Peuleux | Le monde de Spirou et Fantasio

 ENTRETIEN AVEC...  NICOLAS LESPAULE / OÜI FM | 09/04/2016

Amoureux de la musique et de la radio, le curriculum vitae de Nicolas Lespaule est impressionnant tant au niveau des fonctions exercées devant ou derrière le micro qu'au niveau des radios où il a œuvré (RTL, RFM, Nostalgie, Kiss FM, BFM, Oüi FM). Je vous emmène à la rencontre d'un homme trop méconnu du grand public mais à qui la radio doit beaucoup…

Un jour, j'ai reçu un message d'un certain Nicolas Lespaule qui m'annonçait, pour alimenter la page mercato de ce site, que son émission du samedi soir sur Oüi FM était reconduite. En faisant des recherches sur la toile, j'ai découvert que derrière cette barbe souriante qui balance du bon rock sur les ondes se cachait un parcours plus qu'impressionnant dans le monde de la radio. Dès lors, il n'était pas imaginable de ne pas rencontrer cet homme qui a marqué la bande FM française, et même un peu plus, pour le faire (re)découvrir au grand public dans la plénitude de son CV. Installez-vous, nous sommes dans un petit café d'Auteuil un samedi pluvieux. L'homme est loquasse et, s'il n'aime pas trop se vanter, il a beaucoup de choses à raconter…

 

Né en 1960 à Casablanca (Maroc), Nicolas Lespaule est un passionné de radio et de musique. Mais à l'époque, la radio n'est pas un métier et poussé par la structure sociale qui l'entoure, il fait des études scientifiques.

Nicolas Lespaule : Quand j'ai dit à ma mère que je voulais faire de la radio, elle a appelé ses copines en leur disant "mon fils veut être radiologue !". Et mon père m'a demandé si en dehors de la radio, j'aurai un vrai métier.

Il entre en prépa mettant la musique de côté. Mais au bout de 4 mois, on lui conseille de ne plus venir. "J'ai arrêté là et j'ai fait de la musique".

 

J'ai eu la chance d'être là à la fin des années 70 quand la radio a commencé à exploser…

 

L'aventure radiophonique de Nicolas débute en 1976 grâce au judo. En effet, détecté pour une compétition de judo au Japon, Nicolas rentre dans un dispositif permettant aux sportifs issus de milieux modestes de trouver un job d'été afin de financer leur part du séjour. En remplissant le questionnaire pour orienter le choix du job, Nicolas met "musicien ou DJ dans une boite de nuit" quand d'autres ont mis "plonge dans un restaurant". Dans ce dispositif, il y avait le mari d'une comptable de RTL qui lui trouve un travail dans les bureaux. "J'avais 16 ans, je me faisais chier". Un jour, Jean-Bernard Hebey passe dans les couloirs, lui demande ce qu'il fait puis lui propose de venir faire des copies sur Ronéo (1) des hits parades des années 1960 et 1970 parus dans New Musical Express ou Rolling Stones Magazine, les Billboards. "C'est comme ça que j'ai commencé comme assistant de production à RTL !". Ensuite, Nicolas va chez l'animateur pour ranger sa discothèque et classer ses biographies. "Etant passionné, j'ai très vite appris les hit-parades par cœur, je ne pouvais pas les photocopier pour moi, et je pense qu'il n'y a pas un disque qui m'ait échappé entre 1961 et 1979". Par la suite, Nicolas Lespaule retournera à RTL de manière épisodique pour travailler avec Jean-Bernard Hebey…

 

RFM la radio couleur… Un truc grandiose, énorme !

 

A 20 ans, comme beaucoup de jeunes, Nicolas Lespaule a le rêve américain en tête qui le nourrit d'illusions. L'Amérique étant financièrement inaccessible, il se fait des films à travers la musique américaine. C'est à cette époque que RFM débute ses programmes depuis Vélizy (Yvelines) sur un modèle totalement U.S., une radio américaine à la française ou une radio française à l'américaine avec des disques diffusés par des disc-jockeys. "Tu es derrière la console avec une pile de disques, un paquet de clopes et un micro. Et là tu envoies la musique mais pas n'importe quelle musique, uniquement des charts américains". A l'époque Nicolas anime "Vol de nuit" sur une petite radio de Sacrecelles et officie comme disc-jockey au Bus Palladium. Ayant entendu que RFM était présent sur le stand Fiat au Salon de l'automobile Porte Dauphine, il y va "au culot" pour rencontrer l'équipe. Il laisse alors une maquette à l'une des hôtesses qui n'est autre que Geneviève Meyer, la femme de Patrick Meyer. "J'avais déjà rencontré deux ou trois fois Patrick Meyer qui avait monté Radio 7 mais je ne savais pas qu'il était à RFM". C'est ainsi que Nicolas Lespaule débute à RFM.

