En une douzaine d'années, Maxime Switek est devenu l'une des
voix de l'information sur Europe 1. Il incarne désormais
l'actualité à la mi-journée quand il ne joue pas le joker de
Thomas Sotto. Arrivé dans la maison après avoir été lauréat de
la Bourse Lauga-Delmas, il officie à différents postes avant de
rentrer dans la lumière. Rencontre avec un journaliste modeste
et plein de talent…
Lundi 10 avril, il
est 14h10. Maxime Switek vient de terminer sa journée à Europe 1
après avoir présenté "Europe Midi" et le flash de 14h00. Avant
de partir en direction de la rue Oberkampf où se trouve le
studio de "C à vous", il s'installe à la terrasse de
la brasserie voisine pour déjeuner. Entre deux bouchées dans son
hamburger et deux frites, il prend le temps de répondre à mes
questions.
Né à Seclin (dans le
Nord) en 1980, Maxime Switek est d'une famille où la radio est omniprésente puisque ses parents
écoutaient beaucoup la radio. Enfant, il adorait finir sa nuit
dans le lit parental pour écouter les informations. Lorsqu'il
pense à son avenir professionnel, le jeune Maxime rêve de
devenir journaliste à la télévision. C'est avec cette idée qu'il
débute ses études au CFJ (Centre de formation des journalistes)
de Lille. Maxime fait ses premières armes journalistiques à La
Voix du Nord et travaille dans plusieurs locales autour de Lille
pour financer ses études.
Il
rentre à Europe 1 en gagnant la Bourse Lauga-Delmas
Mais
Gérard Courchelle, responsable de la filière radio au CFJ, pense
que l'étudiant journaliste doit absolument faire de la radio.
Après des semaines et des semaines de discussions, Gérard
Courchelle arrive à le convaincre. 15 jours après sa sortie du
CFJ, Maxime Switek commence à Europe 1. L'arrivée de Maxime
Switek se fait d'une manière originale : en gagnant l'édition
2005 de la Bourse Lauga-Delmas, une sorte de concours de talents
journalistiques organisé par Europe 1 qui permet au vainqueur
d'être embauché au sein de la rédaction de la station.
Aujourd'hui, Maxime avoue que si la radio n'était pas son rêve,
il est très heureux d'y travailler.
Peuleux : Très vite,
Europe 1 vous confie la présentation d'un journal, le journal de
18h00 en plus. C'est un parcours assez inhabituel non ?
Maxime Switek : Avant
cela, j'ai d'abord été reporteur durant 5 ans. Je suis arrivé au
service informations générales comme tous les jeunes qui
débutent. Je suis allé à l'étranger pour couvrir les élections
américaines en 2008 pendant 5 semaines, c'était la première
campagne de Barack Obama. J'ai couvert le crash du vol Paris-Rio
d'Air France. J'ai aussi été correspondant d'Europe 1 à Toulouse
pendant 1 an.
Lorsqu'il rentre à
Paris, c'est pour présenter le journal de 18h00 dans "Europe
Soir" version Nicolas Demorand. Après une saison, Europe 1 lui
confie les journaux de la matinale emmenée par Bruce Toussaint
puis Thomas Sotto. Ensuite, il prend les commandes de la
matinale du week-end avant d'arriver sur "Europe Midi".
La
matinale du week-end demande la même exigence qu'en semaine
Peuleux
: Entre la matinale du week-end et la matinale de la semaine,
l'exercice est-il le même ?
Maxime Switek : Oui
et non. Oui, il est le même sur l'exigence, sur l'énergie qu'il
faut y mettre, sur les règles de base à respecter. Non, parce
qu'il peut y avoir des tonalités différentes dans les chroniques
avec plus de loisirs et de culture, avec des sujets moins tendus
qu'en semaine. C'est aussi différent car il y a moins de moyens
le week-end qu'en semaine. A l'antenne, les deux matinales
doivent se ressembler, il ne doit pas y avoir un décalage
énorme.
Peuleux : Lorsque la
direction d'Europe 1 vous a confié la matinale du week-end à la
rentrée 2014, vous l'avez pris comme une fierté, un challenge,
une reconnaissance ?
Maxime Switek : Tout
cela. J'étais fier car c'est une grosse tranche, c'est la
tranche la plus écoutée après la matinale de la semaine, loin
devant toutes les autres tranches d'information de la semaine.
J'étais fier qu'on pense à moi.
En septembre 2013, il
rejoint l'équipe de "C à vous" sur France 5 réalisant enfin son
rêve de télévision. La première saison, il cumule les journaux
de la matinale en semaine sur Europe 1 et "C à vous" en début de
soirée "ce qui
était sportif". La saison suivante, il travaillait 7 jours sur
7, "c'était sportif aussi !". Depuis qu'il est arrivé sur
"Europe Midi", Maxime a de grosses journées travaillant du lundi
8h00 au vendredi 14h00.
