Peuleux | Le monde de Spirou et Fantasio

 ENTRETIEN AVEC...  CARL DEFRAY / RFM | 28/04/2024

Grande voix de la bande FM française, Carl Defray parle à l'oreille des auditeurs de RFM depuis 2010 et les accompagnent tous les matins le week-end depuis 10 ans. Rencontre avec un animateur très très bavard avec une âme d'artiste…

 

Lorsque vous regardez le C.V. de Carl Defray, une longue liste de radios apparaissent : ERL, Relatif FM, RVS, Ciel FM, M40, RTL1, Résonnance, NRJ, Nostalgie, RTL2 et RFM. Mais l'histoire commence alors que Carl n'a que 16 ans. Il veut faire de la radio mais sa maman lui dit "c'est bien la radio mais d'abord l'école et le Bac, après tu feras ce que tu veux". Sauf que Carl ne peut pas attendre. Il fait du stop pour aller frapper aux portes des radios et rencontre finalement le responsable d'ERL, une radio locale dans l'Eure. Et Carl part chaque mercredi après-midi avec ses disques sous le bras pour faire une émission de classement.

Carl Defray : Une fois mon Bac en poche, je pars à Narbonne pour vivre ma passion de la danse (on ne se moque pas !) avec une troupe topissime au cabaret le Milord.

 

RVS, mon premier contrat pro…

 

En 1988, après être rentrée dans l'Eure, Carl frappe à la porte de RVS qui cherchait un DJ pour le vendredi et le samedi soir. RVS reste aujourd'hui encore une radio iconique de la FM normande avec des animateurs comme Olivier Barroux (le futur complice de Kad Mérad) et Vincent Neveux le matin, Bruno Gilbert (aujourd'hui sur Nostalgie) ou Pascal Langlois (aujourd'hui sur RTL2). Et des vedettes qui viennent en studio comme Serge Gainsbourg, Jean-Jacques Goldman, Iggy Pop

Carl Defray : Un soir, le mec qui prend l'antenne à la suite est absent. Mickaël Bourgeois, directeur d'antenne, me demande de le remplacer en donnant seulement l'heure. Après 2 tops horaire, il me dit qu'il aime bien ma voix et me demande de parler un peu. De fil en aiguille, la semaine suivante, il me propose un contrat d'animateur, mon premier vrai contrat.

Mais la Guerre du Golfe survient et impacte fortement l'économie des médias. La direction propose alors aux animateurs de leur payer leur salaire en deux fois. Si certains s'en vont, Carl reste avant de finalement partir lorsqu'il a l'opportunité d'aller sur Ciel FM, une radio détenue par Patrick Deschamps.

Après une année dans la Capitale des Gaules, il prend la direction de Paris pour aller travailler sur M40 où il fait la connaissance de Dominique Duforest, "un mec extraordinaire" qu'il considère comme son père spirituel en radio.

En janvier 1995, M40 est rachetée par la CLT qui la transforme en RTL1. S la nouvelle direction dit qu'elle n'est pas là pour couper des têtes et que personne ne sera viré, elle vire finalement tout le monde sauf Carl Defray et Pat Angéli. Carl se voit confier les soirées mais un accident de la vie l'oblige à quitter l'antenne.

Alors qu'il est en convalescence près de Fécamp chez les parents de sa première femme, il rencontre Francis Delafosse, directeur de Résonnance. Les deux hommes sympathisent et Carl l'aide à développer sa radio.

 

Pendant 1 an, j'étais sur deux radios en même temps !

 

Et puis en 1996, la direction de NRJ l'appelle - après avoir eu son numéro de téléphone par Dominique Duforest - pour lui proposer les matins du week-end. Carl accepte à conditions de pourvoir rester sur Résonnance en semaine.

Carl Defray : Pendant 1 an, j'ai cumulé les deux radios. Donc les auditeurs de la région du Havre pouvaient m'écouter 7 jours sur 7 ! Mais je n'ai pas tenu longtemps physiquement avec la route en plus, j'ai donc quitté Résonnance pour me consacrer à NRJ où je suis resté 7 ans.

Si départ de Résonnance se fait "en toute amitié", le départ de NRJ est plus brutal. Alors que Max Guazzini et Christophe Sabot quittent le navire, on annonce à Carl qu'il a "une vieille voix". Il est remercié 3 jours après qu'Éric Jean-Jean ait été viré.