 

En 1985, RFM qui n'est plus RFM "la radio couleur" déménage à la Défense avec une nouvelle équipe et du nouveau matériel. Nicolas fait alors de la production et anime "Radio Star", une émission hebdomadaire où une star vient choisir ses disques. "Je faisais tout sur l'émission : le montage, le mixage, le booking… Et chaque semaine, c'est la galère pour trouver un invité ! " RFM ne diffusant pas de chanteurs français, impossible de les inviter. Les chanteurs américains, c'est compliqué… Nicolas accueille les motards du Paris-Dakar, des sportifs comme Yannick Noah… Et puis un jour, "je suis dans une merde noire car je n'ai véritablement personne". Il lance un SOS dans la radio et Patricia Bouleau-Nardi, l'assistante de Patrick Meyer, lui parle d'un agent qui s'occupe d'acteurs. Trois jours après, elle lui annonce la venue de Richard Bohringer. A l'époque, l'acteur n'est pas très connu mais c'est le début d'une longue histoire.

Nicolas Lespaule : Richard Bohringer se pointe avec une heure de retard alors que j'étais en production. Ce retard me casse les couilles, je le regarde à peine, je le mets au micro et je lui dis d'y aller. Il me fait un truc pourri. Il n'avait rien préparé et était incapable de faire un truc censé à mon goût. Je lui propose d'aller faire un tour et de revenir quand il veut. Il me donne rendez-vous au Bar Romain, le bar officiel de l'Olympia. Je le rejoins à 22h30, il était en compagnie de Mylène Farmer et Boutonnat, tous les trois dans un état minable. Je bois un verre avec eux puis on fait la tournée des grands ducs.

A 13h00, les deux hommes sont de retour en studio, "je lui demande de me faire une putain d'émission en remerciement. Là, je cale des instrumentaux de Miles Davis et il me balance une mini histoire avec un début, un milieu et une fin. Un homme qui va dans une boite, qui boit des coups, rencontre une femme qui ne sait pas qu'il sera l'homme de sa vie… J'en parle aujourd'hui; j'en ai la chair de poule !" La prestation dure 2 à 3 minutes "mais c'est beau". Richard Bohringer explique qu'il s'agit d'un résumé du livre qu'il écrit et compte publier d'ici 6 mois à 1 an. Le livre s'appellera "C'est beau une ville la nuit". Nicolas Lespaule enregistre en oubliant son prochain numéro de "Radio Star". Il en enregistre 25 où "Richard se barre en vrille".

Nicolas Lespaule : Je diffuse un "Radio Star" qui n'en est pas un, j'accumule cette matière pleine de potentiels. Nous décidons d'en faire une émission spéciale sous le nom de "Sur la route" (du titre du livre de Jacques Kerouac) dont je donne la maquette à Patrick Meyer qui dit banco.

Après cinq ou six numéros, l'émission sera rabaptisée "C'est beau une ville la nuit" (du titre du livre paru entre temps) et va durer 13 ans passant de RFM à Kiss FM puis à Europe 2. C'était en live sans filet. Nicolas programme "du blues de chez blues et du rock dur". Richard Bohringer raconte ses histoires de sa voix grave. La lumière est tamisée. Gainsbourg et Dutronc viennent y assister comme simples spectateurs.

Peuleux : Comment l'émission passe-t-elle de RFM à Kiss FM puis à Europe 2 ?

Nicolas Lespaule : Un jour, je croise un stagiaire qui sortait et rangeait les disques de Laurent Boyer. Moi, je sortais mes disques tout seul ! Pour moi ce n'est pas ça la radio et je l'invite à assister à "C'est beau une ville la nuit". Ce môme de 20 ans s'était Rémi Gouttefangeas. Après mon départ, c'est lui qui produira l'émission et l'emmènera sur Europe 2. Il produira aussi la matinale d'Arthur sur Europe 2 et la matinale de RTL2 avec Christophe Nicolas.

 

A Kiss FM, c'est énorme !

