune nostalgie. J'étais bien. Après coup, j'ai regretté de ne pas l'avoir dit aux auditeurs. Et avec beaucoup d'années de recul, je regrette de ne pas avoir fini la saison ou d'avoir entamé celle-là. C'est une erreur.

Peuleux : Tu n'as pas eu envie de faire la fête avec les auditeurs pour la dernière émission ?

Max : Je l'aurais fait si j'avais été jusqu'à la fin de la saison mais en milieu de saison, non.

Peuleux : Ton départ a provoqué un sacré bazar quand même ! Tu as d'ailleurs dû revenir au micro de Fun radio dans l'émission de Sophie Gaillard pour calmer le jeu face aux critiques et insultes de certains auditeurs…

Max : Oui j'ai été très gentleman c'est vrai (sourire), elle en a bavé la pauvre ! Si j'avais annoncé mon départ quelques jours avant cela aurait été pire. Mais quelques jours après mon départ, j'en ai parlé au micro de Mikl sur NRJ puis je suis effectivement revenu sur Fun Radio dans l'émission de Sophie. La direction de Fun savait que je ne cracherai pas dans la soupe. Tout ce que je te dis aujourd'hui, j'en ai parlé depuis mais lors de mon passage au micro de Fun ou de NRJ seulement quelques jours après mon départ, je ne pouvais dire que j'étais parti avec un chèque. La roue tourne et cela ne sert à rien de se froisser avec des gens qui ne t'ont pas fait de mal !

 

Sur Ado FM, je ne voulais pas travailler avec des bouts de ficelle

 

Après Fun Radio, Max est allé plusieurs fois sur Radio Néo mais sans y rester. Les patrons de cette radio associative étaient des auditeurs de l'époque. Ils n'avaient pas d'argent mais lui ont proposé de venir faire le con le jeudi après Maurice. "C'était avec les moyens du bord mais j'ai pu inviter tous les DJ que je voulais. Je n'avais aucune contrainte musicale. J'ai fait trois ou quatre émissions avant l'été puis six ou sept mois la saison suivante".

Après il y a eu le morning d'Ado FM : "J'avais gardé un bon souvenir du morning sur Fun et j'avais envie de me tester à autre chose alors j'ai dit oui à Bruno Vitex qui a été mon directeur d'antenne à Fun et qui était responsable dans le groupe Start".

Au bout de 5-6 mois, l'équipe avait trouvé un bon rythme et les audiences suivaient mais l'émission n'a pas été renouvelée. Le directeur d'Ado FM avait changé et Max devait leur couter trop cher. "Je produisais l'émission avec une équipe de sept personnes et je ne voulais pas travailler avec des bouts de ficelle".

 

Peuleux : Revenons à ton aventure de l'époque dans le podcasting…

Max : J'ai testé parce que j'entendais parler de plus en plus d'Internet. Il y avait aussi l'avantage d'enregistrer en journée et de pouvoir manger avec mes potes le soir. J'avais rappelé mes complices du morning de M6. Mais il n'y avait pas le même engouement pour le podcast qu'aujourd'hui où tu peux les écouter sur ton smartphones. Je ne vais pas dire que nous étions avant-gardiste en 2007… Personnellement, j'aime écouter et faire des émissions en direct alors que les gens veulent de plus en plus pouvoir écouter au moment qui leur convient. Moi, j'imagine mes émissions le soir et le podcast vient en plus pour réécouter.

 

Entre podcasts et webradios, de nouveaux défis tournés vers le sport

 

Après son départ de Fun radio, Max a aussi travaillé pour plusieurs webradios. Roberto Ciurleo et Emmanuel Jayr, deux anciens de NRJ, l'embauchent à Goom médias pour développer différents projets dont la radio du Paris-Saint-Germain qu'il créé de A à Z. A l'époque, Goom gérait plusieurs radios de marque dont SNCF Radio. On m'a demandé d'être le joker d'Alexandra Kazan qui faisait une émission en fin d'après-midi. C'était une bonne émission de FM avec des moyens de FM et une bonne petite équipe de chroniqueurs mais pas en FM.

