Histoire de la radio
|
En décembre 1986,
l'agence audiovisuelle Bravo Productions doit fournir
des cassettes audio musicales en guise de cadeau de Noël
pour les enfants clients des restaurants Hippopotamus.
Cette commande atypique donne l'idée à Denys Didelon,
fondateur et
gérant de la société mais aussi cofondateur de Carol FM
(1), et Gilles Gressier, commercial de Bravo
Productions, de créer une radio à destination des
enfants. Ils entrainement avec eux Joël Pons, animateur
de Carol FM et salarié du groupe Havas, et Frédéric
Charbaut, ancien animateur de Boulevard du rock (2).
Début 1987,
Patrick Meyer, fondateur de RFM, met à disposition
l'émetteur de RFM à Vélizy pour lancer la radio Muppies
FM. La radio fait alors ses débuts mais sans
autorisation légale. Depuis des studios installés dans
les locaux de Bravo Productions à Bagnolet, la radio
pirate s'adresse
aux enfants de 3 à 5 ans ainsi qu'à leurs mamans. Au
départ, la station propose une bande son de 3 heures
diffusée en boucle. Ce programme novateur se fait vite
un nom d'autant plus que côté musique elle programme des
génériques de dessins animés !
En mai 1987,
la radio n'est pas retenue pour une fréquence officielle
à Paris. Elle n'obtient pas non plus de fréquence en
région Nord-Pas-de-Calais ou à Lyon. Dans la foulée,
elle doit cesser ses émissions après une mise en demeure
de la CNCL, haute autorité de l'audiovisuelle.
|
|
Le 16 novembre 1987,
le projet de Bravo Productions est de retour sur les
ondes lyonnaises. Cristal FM met à disposition sa
fréquence et ses studios à titre onéreux. Ce démarrage
se fait une nouvelle fois sans autorisation légale mais
en grandes pompes : la radio organise un grand gala le
28 décembre à la Bourse du Travail de Lyon en présence
de nombreux artistes et de 1 500 enfants handicapés.
C'est à l'occasion de ce lancement à Lyon que la radio
rebaptisée Superloustic dévoile son désormais mythique
logo avec le singe canard (ou singe à bouche en bec de
canard).
Le 4 janvier 1988,
Superloustic diffuse officiellement son programme à
destination des moins de 12 ans avec comme objectif
distraire mais aussi favoriser l'imaginaire tout en
complétant l'enseignement des enfants. La radio fait le
pari de l'interactivité avec ses jeunes auditeurs :
courrier, téléphone, événementiels… Disposant d'une
fréquence pleine, elle est audible 24 heures sur 24 et
assure un direct de 7h00 à 21h00 avec des contes et
histoires, de la musique à 90% française, du sport…
Pour assoir son souci constant de respect et de
protection de l'Enfant, la radio met en place un comité
de création où siègent des représentants de la
Fédération de l'Education nationale, de l'Institut de
l'Enfant et de la Famille et du Secrétariat à la
Francophonie. En outre, elle collabore avec Richard
Joffo, spécialiste de la communication enfantine,
journaliste, écrivain et producteur de télévision.
Le 26 août 1988,
après un fort mouvement de soutien des auditeurs appuyé
par Raymond Barre, ancien Premier ministre et député du
Rhône, Superloustic obtient une fréquence propre à Lyon.
Le 21 décembre 1988,
Superloustic fait son retour à Paris. Elle obtient une
fréquence partagée : elle émet dans la Capitale tous les
jours de 13h00 à 19h00 et le mercredi dès 7h00 en
alternance avec la radio africaine Tabala FM. Fort de ce
succès, la radio ambitionne de créer un réseau dans une
dizaine de villes en 2 ans.
Mais très vite, des désaccords se font jour entre
l'équipe parisienne et l'équipe lyonnaise. Le désaccord
avec les propriétaires de Superloustic rentrés à Paris
conduira même à un changement de nom du programme
lyonnais. Il sera successivement rebaptisé Salut les
Loustics et Planète Toon.
|
|
Début 1989,
l'homme d'affaires Franck Goddio reprend le programme
lyonnais et rétablit très vite les liens avec l'équipe
parisienne. Le rapprochement se fait d'autant plus
facilement que le projet Superloustic pèse lourd sur les
finances de Bravo productions qui est au bord du dépôt
de bilan depuis 2 ans.