 

Après RFM, Nicolas Lespaule rejoint Kiss FM "une des plus belles expériences de la fin des années 80". Kiss FM, c'est beaucoup de capitaux (Canal+, le groupe La Suisse), beaucoup d'argent, "je n'ai jamais été autant payé de ma vie". C'était une communication jamais faite pour une radio : "pour le lancement de la radio, les Champs Elysées ont été bloqués à 16h00 pour un défilé de chars et de jeeps avec 250 personnes jetant des goodies". C'était aussi des appuis politiques importants. C'était une "grille de rêve avec une liberté totale J'ai fait des émissions et des tournées de malade".

Nicolas Lespaule : Le Virgin Mégastore cherchait une synergie avec une radio. J'imagine "Le Star Kiss" où tu gagnes non pas un lot mais des minutes gratuites dans le magasin : tu prends ce que tu veux dans le magasin mais sans utiliser de sac. À la même époque, j'écrivais un livre sur les Rolling Stones que je n'arrivais pas à éditer, je propose à Kiss FM une émission de 7 heures sur le groupe sauf que je n'ai pas de sons des artistes. Et Kiss FM m'envoie à Londres faire les interviewes.

Même si l'aventure fût de courte durée, Nicolas a eu le temps de croiser des noms qui parleront à tous : Nagui, Laurent Boyer, Yann Kulig, Jean-François Latour et Arthur !

 

J'ai 30 ans, ce que je veux c'est avoir ma radio, l'animation n'est pas mon but

 

Après Kiss FM, Nicolas Lespaule revient à RFM où œuvrent Eddy Mitchell, Groucho et Chico, Yannick Noah, Jean-Luc Reichmann, Malher, Carine Ambrosio… "J'ai des missions d'animation mais à chaque fois on n'arrête pas de me demander mon avis sur la grille. A l'époque, j'ai 30 ans, ce que je veux c'est avoir ma radio, l'animation n'est pas mon but".

Et en 1990, le hasard va bien faire les choses : Patricia Bouleau-Nardi vient de prendre la direction de la régie de RMC (RMC, Nostalgie et Radio Montmartre). Et à Nostalgie, où c'est un peu dur pour les nouvelles équipes depuis le rachat, Fabrice Larue (qui passe de directeur commerciale à directeur général) veut un appui aux programmes. Patricia Bouleau-Nardi appelle Nicolas.

Nicolas Lespaule : Pour moi, Nostalgie est une radio de vieux, je ne veux pas m'y enterrer. J'y vais quand même. J'arrive dans le bureau de Fabrice Larue, 2 ans de plus que moi, veste croisée, cheveux gominés, cigare à la main et bureau en acajou sur les Champs Elysées… Loin de mon idée de la radio ! Au bout de 10 minutes, je suis séduit par le personnage. Au bout d'une heure, je veux commencer tout de suite. Je vais y rester 9 ans. Fabrice est probablement le mec le plus génial que je n'ai jamais rencontré en radio !

 

Nostalgie, de la plus périphérique des radios à la légende…

 

Après quelques temps, Fabrice Larue démissionne. Il est remplacé par le directeur financier piloté par l'énarque qui dirige la SOFIRAD. La SOFIRAD veut se débarrasser de RMC qui coute beaucoup d'argent et de Radio Montmartre qui est un fiasco. Nostalgie valant chère, la radio doit équilibrer la vente. Or Nostalgie est un format très spécial qui fait un peu peur aux acheteurs. "La présidence de la radio faisant n'importe quoi, l'audience décline. Ainsi, on me demande de faire de Nostalgie ce que pourrait être RMC. Alors que c'est une radio musicale, on me demande de sortir une grille des programmes pour "la plus périphérique des radios". Je leur écris une grille avec Thierry Roland et Jean-Michel Larqué au top entre la Coupe du Monde de football et "les Guignols", Nathalie Simon le matin, Georges Beller et Evelyne Leclerc pour relancer "Le Schmilblick", Sophie Davant, Adeline Blondiau, Pierre Bellemare, Yves Lecoq, Lio ou Dominique Besnehard…

Nicolas Lespaule : Qui aurait osé faire faire de la radio à Besnehard ? Dominique venait enregistrer trois fois par semaine. Il venait avec Sophie Marceau, Gérard Depardieu… L'émission durait 2 minutes à l'antenne mais il enregistrait 30 minutes ! "Tu ne vas pas faire venir Sophie pour 2 minutes !"