Peuleux : Nous parlions des radios de la SNCF et du PSG mais tu as aussi été sur la webradio Prysm…

Max : C'était aussi avec Goom médias mais avant. Comme je suis passionné de sport, ils m'ont demandé de créer la radio et j'y ai animé une émission le soir à l'image des shows de RMC aujourd'hui. Nous parlions avec tous les consultants de foot, de tennis… On parlait de sport en déconnant ce qui m'allait comme un gant et je m'y épanouissais totalement. L'émission s'est arrêtée et nous sommes rentrés en contact avec le PSG pour leur proposer de créer une radio au nom du club.

Peuleux : Et tu aimes véritablement le sport puisqu'après tu es parti sur Europe 1 Sport…

Max : J'ai pris la radio au tout début pour la créer et j'ai pris en charge la matinale de 6h00 à 10h00. C'était un vrai challenge, mon plus gros challenge radio parce qu'il fallait que je sois un vrai journaliste sportif alors que je ne le suis pas. J'arrivais à 4h00 du matin, j'avais beaucoup de préparation en amont la veille ou le matin. Parfois, j'avais des interviewes à enregistrer dans l'après-midi donc une organisation lourde. Mais un nouveau patron est arrivé, le projet coutait cher au groupe, il y avait un doublon avec les soirées sport d'Europe 1 et la radio s'est arrêtait. Le projet était sur le papier et à l'antenne hyper intéressant, Europe 1 Sport avait toute sa légitimité sur la bande FM. Hélas 4 mois après avoir démarré, nous apprenions que la radio s'arrêterait à la fin de la saison. Pas de chance. Mais ce fut une belle expérience.

Peuleux : Tu me fais penser à Jean-Claude Van Damme car en radio tu fais le grand écart entre la radio délirante et le sport !

Max : (rires) Je ne suis pas aussi barré que lui même si certains ont cru que je consommais de la drogue pour tenir le soir sur Fun en délirant autant ! Je suis passionné de sport et de musique, j'ai réussi à faire les deux même si aujourd'hui j'ai pris un virage très sport dans lequel je m'épanouie totalement. Mais si je vais peut-être prochainement revenir à ce que je faisais initialement à la radio…

 

Avec l'UEFA Euro 2016, beaucoup de gens ont découvert que Mac était le speaker de l'Equipe de France de Football. Là encore, l'aventure a débuté par les anciens du "StarSytem" : c'est Pauline, l'une des assistantes de Max à l'époque, qui travaillant dans un cabinet de chasseurs de têtes l'a contacté : "Je sais que tu es un taré de foot, nous sommes chargé de proposer à la Fédération française de football cinq à six noms de personnes susceptibles de devenir le speaker de l'Equipe de France, est-ce que tu veux faire partie de la liste ?". Max trouve la proposition marrante et valide le dossier qu'a préparé Pauline. Après plusieurs entretiens et essais à la Fédération, il a été retenu et l'aventure dure depuis 6 ans.

Max : Ce qui est amusant c'est que parmi les dirigeants français de l'UEFA, il y a des anciens auditeurs ce qui fait que le "StarSystem" me sert beaucoup aujourd'hui dans mes projets. Il en est de même dans le monde de la radio où des anciens auditeurs à des postes importants m'appellent pour travailler avec moi !

 

Ce qui me fait plaisir et me motive, c'est que les auditeurs me réclament

 

Peuleux : Pendant l'Euro, tu as été invité dans de nombreuses émissions de radio : la matinale de Thomas Sotto sur Europe 1 (deux fois), "RTL Grand Soir", RMC… Ça t'a donné envie de remanger du micro ?

Max : Oui et la matinale de Wendy Bouchard sur Europe 1 aussi et pas mal de télévisions… J'étais un bon client : un gars de radio (donc un invité qui sait tchatcher) et le speaker de l'Equipe de France qui fait un beau parcours dans une compétition qui se déroule en France ! Et oui bien sûr ça m'a donné envie. Mais je n'ai pas attendu l'Euro pour en avoir envie. Ce qui me fait plaisir et me motive, c'est que les auditeurs me réclament sur les réseaux sociaux alors que je n'ai pas une actualité particulière. J'ai passé la barre symbolique des 10 000 abonnés sur Facebook avec des vrais fans de l'époque qui en messages privés me demandent pourquoi je ne suis pas à la radio et quand je reviens. En fait, j'ai un projet sur lequel je cogite depuis très longtemps, 7-8 ans, qui s'en va et revient selon mes occupations. Depuis un an, ce projet a beaucoup muri dans ma tête. Depuis 6 mois, un de mes anciens patrons de Fun Radio qui en a marre de m'entendre dire que je vais le faire me pousse au cul. Logiquement, le projet va voir le jour courant septembre [NDLR : cela devrait plutôt être à l'automne 2016]

Peuleux : QCM : une libre-antenne, une émission musicale ou une émission de sport ?