Le 24 mai 1989,
Franck Goddio crée la société IDL qui a pour objectif de
donner à Superloustic une ampleur nationale. Les trois
fondateurs de Superloustic adhèrent au nouveau projet et
prennent chacun des fonctions au sein de l'équipe de
direction.
A la rentrée 1989,
les studios de Lyon sont fermés et ceux de l'équipe qui
le souhaitent rejoignent Paris. Superloustic quitte les
locaux de Bravo productions pour Bagnolet. Superloustic
travaille même avec RFI avec qui elle coproduit "La
planète des enfants", la première émission jeunesse
internationale diffusée un mercredi par mois sur
l'antenne de la radio publique française internationale.
En 1990,
la radio récupère la fréquence de AJDL ce qui lui permet
d'émettre en continu sur Paris.
Le 10 décembre 1990,
Superloustic débute ses émissions en Bourgogne,
Franche-Comté et Provence-Alpes-Côte-d'Azur. Avec
désormais le soutien du CSA, elle devient le premier
réseau national pour enfants. En plus de Paris et Lyon,
elle émet dans cinq villes (Briançon, Dijon, Gap, Toulon
et Troyes). La radio compte alors 25 salariés.
En 1991,
Superloustic s'allie avec Nostalgie et RMC pour créer
GEM (Génération Expertise Média), une régie commerciale
commune afin d'assoir ses finances.
Le 15 mars 1991,
la station monte ses programmes sur le satellite Telecom
1C opéré par France Télécom afin de favoriser le
développement de son réseau en régions.
En juillet 1991,
Superloustic est audible au Mans, Orléans, Poitiers et
Tours.
Fin 1991,
la radio compte seize fréquences après les ouvertures
d'Evreux, Le Havre, Rouen, Saint-Etienne et Valence.
Elle comptabilise alors chaque mois 200 000 auditeurs,
250 000 appels téléphoniques, 40 000 connexions Minitel
et 8 000 lettres.
|
|
Le 22 avril 1992,
IDL est placée en cessation de paiement. Si la radio
rencontre un beau succès d'audience, les annonceurs ne
sont pas au rendez-vous préférant la télévision pour
cibler les jeunes. Ce triste constat commercial
s'accompagne d'un contexte économique et politique
difficile (guerre en Yougoslavie, tensions avec l'Irak,
troubles aux Liban et Israël, fin de l'URSS, référendum
de Maastricht…), IDL s'endette alors que la radio
nécessite un budget annuel de 15 millions de francs.
Entre budget lourd (pour ne pas dire trop élevé) et un
chiffre d'affaire inexistant, les actionnaires ne
veulent pas remettre la main à la poche pour soutenir le
développement de la radio.
Le 12 mai 1992,
IDL est placée en redressement judiciaire. Elle a
jusqu'au 18 juin pour présenter un plan de continuation.
Fun Radio, NRJ, M40 et RFM se portent candidates à la
reprise mais le CSA et Superloustic refusent que ces
stations rachètent la radio pour (presque uniquement)
bénéficier de ses 32 fréquences. En effet, Superloustic
a obtenu 30 nouvelles fréquences en moins de 2 ans !
Début juin 1992,
Franck Goddio, actionnaire majoritaire d'IDL, abandonne
le projet. Très vite suivi par les autres actionnaires,
il se retire du capital de la société.
Le 10 juin 1992,
les trois pères fondateurs (Denys Didelon, Joël Pons et
Gilles Gressier) tentent une dernière opération de
sauvetage : il fonde l'Association de défense de
Superloustic pour récolter des dons devant permettre la
survie de la radio. Ils font aussi de nombreuses
démarches auprès des institutions pour trouver des
solutions viables.
Le 16 juin 1992,
faute de repreneur, IDL est mise en liquidation
judiciaire par le Tribunal de commerce de Paris.