 

Finalement, en 1999, NRJ rachète Nostalgie avec une partie des cadres. Nicolas est donc vendu avec la radio. En arrivant, NRJ casse le projet en place et demande à Nicolas de virer tout le monde [NDLR : les animateurs vedette] mais de rester. "Je suis d'accord sur l'arrêt du projet car je n'ai jamais cru au projet Nostalgie radio périphérique et je suis d'accord pour rester à condition de m'entendre avec la nouvelle direction". Lorsque Christophe Sabot lui demande s'il a un projet pour Nostalgie, Nicolas Lespaule lui propose un concept de radio musicale thématique, projet qui peut être mis en place en 15 jours. Une heure après leur entrevue, Christophe Sabot lui transmet l'accord de Jean-Paul Baudecroux. La radio devient musicale avec un format recentré sur les années 1960 et 1970. "Le projet se nommait "Nostalgie la légende". Nous avons pris un point d'audience par trimestre jusqu'à atteindre 9,2 %".

 

Je pense avoir réussi toute ma carrière sauf l'époque Lagardère

 

En 1999, Nicolas Lespaule quitte Nostalgie pour Lagardère. Son départ s'explique par deux raisons professionnelles : d'une part, il pense être arrivé au bout de sa mission sur Nostalgie et du concept de "La légende".

Nicolas Lespaule : "La légende" c'était la musique des années 1960-1970. Or il ne fallait pas bouger dans le concept avant 20 ans et Max Guazzini n'allait pas dans ce sens.

D'autre part, Frédéric Schlesinger voulait absolument l'avoir. Du coup, Nicolas Lespaule part chez Lagardère pour un poste de directeur des programmes du pôle FM (RFM et Europe 2) et même une partie de MCM. On lui confie aussi la discothèque et la bandothèque d'Europe 1, "un truc génial !" qui est sa cerise sur le gâteau. Malheureusement, son passage rue François Ier s'avère une très mauvaise expérience :

Nicolas Lespaule : Je tombe sur des gens malhonnêtes. Je pense avoir réussi toute ma carrière sauf cette époque Lagardère. Certes, j'avais un salaire indécent mais je n'ai pas aimé cette ambiance où les gens sont là pour toucher leur salaire et non pas pour faire de la radio.

 

Dégouté de la radio, Nicolas Lespaule part travailler chez Endemol avec Arthur. Il travaille sur la production de "Loft story", de "Star Academy", des "Enfants de la télé"… "Je m'éclate mais c'est énormément de travail". Au bout d'un moment, il décide de monter sa propre boite de production. "C'est très dur, je suis seul et ça ne devient pas un Endemol bis tout de suite !" Dans cette télévision, il fait ce qu'il sait faire le mieux faire : "je filme la radio avec des émissions sur les animateurs radios, sur comment monter sa radio, sur les programmateurs".

Très vite, à travailler seul H24, Nicolas est fatigué. Il part alors faire de la radio en Belgique pendant 13 mois. Il lance une radio rock qu'Endemol rachète au bout d'un an. Il part ensuite à Buenos Aires monter une radio tango. Au bout de 4 mois, il rejoint à Marrakech pour monter une autre radio.

 

BFM Business je le revendique !

 

En 2005, lorsqu'il revient en France après 21 mois expatrié, il fait le tour des radios pour retrouver du travail et reprend contact avec des vieux copains de NRJ Group. Marc Laufer lui propose alors une mission de 4 mois sur BFM. Dans un premier temps, Nicolas refuse avant de finalement signer faute de mieux. Et là, Nicolas Lespaule va s'éclater en développant la grille des programmes de BFM, en transformant la radio en radio-télévision et même en participant au lancement de BFMTV.

Grâce à lui, la radio de l'économie passe de trois à 19 émissions et lance les "BFM Academy", un rendez-vous évènementiel annuel. Quant à la transformation de BFM Radio en BFM Business, ce n'est pas son idée, c'est celle d'Alain Weil. En interne, personne ne croyait en cette idée et ne voulait s'en occuper. Nicolas avoue ne pas avoir été super enthousiaste au départ mais Alain Weil lui vend le projet aux forceps. "Les mecs de BFM Radio me tournaient le dos et me prenaient pour un fou !" Nicolas porte le projet pendant 2,5 ans, seul contre vents et marées.