Carl Defray : Je retourne à mes premières amours le théâtre. Je rejoins une troupe de théâtre qui se monte pour jouer "Moragavine" de l'auteur suisse Blaise Cenders, dans une ambiance digne du "Silence des agneaux", j'étais l'acolyte.

La pièce marche bien avec une tournée en France. Lorsque la troupe a l'opportunité d'effectuer une tournée dans les pays francophones dont le Québec, Carl se pose des questions car jeune papa, il ne s'imagine pas vivre 6 mois sans voir ses enfants. C'est là que fin août 1998, le destin va lui donner un coup de pouce

Carl Defray : Je discute avec Christophe Sabot qui me conseille de prendre contact avec Nicolas Lespaule, directeur d'antenne de Nostalgie, qui cherche un animateur pour le soir. Je vais voir Nicolas et je rencontre l'équipe de la radio avec qui le courant passe super bien. Je fais une maquette sans conviction. Nicolas me dit qu'il me rappelle d'ici une semaine mais il me rappelle le soir même pour commencer le lendemain.

Carl ne commencera que quelques jours plus tard, le temps de prévenir la troupe de théâtre. Il prend alors les commandes de la tranche 22h00-1h00. Mais lorsque le premier sondage d'audience de la saison tombe, Nicolas lui dit qu'il y a un problème : "je réunis plus de jeunes que Fun Radio". Nicolas m'annonce alors qu'il me passe sur les matinales du week-end et me propose de devenir le joker de Christophe Nicolas qui présente la matinale.

 

La proposition de RFM ne pouvait pas être refusée…

 

Carl "se marre bien sur Nostalgie" mais au bout de 2 saisons et Nicolas Lespaule étant parti, l'animateur tourne un peu en rond sur Nostalgie, il retourne alors sur RTL2 qui lui confie le 16h00-21h00 du week-end. A la rentrée 2003, il reprend le 9h00-12h00 en semaine. La rentrée suivante, il anime le 12h00-16h00 en national.  A la rentrée 2006, il retrouve les matinées de la station. Et en 2008, il prend la charge des matinales du week-end (6h00-10h00).

En 2010, Jean-Philippe Denac, qui est passé de la direction d'antenne de RTL2 à celle de RFM la saison précédente, demande à Carl de le rejoindre.

Carl Defray : J'hésite, j'hésite beaucoup car j'étais tranquille sur RTL2, je m'entendais bien avec tout le monde, mon poste était bien installé et je faisais pleine de délocalisations...

Mais en plus de l'animation de la tranche 9h00-13h00 en semaine (entre la matinale de Bruno Roblès) et la tranche musicale de son vieux complice de M40, Pat Angéli, Jean-Philippe Denac lui propose aussi d'être coordinateur d'antenne avec la stratégie et la mise en ondes des évènements à l'antenne, la gestion des animateurs à Paris et la gestion des animateurs en régions en soutien de Bruno Dubois.

Carl Defray : C'était hyper intéressant mais je passais des journées de dingue à la radio, de 7h30 à 20h00. Sachant qu'en plus, je venais de prendre les Studios Ferber dont je m'occupais de l'administratif les week-ends.

Peuleux : Pourtant à la rentrée 2014, tu bascules sur les week-ends avec le 6h00-12h00…

Carl Defray : Jeune, j'étais très carriériste - mais sans les dents longues - et je n'ai pas vu grandir mes enfants et ça m'a couté un divorce. Alors lorsque la vie m'a offert l'occasion d'être à nouveau papa, cela m'a fait réfléchir. J'ai voulu profiter de mon fils pleinement et Maxime me le rend bien. Et puis maintenant, j'ai aussi la possibilité de plus profiter des grands même s'ils habitent à Marseille. Je ne travaille plus la semaine que pour des remplacements notamment l'été.

 

Un animateur à l'américaine…

 

Peuleux : Quelle est ta feuille de route pour animer ces deux fois 6 heures d'antenne par semaine ?

Carl Defray : J'ai la chance d'avoir à RFM - comme j'ai eu à NRJ ou RTL2 - une direction qui mise davantage sur la personnalité de l'animateur que d'imposer des règles figées. Je suis là pour donner de la convivialité, de la bonne humeur, du bon esprit. On, a une putain de liberté !