Max : Une libre-antenne !

Peuleux : Deuxième QCM : sur la FM, sur la RNT, en podcast et banque de programmes ?

Max : En FM : non. En RNT : non. En podcast : non. En direct sur Internet !

Peuleux : L'émission sera-t-elle reprise par des radios ?

Max : Non, elle ne sera pas syndiquée !

Peuleux : Et via des sociétés d'édition de programmes ?

Max : Non plus, je ne me vois pas enregistrer une émission en journée pour une diffusion le soir. Et puis, tu ne maitrises pas la diffusion alors que ton émission peut être reprise sur une radio locale sans que tu saches ce qu'ils font autour… Je ne ferme pas la porte à l'idée mais aujourd'hui, je ne suis pas convaincu de pouvoir le faire.

 

Pour Max, Internet offre aujourd'hui la possibilité de faire des choses assez intéressantes. Si la FM fonctionne encore bien, depuis 2007, les podcasts ont énormément évolué avec la possibilité de les écouter sur les smartphones. Max ajoute : "Des gens que je connais dans le milieu de la radio pensent que la FM va énormément diminuer d'ici 4 ans".

Max : Ce qui m'a poussée dans ma réflexion et motivé, c'est que tu n'as plus besoin d'être derrière ton ordinateur chez toi. Il te suffit d'avoir un smartphone et une application dessus pour pouvoir télécharger des émissions. Tu balades ton téléphone aussi facilement que tu balades une petite radio…

Peuleux : Quel style de libre-antenne prépares-tu ?

Max : Si je refais de la radio ce n'est pas pour faire de la nostalgie, ce sera pour faire une libre-antenne aussi libre que lorsque j'étais sur Fun radio, avec une liberté qu'on a du mal à trouver aujourd'hui sur les ondes. Je serais mon propre patron, je passerai la musique que je veux, j'inviterai qui je veux… J'ai envie de retrouver cette liberté totale. J'ai envie de m'amuser sérieusement.

Peuleux : Tu travailles au Studio école de France (ex Studec), c'est par envie de transmettre à la nouvelle génération d'animateurs ou c'est alimentaire ?

Max : Ce n'est pas ça qui me rapporte le plus d'argent dans l'année (sourire). Au départ, je l'ai fait très occasionnellement puis on m'a proposé de le faire plus régulièrement sur l'année. Au fil du temps, je prends de plus en plus de plaisir à le faire et à transmettre. En toute modestie, ma génération s'est faite un peu toute seule en radio même si nous avons eu quelques conseils. Du coup, j'avais l'intime conviction que je n'avais rien à transmettre. Et en donnant quelques cours, je me suis rendu compte qu'il y avait beaucoup de choses à faire. D'ailleurs, dans mes nombreux projets, j'ai été puisé dans ce vivier qu'est Studec. J'ai aussi appris de ces jeunes qui ont du talent et qui maitrisent les réseaux sociaux. C'est donc du donnant-donnant.

Peuleux : Comment se passe un cours avec Max ?

Max : C'est une session de 2 fois 3 heures le jeudi avec des deuxièmes années. Ils préparent une émission, un morning ou un talk-show d'après-midi, puis le font dans les conditions du direct pendant une heure. Ensuite je débriefe avec eux.

 

 



LE 8 A LA SUITE D'HISTOIRE(S) RADIOPHONIQUE(S)

 

Nota : Max n'étant plus sur les ondes, l'habituel "8 à la suite d'Histoire(s) radiophonique(s)" a été légèrement adapté à la circonstance...

 

Les voix ou les émissions de radio qui ont marqué l'enfance du petit Franck ?