Maxime Switek :
Ménager la radio et la télévision est un équilibre un peu
difficile à trouver. Je pars de la maison à 7h30, je vois mon
fils 5 minutes. Je rentre à 21h00, je le vois 15-20 minutes.
Après, je suis en week-end le vendredi à 14h00, nous avons donc
une après-midi et le week-end pour nous. C'est intense pendant
la semaine mais nous arrivons à trouver l'équilibre avec la fin
de la semaine.
Je ne
me suis jamais autant amusé qu'avec Jean-Michel Apathie
A
la rentrée 2015, Wendy Bouchard et Maxime Switek inversent leurs
postes entre la présentation de la matinale du week-end et la
session d'information méridienne. Maxime doit alors faire face à
plusieurs challenges : reprendre une session d'information
importante, travailler en duo avec Jean-Michel Apathie et
travailler avec un grand nom du journalisme très attendu dans un
nouvel exercice.
Peuleux : Arriver sur
"Europe Midi" dans de telles conditions, cela vous a mis une
pression en plus ?
Maxime Switek : Une
pression en plus, je ne sais pas. Il y a eu une pression au
départ parce que nous ne nous connaissions pas du tout.
Jean-Michel Apathie arrivait dans un exercice nouveau alors que
j'avais l'habitude d'animer des tranches d'information. Du coup,
nous étions hyper concentrés au début. Au-delà de cette période
de rodage, nous nous sommes détendus et je ne me suis jamais
autant amusé.
Peuleux : C'était le
gars du nord contre le gars du sud ?
Maxime Switek : Oui
mais comme ma femme est du Pays basque, nous avions des
accroches communes.
Peuleux : Il faut
toujours travailler avec un(e) basque ? Parce qu'Anne-Sophie Lapix
qui anime "C à vous" est basque aussi !
Maxime Switek : Oui
c'est vrai ! Ils sont partout !
La
nouvelle formule de "Europe Midi" a fait l'objet de beaucoup de
réflexion
A
la rentrée 2016, Europe 1 reconduit Maxime Switek à la
présentation de "Europe Midi" mais en solo et dans une nouvelle
formule. Le journaliste se dit "hyper déçu" du départ de
Jean-Michel Apathie et regrette que leur collaboration n'ait
duré qu'une saison : "Je pense que nous avions une bonne formule
à succès. Il y avait la place pour une tranche d'information
sérieuse avec une partie plus détendue ensuite". Le départ de
Jean-Michel Apathie acté, Europe 1 ne propose pas immédiatement
à Maxime Switek de reprendre la tranche d'information méridienne
seul.
Maxime Switek : Nous
avons beaucoup réfléchi avec la direction. Il y avait encore
beaucoup de mouvements sur la future grille de rentrée, il a
d'abord fallu éliminer un certain nombre d'autres possibilités
avant de se décider. Mais c'était assez naturel que je reste là
et j'en suis très heureux.
Peuleux : Comment la
formule de "Europe Midi" a évolué entre les deux saisons en
dehors du temps d'antenne qui est passé de 2 heures à 45 minutes
?
Maxime Switek : A
partir du moment où la direction avait fait le choix d'une case
de 45 minutes, nous savions que nous ne pourrions pas faire la
même chose. Nous n'avions plus le temps de mettre en place
quelque chose avec une bande. Il fallait faire basique et
efficace avec un journal et un débat. Quelque chose de facilement
repérable dans la grille, simple à comprendre en termes de
formule.
Pour préparer "Europe
Midi", Maxime Switek arrive à 8h00 en ayant déjà "bien ingurgité
la presse et les radios". De 8h00 à 8h45, il poursuit la lecture
de la presse et cherche des idées de son côté. A 8h45, une
première réunion avec l'équipe du midi permet de prendre les
premières décisions comme le thème du débat de 13h00. A 9h15,
une conférence de rédaction arrête les sujets qui seront traités
dans "Europe Midi". Notre journaliste-présentateur commence à
dicter le journal et le rappel des titres vers 10h45 et n'arrête
plus jusqu'à midi.
Anne
Roumanoff adorerait que je chante ! Mais non…
Peuleux
: Depuis la rentrée, vous vous prêtez chaque jour au jeu du
passage de relais avec Anne Roumanoff. Comment est venue l'idée
de cette transition ?
Maxime Switek :
L'idée venait de la direction d'Europe 1 qui voulait éviter que
nous ayons des choses trop cloisonnées et qui a voulu mettre du
liant et un peu de bonne humeur. Elle a donc voulu des passages
d'antenne systématiques entre les différentes émissions. Ce qui
n'était pas toujours le cas avant. Cela fait un moment que je
connais Anne, que nous nous croisons à la radio ou à "C à vous".