 

Peuleux : Combien de fois par heure interviens-tu à l'antenne ?

Carl Defray : De 6h00 à 9h00 qui est plus une matinale, je fais six à sept speaks. De 9h00 à 12h00, j'en fais quatre car je sus plus dans un flux musical. Les deux rythmes dans la même tranche sont intéressants et le temps passe vite.

Peuleux : Les studios sont vides le week-end, tu n'es pas trop triste de ne voir personne ?

J'ai Christophe Darmon qui m'accompagne pour les flashes d'information. Et encore depuis septembre dernier, il est souvent en radiotravail avec son casque et un Scoopy puisqu'il a déménagé à Montpellier. Il ne vient en studio qu'une fois de temps en temps. Je vois aussi Éric Dessestre qui prend la suite à l'antenne et le gars de la sécurité qui patrouille. Autant j'aime travailler en équipe comme sur la matinale de l'été où j'adore bosser avec Julie, autant je fais partie d'une école de radio où nous sommes des DJ à l'américaine, des gars solitaires. Sur NRJ, j'avais un réalisateur mais j'ai besoin d'être aux boutons en même temps que je parle. Je me considère plus comme un réalisateur - la réalisation occupe la plus grande partie de mon temps d'antenne - que comme animateur. Et puis je suis un ours !

 

Lire et regarder vivre les gens m'inspire…

 

Si le réveil de Carl sonne à 4h00 du matin le samedi et le dimanche pour prendre l'antenne au top horaire de 6h00, il prépare son émission tranquillement chez lui. Pour cela, il se repose beaucoup sur des réflexes acquis avec l'expérience : il regarde des sites web notamment anglais, il lit ses magazines papier "reçus dans la boite aux lettres", il lit beaucoup de romans et il regarde les gens vivre, cela l'inspire beaucoup. En dehors de l'horoscope et de l'éphéméride, il n'écrit aucune intervention. Et on conducteur d'antenne est dans l'ordinateur, "c'est moderne" !

 

Peuleux : As-tu une hygiène de vie pour tenir ce rythme chaque week-end ?

Carl Defray : La coke ! Non je plaisante ! Je fais un peu de sport dont de la boxe pour maintenir la forme et le cardio, j'arrive à 55 ans quand même avec mon petit bonhomme qu'il faut que j'arrive à suivre ! Je ne me refuse pas une bonne bouffe entre potes. Mon équilibre, c'est la famille et mes amis. Et le week-end, je ne dors que 3 à 4 heures et ça me va.

 

Peuleux : Tu publies chaque week-end de vidéos sur les réseaux sociaux, quelle est l'idée derrière cela ?

Carl Defray : Il faut savoir qu'avec mon fils Maxime, nous sommes très fusionnels. Et cela d'autant plus que je m'occupe beaucoup de lui la semaine. Ma femme travaille dans l'associatif, elle fait un boulot formidable mais très prenant avec des déplacements. Alors quand il était petit, il ne comprenait pas pourquoi papa n'était pas là le week-end, au point de faire des crises. Un jour, j'ai eu l'idée de me filmer au travail et j'ai mis cela sur les réseaux sociaux pour que ma femme lui montre. Maxime a adoré mais les gens qui me suivent aussi. J'ai fait une deuxième vidéo puis une troisième et ainsi de suite. Ça crée une petite communauté autour de moi et c'est sympa. Et puis, i faut aussi se rappeler qu'avec Christophe Darmon, nous avons étaient les premiers en radio à faire des directs depuis le studio de RFM sur Périscope ! C'était avant qu'il y ait des caméras dans tous les studios de radio. Voilà, tout cela, c'est du divertissement come la radio !

 

Retrouvez Carl Defray dans "le Réveil du week-end" sur RFM le week-end de 6h00 à 12h00

 

Et si vous souhaitez découvrir le chanteur Carl Defray, n'hésitez pas à cliquer sur les lien ci-dessous pour découvrir son duo avec Annamaria (vue dans "The Voice") "Canta conmigo (chante avec moi)" sur YouTube ou à chercher son premier Ep "9.08" sur votre plateforme de musique préférée avec un premier extrait baptisé "Song for life" et avant de le découvrir sur scène en 2025.