Nicolas Lespaule : Malheureusement, en juin 2010, on m'a détecté un cancer. Le projet était très avancé puisqu'il devait être lancé en septembre 2010 [NDLR : il le sera finalement le 22 novembre 2010]. J'ai quitté BFM Radio le 10 juillet et j'ai dû signer les derniers bons de commande avant de partir. Il y a eu une inertie incroyable en interne. Alors qu'Alain Weil me poussait à avancer, personne ne voulait rien signer derrière. Je n'ai pas l'habitude de revendiquer les choses mais BFM Business, je le revendique !

Et d'ajouter : "Moi ce qui m'intéresse dans cette carrière ce n'est pas de parler dans un micro mais de créer des choses, d'avoir des idées, de les mettre en œuvre et qu'elles soient pérennes. Je ne revendique rien mais je reconnais ma griffe dans beaucoup de choses (clin d'œil)".

 

Sur Oüi FM, je fais ce que je veux, personne ne me dit rien !

 

Quelques mois avant son départ de BFM Radio, Nicolas Lespaule va débuter une nouvelle aventure avec son ami Arthur :

Nicolas Lespaule : En octobre 2009, Arthur m'appelle alors que j'étais tranquillement chez moi. Arthur, je le connais depuis RFM où Patrick Meyer lui avait conseillé de suivre mes conseils pour réussir, il ne les a jamais suivis d'ailleurs. Nous sommes nés au Maroc tous les deux, nous nous sommes toujours bien amusés ensemble et nous rêvions d'avoir notre propre radio pour tenir le coup face à la montagne de travail que nous avions pour un salaire de misère. Arthur m'annonce qu'il a acheté une radio, "notre radio". Il m'invite à y venir quand je veux pour faire ce que je veux. Je refuse, en tant que directeur délégué de BFM Radio je ne pouvais pas et puis avec le projet BFM Business, je n'avais pas le temps.

Finalement, Nicolas accorde une émission à Arthur. Ils se mettent d'accord sur le concept de l'émission et la baptise de "Oüi love le Bus" en souvenir du Bus Palladium. Mais Nicolas pose ses conditions : "je fais une seule émission, je l'enregistre quand je veux, elle ne sera pas diffuser si je ne la trouve pas bien". Lorsqu'il arrive à Oüi FM, Arthur l'attend et le présente à tout le monde : "Lui c'est le boss, il va tous vous niquer car il connaît toute la musique". L'enregistrement commence, Nicolas a un réalisateur pour la première fois de sa vie.

Nicolas Lespaule : Je fais 3 heures d'émission live alors que je n'avais pas parlé dans un micro depuis presque 20 ans. J'ai fait une seule prise. J'écoute l'émission, ce n'est pas l'émission du siècle mais je la trouve propre. Non seulement Oüi FM décide de la diffuser mais j'en ai fait 66 !

Après ces 66 émissions, très malade, Nicolas Lespaule n'en peut plus. Il arrête la radio pour se soigner pendant que la radio rock rediffuse les émissions. "Ce qui m'a maintenu en vie, c'était de prévoir de retourner faire l'émission, de réfléchir à la programmation !" Au bout de trois saisons, "Oüi love le Bus" tournant en rond, il enchaine avec "Saturday night by Lespaule".

Nicolas Lespaule : La condition sine qua non de ma présence sur Oüi FM est que je fais ce que je veux, personne ne me dit rien. D'ailleurs, je remets à Oüi FM une émission prête à diffuser produite par ma boite.

 

Peuleux : Le concept de "Saturday night by Lespaule", à part faire ce que tu veux, c'est quoi ?

Nicolas Lespaule : C'est une véritable émission de radio musicale. La radio musicale pour moi ce n'est pas une radio qui parle. Donc dans mon émission, on ne parle pas si ce n'est pour dire bonjour, relancer avant ou après la pub et dire au revoir. Je programme la musique que je diffuse, de la musique qui me touche. L'émission est teintée de ma personnalité. J'annexe les disques les uns derrière les autres en m'arrangeant pour qu'ils s'enchainent proprement.

Peuleux : Tu commences toujours l'émission par cette phrase "Il est temps de platiner de la musique, alors fais péter la gratte !", elle vient d'où cette phrase ?

Nicolas Lespaule : Pour moi, la radio c'est de la musique et des gimics. De même, je conclus l'émission en disant "A la semaine prochaine, en attendant couvrez-vous bien, n'ouvrez à personne et prenez bien soin du rock" !

Peuleux : Je connais cette phrase mais dans la bouche d'Arthur !