Et comme nous accrochons bien ensemble, ça donne des passages
d'antenne assez amusants.
Peuleux : Un
journaliste qui vient dans une émission comique pour lancer sa
session d'information ce n'est pas un peu étrange ? Ou est-ce
l'un des secrets d'Europe 1 : l'information dans la bonne humeur
sans porter préjudice au sérieux de la dite information ?
Maxime Switek :
Personnellement, je me suis mis des limites. Je sais qu'elle
adorerait que je chante mais je ne le fais pas. Ce qui est bien,
c'est que cela crée un petit décalage : elle sort d'une tranche
de rire tandis que j'arrive avec des informations parfois
lourdes, cette transition nous laisse encore quelques secondes
de respiration. Ça me fait rire !
Peuleux : Elle vous drague pas mal à l'antenne ! Madame Switek n'est pas
jalouse ?
Maxime Switek : Non,
elle ne m'en a pas parlé. Mais elle ne m'écoute jamais, elle
travaille.
Créer
un équilibre entre les sujets
Peuleux : Chaque
jour, en 45 minutes, vous déroulez l'information à la
mi-journée. Quel est votre angle d'attaque et la tonalité de
cette session d'information ?
Maxime Switek :
Evidemment, c'est un exercice d'hyper sérieux qui demande de la
rigueur au présentateur que je suis et aux reporters. Mais cela
ne sert à rien de se mettre une pression énorme, de se prendre
trop au sérieux pour livrer une tranche trop pompeuse et
plombante. J'aime bien avoir un ton plus léger et me marrer à la
fin de la tranche avec les journalistes qui sont là ou avec
Anissa, la meneuse de jeu. Nous avons tout remis à plat en
arrivant en septembre pour créer des journaux plus équilibrés
entre sujets lourds et sujets du quotidien ou plus légers, entre
actualités internationales et actualités nationales, entre Paris
et les régions. C'est cela qui fait que ça marche et que
j'espère que cela va continuer de marcher. Ce n'est pas évident
à faire mais c'est le pied lorsque je sors de studio et que je
me dis que nous avons réussi à assurer cet équilibre.
Peuleux
: Bien qu'anchorman titulaire d'une session d'information, vous
jouez régulièrement les jokers de Thomas Sotto sur la matinale.
N'est-ce pas déstabilisant pour les auditeurs ?
Maxime Switek : Il y
a deux choses à prendre en compte : nous devons tous prendre des congés
(nous ne sommes des robots) et nous ne sommes pas
irremplaçables. Il y a plein de gens dans la maison qui peuvent
présenter "Europe Midi". Peut-être que les gens perdent leurs
habitudes mais nous ne sommes jamais absents longtemps.
Peuleux : Il y a
beaucoup de gens capables de présenter "Europe Midi" d'après
vous. Mais est-ce qu'il y a beaucoup de gens capables des
présenter la matinale d'Europe 1 ?
Maxime Switek : Un
peu moins, il faut croire (sourire) ! Ce qui est flatteur pour
moi...
Maxime Switek est
joker sur la matinale d'Europe 1 depuis 5 ans. Il concède que
c'est dur de mettre le réveil à 2h00 du matin surtout lorsque
c'est une fois dans la semaine, "ça complique le rythme du
sommeil". Mais Maxime reconnait aussi que les présentateurs
comme lui sont des privilégiés par rapport à leurs collègues
reporters qui peuvent être appelés à n'importe quel moment et
partir à l'autre bout de la France ou du monde dans la nuit.
Peuleux : Ça ne vous
manque pas le terrain ?
Maxime Switek : Ça
dépend pourquoi. Pour les dernières élections américaines, ça
m'a manqué. Sur des très gros coups, bien sûr que ça donne envie
d'y être. Après il y a des sujets qui me mettent moins en
appétit.
Peuleux : Si demain
matin, la direction d'Europe 1 vous proposait de présenter
l'émission de votre choix, sans aucune condition, quel serait
votre choix ?
Maxime Switek : Je
sais : je garderai le midi et, en plus, j'adorerai faire une
émission tard le soir. Un 22h00-minuit avec un énorme bordel,
avec plein de gens autour de la table pour parler bouffe,
culture et tout ce dont nous aurions envie. Avec des potes de la
rédaction, nous rêvons de cela depuis longtemps. Un truc sympa
entre nous avec des invités, une émission vivante, pas écrite.
Lorsque je demande à
Maxime si en 12 ans d'Europe 1, il n'a jamais eu envie d'aller
respirer l'air d'une autre rédaction ou s'il a été approché par
une autre radio, il répond honnêtement qu'il a été dragué mais
sans jamais donner suite car il se sent " très bien à Europe 1".
Maxime Switek : On me
fait confiance et à chaque fois, j'ai l'impression de
progresser, de faire quelque chose de nouveau.