 

 


LE 9 A LA SUITE D'HISTOIRE(S) RADIOPHONIQUE(S)

 

Si je devais interviewer une autre personnalité radiophonique, vers qui m'orienterais-tu ?

Christophe Damon, il a plein de choses intéressantes à dire, il a un véritable historique journalistique. Et Valérie Quintin sur RTL, c'est la marraine de mon fils.

 

Les voix ou les émissions de radio qui ont marqué ton enfance ?

Max Ménier avec "les routiers sont sympas", il m'a donné envie de faire de la radio. Tout petit, je piquais la radio de mon père avec son écouteur et j'écoutais l'émission le soir. Après, j'ai découvert Francis Zégut qui m'a fait aimer le Rock.

 

La plus belle rencontre radiophonique ?

Francis Zégut. Je l'écoutais à la radio et quelques années plus tard, je lui tapais la bise à RTL2 et il me mettait la main au cul pour déconner.

Il y a aussi quatre personnes qui ont énormément compté dans ma carrière : : Éric Oville à RVS, Christophe Sabot, Nicolas Lespaule et mon Dodo, Dominique Duforest.

 

La pire rencontre radiophonique ?

Je n'en ai pas, je préfère éviter les gens pas intéressants ou qui dégagent une mauvaise aura. Des rencontres sans feeling ou bien avec des gens où il ne se passe rien, j'en ai eu. Mais je ne suis jamais parti fâché d'une radio.

 

Le plus beau souvenir en radio ?

Un samedi matin, j'arrive à NRJ juste 10 minutes avant de prendre l'antenne après une soirée très arrosée avec mon réalisateur. En traversant la rédaction, je vois Max Guazzini, mon patron, en train de taper à l'ordinateur. Là, il m'apprend qu'il va faire un flash spécial à ma prise d'antenne à 6h00 pour annoncer la mort de Lady Diana à Paris dans la nuit. Malgré les vapeurs d'alcool et la lourdeur de l'information qui venait de me tomber dessus, le flash se passe bien et j'enchaîne avec mon émission où je faisais gagner des séjours à Londres pour le Carnaval de Nothing Hill. Mais 2 heures après son départ Max m'appelle et me dit "Mon canard, aujourd'hui, tu ne peux pas dire qu'on offre un séjour à Londres aux frais de la Princesse ! Tu m'as fait rire mon Canard mais tu ne peux pas dire ça. Tu m'as fait rire donc je ne te dirai rien !".

 

Le pire souvenir en radio ?

Lorsque nous sommes arrivés dans les locaux de la rue des Cévennes. Tout marchait bien au départ mais un samedi matin vers 10h00, je n'arrivais plus à lancer un seul son d'aucun des deux studios de RFM. C'est le serveur Zenon commun aux trois radios qui avait planté. Europe 1, Europe 2 et RFM ont tourné pendant plusieurs heures avec des disques de secours.

 

Quand tu n'es pas à la radio, écoutes-tu la radio ?

Oui dans la voiture. Je zappe pour écouter mes potes, pour voir ce que fait la concurrence mais surtout je me comporte comme un auditeur lambda en zappant les pubs. Pendant les vacances, j'écoute plutôt FIP et des radios brésiliennes.

 

Quand tu sors de la radio, que fais-tu ?

Il est midi, je rentre chez moi pour un barbecue entre potes ou manger en famille. Je profite de mes proches notamment de mon épouse qui travaille beaucoup en semaine. Le dimanche est généralement très famille.

 

Et dans 5 ans ?

J'espère être toujours à la radio et à faire de la musique. Encore la matinale le week-end, oui. Mais je ne cache pas que je rêve d'une émission carte blanche tournée vers la musique qui est l'essence de nos radios. J'ai toujours été dans la musique, nous sommes tous musiciens dans la famille. Je serai enterré avec l'une de mes guitares! Sinon, j'ai envie de profiter de ma famille, de mes proches et de jardiner parce que j'adore ça. A la retraite, je serai dans une petite maison avec un immense terrain, avec des gros chiens et des chats et je ferai mon potager loin de Paris…

 

Remerciements : Merci à Carl Defray pour son accueil, sa franchise, son humour et nos longues et nombreuses digressions | Photo : Peuleux, M40, RTL2, Marc Frédéric

 

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dernière mise à jour de cette fiche le 15/05/2024


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