Nicolas Lespaule : Je concluais toutes mes émissions ainsi et Arthur me l'a piqué. D'ailleurs, le jour où Arthur m'accueilli à Oüi FM, je lui ai dit que je récupérais le droit sur ma phrase.  

 

 

(1) Ronéo : procédé de duplication de document par transfert d'encre vie une solution à base d'alcool.

 




LE 8 A LA SUITE D'HISTOIRE(S) RADIOPHONIQUE(S)

 

Les voix ou les émissions de radio qui ont marqué ton enfance ?

Jean-Bernard Hebey avec "Poste restante" sur RTL, toutes les émissions de Bernard Lenoir... Des gens avec qui j'ai travaillé par la suite ! J'ai eu la chance de rencontrer mes idoles…

 

La plus belle rencontre radiophonique ?

Fabrice Larue, le DG de Nostalgie.

 

La pire rencontre radiophonique ?

Frédéric Schlesinger. Le mec est très gentil mais c'est tombé à un moment de sa carrière et de ma carrière où nous avions prévu de faire des choses et il n'a pas tenu sa promesse. Il n'a pas eu les couilles de le faire et moi j'ai attendu que ça se passe les bras levés au milieu du terrain. Mais cela n'a rien de personnel, c'est la rencontre qui est très négative.

 

Le plus beau souvenir en radio ?

Le prochain souvenir, la prochaine émission !

 

Le pire souvenir en radio?

Il n'y en aura pas. Quand tu as un métier de passion, ce qui est ma chance et cela dure depuis 35 ans, je m'enrichis de tout y compris des mauvaises expériences.

 

Quand tu n'es pas à la radio, écoutes-tu la radio ?

Non ! Ni la radio, ni la musique, ça me rappelle trop le boulot ! Chez moi, il n'y a pas de radio et dans la bagnole, j'éteins ! Il n'y a plus de radio comme moi je l'aime ! La radio musicale comme je la conçois n'existe plus. Pour moi, RTL2 ou NRJ ce n'est pas de la radio, les animateurs ne font qu'annoncer des disques, il n'y a pas de choix de leur part. Nostalgie s'en sort peut-être un peu mieux…

 

Quand tu sors de la radio, que fais-tu ? Sachant que tu enregistres ton émission qui dure 2 heures par semaine…

Je bosse, j'ai un vrai travail (sourire) ! Mais il faut savoir que pour 2 heures de "Saturday night by Lespaule", il y a 20 heures de préparation pour moi. Et 4 à 5 heures de travail à Oüi FM. Et cela c'est la fourchette la plus basse. Sinon je fais de la musique, je fais de la pub, je fais de la production audiovisuel.

 

Et dans 5 ans ?

Dans 5 ans, la radio musicale sera la même en plus pourrie. Si on ne fait rien aujourd'hui, la radio musicale sera encore plus molle.

Peuleux : Quelle est ta recette ?

Nicolas Lespaule : Ma recette est connue, c'est revenons aux fondamentaux de la radio musicale : elle doit diffuser de la musique avec un animateur qui doit être le programmateur de sa musique. Pour lutter contre les plateformes de musique et les webradios, il va falloir arrêter de faire du pseudo marketing qui est plus de la bêtise. A la radio, on fait n'importe quoi parce qu'on regarde en permanence ce que font les autres. Réfléchissons et imaginons une radio musicale avec des animateurs qui ont des choses à dire sur la musique, pourquoi et comment il a choisi cette musique. Il faut modérer et pondérer ce que je dis mais je pense qu'il faut prendre des expériences en radios associatives locales. Ce n'est pas parce que l'audience progresse que le programme est bon. Ce n'est pas parce qu'il y a du monde dans un supermarché que la bouffe est bonne. Tout n'est pas à jeter mais il y a beaucoup de choses bien dans les radios associatives parce que tout y est permis même s'il y a à boire et à manger. Il y a trop de comptables qui dirigent les radios au seul regard des chiffres d'audiences. Le jour où la radio sera morte, ces gens iront vendre des voitures ou des pois chiches. Il ne fait pas compter les auditeurs, il faut faire plus attention aux auditeurs qu'à l'audience !

 

Remerciements : Un grand merci à Nicolas Lespaule pour sa disponibilité et à Corinne pour l'assistance photographique | Crédits photos : Peuleux, Oüi FM, archives de Nicolas Lespaule

 

 

Pour aller plus loin...

BFM Business

Europe 2

Nostalgie

Oüi FM

RFM

Lagardère Active 

dernière mise à jour de cette fiche le 24/04/2016


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