Je ne suis pas trop un homme de radio au départ… Personne ne m'a vraiment marqué mais celle qui me vient à l'esprit c'est Pierre Bellemare avec ses histoires à 13h00 sur Europe 1. J'étais assez fidèle de ce mec qui savait raconter des histoires. C'est peut-être de là, mais aussi de Sacha Guitry, qu'est venu mon amour pour la libre-antenne et le fait de parler. J'ai commencé à écouter Bellemare à l'heure de la pause gamelle quand à 16 ans je bossais sur des chantiers pour mon père.

 

La plus belle rencontre radiophonique ?

Beaucoup vont s'attendre à ce que je parle de Gérard ou de Françoise . Et c'est vrai que ce sont des moments énormes mais j'ai plus envie de penser à des gens qui ont marqué mon enfance et que j'ai pu rencontrer grâce à la radio. Il y a deux artistes où je me suis fait plaisir : ACDC et Depeche Mode.

 

La pire rencontre radiophonique ?

Rien ne m'a marqué… (Il réfléchit)… Non franchement, il n'y en a pas eu.

 

Le plus beau souvenir en radio ?

Je ne vais pas me la jouer mais avec tout ce que j'ai pu faire en libre-antenne, c'est dur d'en choisir un… Mais je vais revenir sur la rencontre avec ACDC. A l'époque, nous cartonnions avec Génie le soir et ACDC était venu à Fun Radio dans les studios de Neuilly-sur-Seine. Il y avait 300 personnes devant la radio bloquant la contre-allée. La Police avait été obligée de venir. ACDC devait rester une heure, ils sont restés deux. Ils ne devaient pas jouer (consigne de leur manager), ils ont joué "Hight way to hell" et "Boom boom boom" de Johnny Hooker dont la version Fun Radio se vend aujourd'hui des centaines de dollars sur le net. Comme nous étions dans un petit studio, il a joué avec la guitare à la verticale. C'était démentiel ! Et ils étaient d'une gentillesse : ils sont restés je ne sais pas combien de temps devant la radio à signer des autographes et faire des photos avec les fans !

 

Le pire souvenir en radio ?

Max : Bien sûr, on en a beaucoup parlé, il y a eu l'arrêt brutal des débats de Gérard. Ça m'a marqué mais je dirais que cela a été plus difficile que de le classer comme pire souvenir. Tout et n'importe quoi a été dit sur ce qui s'est passé pendant et après. Cela a été difficile à gérer…

 

Quand tu n'es pas à la radio, écoutes-tu la radio ?

J'aime le sport et j'écoute beaucoup RMC. Ils font ce que l'on avait fait quelques années plus tôt sur Europe 1 Sport : ils parlent de sport avec un ton FM. Ils déconnent, il y a des habillages et de la production derrière. J'adore RMC à partir de 16h00. Je n'écoute quasiment plus que ça depuis 10-12 ans. Un peu de France Info quand j'ai besoin d'avoir de l'info rapide. Et quand je suis dans la voiture avec ma femme, c'est MFM, Nostalgie et RFM pour les vieux sons. Je n'écoute absolument jamais NRJ et Fun parce que la musique ne me convient pas. Jamais Skyrock ou juste quelques minutes pour écouter Difool qui habite près de chez moi, par sympathie. Je n'ai pas le reflexe FM pour la musique parce que huit disques sur dix font mal à mes oreilles…

 

Quand tu sortais de Fun Radio, que faisais-tu ?

Je rentrais chez moi direct. En général, 10 minutes après l'émission, j'étais parti. En arrivant, j'écoutais de la musique, je regardais la télé ou un film et je me couchais vers 6h00 du mat'. Des fois, j'allais chercher un titre dans ma discothèque parce que j'avais envie de la passer dans l'émission. Je n'allais jamais en boite ou boire un verre dans Paris.

Peuleux : Le StarSystem n'était pas dans le star system !?

Max : Je l'ai toujours dit. Après 5 heures d'antenne, j'étais rincé. Et même si nous improvisions beaucoup, nous arrivions quand même à la radio vers 16h00-17h00 pour préparer quelques petites choses. Alors après ça, sachant que c'était beaucoup de tchatche et que ça reposait sur mes épaules, je rentrais. Et des fois, je faisais une émission le samedi soir ou des mixes en plus des cinq émissions de la semaine !

 

Et dans 5 ans ?