Parallèlement France Télécom, qui n'est plus payée,
coupe la liaison satellite permettant la liaison avec
les émetteurs régionaux. Mais face à la forte
mobilisation des auditeurs (parents, enfants,
enseignants…) et de personnalités mais aussi face aux
messages de soutien parfois poignants, France télécom
remet en route gratuitement la liaison satellite tandis
que TDF (propriétaire des émetteurs de la radio) et EDF
font aussi cadeau de leurs services pour soutenir la
radio. Quant aux salariés de Superloustic, bien que ne
percevant plus leur salaire depuis plusieurs semaines,
ils sont au travail.
Avec un million de signatures
récoltées, la forte mobilisation des enfants et l'idée
de plus en plus forte que les enfants ont aussi le droit
à leur radio, des appels sont lancés vers le
Gouvernement et Radio France pour que la survie de la
radio des moins de 15 ans ne soit pas liée à des raisons
économiques et politiques.
De nombreux artistes se
mobilisent autour d'une chanson dont les bénéfices sont
reversés à l'Association de défense de Superloustic. "Ta
radio, c'est ton droit !" rappelle que "l'enfant
d'aujourd'hui est le citoyen de demain et qu'à ce titre
il a le droit à son média FM dédié".
|
|
Le 7 juillet 1992,
Superloustic perd tous ses émetteurs en Province. Seul
Paris émet encore.
Le 29 juillet 1992,
Jean-Noël Jeanneney, Secrétaire d'État
à la Communication, déclare que Superloustic
mérite sa place dans le paysage radiophonique français
mais se dit peu favorable à une reprise du programme par
Radio France dont le budget est déjà complexe.
Le 23 juillet 1992 à 19h30,
Superloustic cesse ses émissions.
Le 24 juillet 1992 à 9h30,
les studios sont fermés et mis sous scellés.
Le 5 septembre 1992,
l'autorisation de Superloustic pour sa fréquence à Paris
arrive à sa date d'échéance. Elle n'est pas renouvelée.
En 1994,
l'Association de défense de Superloustic verse les fonds
récoltés à l'association Sol en Si.
Fin 2002,
Superloustic reprend ses émissions sur la bande AM
depuis Nice mais sans l'accord du CSA. Les autres radios
candidates à l'attribution d'une fréquence en AM voient
d'un très mauvais œil ces émissions qui donnent à
Superloustic de l'avance sur les concurrents. Pourtant
ces émissions sont légales puisque la fréquence utilisée
est attribuée par la principauté de Monaco qui a validé
le projet.
En 2003,
le CSA lui attribue officiellement deux fréquences sur
la bande AM à Marseille (mais couvrant tout le quart
sud-est du pays en journée) et à Paris. Dès lors
Superloustic coupe son émetteur de Nice.
Début 2006,
malgré de gros moyens, le succès n'est pas au
rendez-vous. A l'exception de Joël Pons, tous les
dirigeants quittent le navire progressivement et la
radio redonne ses fréquences AM au CSA. Face à la
télévision (avec de nombreuses chaînes jeunesse sur les
bouquets de télévision), la radio n'est peut-être plus
le bon moyen de toucher les enfants d'aujourd'hui…?
Le 13 novembre 2006,
la société FWDP qui gère Superloustic est mise en
liquidation judiciaire et dépose le bilan.
Aujourd'hui,
Superloustic n'existe plus qu'au travers d'un site web
d'archives et sa web radio reprenant la playlist de
l'époque.
|
|
(1) Carol FM est une
radio rock apparue en 1981 sur les ondes parisiennes
(2)
Boulevard du rock est une radio parisienne.
|
|
|
|
L'anecdote en plus : après la fermeture de Superloustic en septembre 1992, certains
animateurs ont poursuivit l'aventure sur RMC avec "Le
Club des Loustics" ou sur Radio Bleue avec "Récré à
Bleue". |
Photos : Muppies FM, getty images
Source complémentaire : une large partie de cet historique est
basée sur l'histoire de la radio narrée par le site mémoire de
Superloustic (voir lien en bas de page)
Historique des logos
de 1987 à 1994 |
de 2002 à 2006 |
|
|
|
Diffusion sur les ondes
Pour aller plus loin...
Site
web de la radio |
Anciennes grilles des programmes |
|
|
|
Muppies FM |
|
|
|
|
|
dernière mise à jour de la page : 04/03/2017
|