Max : Je n'en sais foutrement rien ! Je ne me pose pas cette question, merci de me l'avoir posée ! J'ai des trucs qui me trottent dans la tête… J'espère qu'ils marcheront dans 5 ans. Le fait de travailler sur un projet plus personnel me permet de me dire que je vais plus m'amuser, sans ambition de succès ou de fortune. Je vais le faire sérieusement pour m'amuser.

Peuleux : Tu t'imagines revenir sur les ondes comme tes 10 000 fans en rêvent ?

Max : Je ne m'interdis rien mais je pense que la technologie fait qu'on peut se passer de la FM aujourd'hui.

Peuleux : Je repose la question autrement : qu'est ce qui ferait qu'un patron de radio arrive à te donner l'envie de venir retravailler à la radio ?

Max : J'ai failli revenir il y a un an et demi : Bruno Guillon m'a proposé de produire une libre-antenne pour le soir sur Fun Radio qui aurait pu être à l'antenne à la rentrée 2015. Nous avons fait un pilote que j'avais trouvé bordélique mais intéressant. J'adore Bruno qui apprécie mon travail et qui ne comprend pas que je ne refasse pas de radio. J'aurais pu aussi revenir sur Virgin Radio [NDLR : Max a présenté une libre-antenne mi-mai 2009 sur Virgin Radio durant la nuit sans tambour ni trompettes] mais le projet n'a pas vu le jour. Du coup, ces expériences, comme à Ado FM, m'ont servi de leçons : tu as beau avoir 20 ans de radio, être apprécié par le métier et les auditeurs, que tout le monde veuille de voir revenir… tu peux rester sur la touche. Mon problème est que j'ai gouté à un état d'esprit que j'ai contribué à créer qui est dur à refaire en FM aujourd'hui. Pour moi, la liberté est sur Internet aujourd'hui. J'ai fait un sondage auprès des gens qui me suivent, 94% de ceux qui ont répondu seraient prêts à me suivre sur le net. Et puis, les gens écoutent de plus en plus la radio via des applications sur leur téléphone. Moi, à part dans la voiture, j'écoute la radio sur mon téléphone ou mon ordinateur. Donc que je sois sur la FM ou Internet, ça ne change rien tant que c'est de la radio. Je ne suis pas focalisé sur la FM. Je préfère avoir 20 000 personnes qui m'écoutent sur le web que d'avoir une certaine reconnaissance sur la FM. J'ai la chance d'avoir une base puissante sur les réseaux sociaux avec des gens qui interagissent beaucoup avec moi sans avoir besoin d'acheter des faux likes.

Peuleux : Question "Capital", bienvenue sur M6 : quel serait le modèle économique de ton projet ?

Max : Eventuellement, ça serait de se faire aider par les auditeurs. Je n'ai pas dans l'idée de faire un abonnement mais si les gens veulent mettre de l'argent, ils pourront. C'est un projet qui coute de l'argent et du temps donc si à un moment le projet ne rentre pas dans ses frais, j'arrêterai. Aux Etats-Unis, les projets financés ainsi fonctionnent bien parce que les gens préfèrent payer pour aider un projet qu'ils apprécient que d'écouter des choses qui ne les intéressent pas. J'ai rencontré beaucoup d'anciens auditeurs qui sont dans ce type de fonctionnement pour comprendre la mécanique… J'ai la chance d'avoir une marque pour démarrer… le plus dur c'est la location du matos et du studio ! Mais j'y crois !

 

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Remerciements : Un grand merci à Max pour avoir accepté mon invitation pendant ses vacances et pour sa franchise. Je dois avouer que parmi toutes les personnalités radiophoniques que j'ai interviewées à ce jour, c'est avec lui que j'ai le plus stressé ! Merci aussi au serveur du Nossy Bé (La Baule) pour les photos | Crédits photos : Peuleux, Fun Radio, Oüi FM, Europe 1 Sport, Europe 1, IP Régies, Radio Néo

Cette interview a été rédigée avec les albums 'Musiques de nuit" et "Musique de nuit 2" dans les oreilles... Et c'était bon !

 

 

Pour aller plus loin...

Ado FM

Europe 1 Sport

Fun Radio

Radio Néo
 

Entretien avec...
Sophie Gaillard
       

dernière mise à jour de cette fiche le 09/09/2016


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