Peuleux | Le monde de Spirou et Fantasio

 ENTRETIEN AVEC...  ELODIE GOSSUIN / RFM | 10/04/2017

Dans l'esprit de nombreux français, elle restera éternellement Miss France 2001. Mais Elodie Gossuin a désormais réussi à se faire un nom comme animatrice à la télévision et à la radio. Si elle s'est prise de passion pour les médias, elle apprécie spécialement la radio qui ne met pas en jeu son physique. Depuis la rentrée 2015, elle coanime "le Meilleur des réveils", la matinale de RFM. Rencontre avec une animatrice (presque) comme les autres…

 

Lundi 10 avril, je me glisse dans les studios de RFM. Après avoir assisté aux deux dernières heures de l'émission, je m'installe dans le studio Patrick Bruel pour interviewer Elodie Gossuin juste avant qu'elle ne parte à la Plaine-Saint-Denis pour tourner une émission de télévision.

 

Elodie Gossuin avait sa vie toute tracée : devenir infirmière. Mais après avoir enchaîné les titres de Miss Picardie, Miss France et Miss Europe, la jeune femme cède aux sirènes du mannequinat et s'essaye même à la politique. Durant toutes ces années, Elodie est régulièrement invitée dans les médias qui l'apprécient beaucoup pour son naturel et son humour. Ces expériences l'ont formé inconsciemment aux ficelles de l'animation et lui ont donné envie de passer de l'autre côté de la Force. Elodie Gossuin débute ainsi à la radio en 2011 sur Fun Radio après avoir débuté à la télévision en 2005 sur TF6.

Elodie Gossuin : Des gens ont eu envie de me faire confiance. Le tout premier a été Manu Lévy qui m'a casté alors qu'il maquettait pour Fun Radio. Après plusieurs maquettes, il m'a proposé de le rejoindre.

 

Etre en radio sans le devoir intégralement à mon parcours de Miss est une belle revanche pour moi !

 

Et lorsque Manu Lévy quitte Fun Radio pour NRJ, il demande à Elodie de le suivre. Arriver sur la matinale de NRJ, c'est-à-dire sur le prime time de la première radio musicale de France, était un rêve pour l'animatrice débutante en radio qu'elle était.

Peuleux : NRJ, première musicale de France. "Le 6/9", l'une des matinales les plus écoutées de France. Ça ne te fait pas peur à l'époque ?

Elodie Gossuin : C'était beaucoup de pression et cela d'autant plus lorsqu'on travaille dans une équipe exigeante, avec un Manu très exigeant. C'est beaucoup de travail donc beaucoup de concessions aussi. Mais j'ai toujours eu cette envie d'être en radio parce que ce n'était pas le domaine où j'étais la plus attendue. En radio, je ne peux pas jouer de mon image. Pour moi, c'est une belle revanche ! Tu as vu ma tête en arrivant, je ne suis passée au maquillage qu'avant le live vidéo avec Marc-Antoine Le Bret. Ça fait du bien d'être à l'antenne avec une tête défraichie comme je peux l'avoir à la maison au réveil. Etre en radio sans le devoir intégralement à mon parcours de Miss est une belle revanche pour moi.

 

Après une saison sur NRJ, Elodie Gossuin décide de quitter la matinale. Son départ est autant lié au souhait de partir d'elle-même avant qu'on ne décide de la remercier qu'au désir de faire un nouvel enfant "or le rythme de la matinale n'est pas compatible avec ce souhait". En octobre 2013, elle donnera naissance à des jumeaux, pour la seconde fois…

 

La radio me manquait viscéralement

 

Peuleux : Tu reviens en radio à la rentrée 2015. Parce que les enfants faisaient leurs nuits ?

Elodie Gossuin : Oui, c'est ça ! C'était la dernière année avant leur rentrée à l'école, l'année de leurs 3 ans. Cela a été un choix familial puisque cela impliquait que mon mari soit à la maison le matin pour gérer nos quatre enfants. Il savait que cela me démangeait depuis longtemps, que cela me manquait viscéralement. Les horaires d'une matinale permettent un autre rythme de vie : lorsque je n'ai que la radio, je peux rentrer manger avec mon mari, faire une sieste et profiter des enfants après l'école. J'ai des amis qui ne rentrent que pour le dîner en famille. J'ai fait une concession le matin mais cela me libère du temps en fin de journée.

Lorsque que Thomas Pavloski, le patron de RFM, lui a proposé de rejoindre la matinale de RFM à la rentrée 2015, Elodie Gossuin a pensé que c'était une chance car c'était la radio qu'elle écoutait, une radio qui lui ressemblait avec une programmation musicale en phase avec sa playlist.

Elodie Gossuin : Je savais aussi que j'allais boser avec un mec travaillant en radio depuis 30 ans alors que j'avais encore beaucoup de choses à apprendre techniquement. Je savais qu'il fallait que je sois au maximum naturelle et fraiche à l'antenne. Même si à 6h00 du matin tu n'as pas la fraicheur tous les jours et que le naturel tu vas parfois le chercher aux forceps. Mais quand tu te lèves en te disant que tu vas réveiller les gens, tu trouves que tu as une chouette mission.

 

C'est un métier sympathique dans la bienveillance où les gens te le rendent en retour.

 

Désormais, Elodie se lève à 4h15. "Avant c'était 3h50. J'arrive à me lever plus tard mais sans rouler plus vite sur l'autoroute !" Il faut dire que notre animatrice habite à 90 minutes de Paris (si ça roule normalement).

Peuleux : Pourquoi RFM est venue te chercher : ta notoriété, ta sympathie, ton empathie ?

Elodie Gossuin : Venir me chercher pour mon parcours ou seulement ma notoriété ce n'aurait pas été un choix judicieux. Je doute que le choix de RFM se base uniquement sur une stratégie de communication. Ce n'est pas l'ADN de RFM, ni la base de la matinale. Ce qui m'a été dit c'est que j'étais là par rapport à ce que j'avais déjà fait sur Fun Radio et NRJ. Ils m'ont demandé d'être naturelle et de rester celle que je suis c'est-à-dire une maman de quatre enfants qui a une vie comme les autres. Tout à l'heure à l'antenne, Albert s'est moqué de moi parce que j'ai nettoyé mon salon de jardin hier entre les enfants, les courses et du jardinage. Le fait de travailler à Paris sans y vivre et sans avoir une vie privée trop urbaine et people me permet de parler plus facilement aux femmes qui me ressemblent ou à qui je ressemble.

Peuleux : Manu, Bruno, Albert… Tu ne travailles en radio qu'avec les plus grands !

Elodie Gossuin : Oui, c'est une chance !

Albert Spano : C'est moi le plus sympa !

Elodie Gossuin : J'ai le sentiment qu'avec Albert nous sommes un binôme, non pas qui frôle la perfection professionnelle - ce qui serait prétentieux à dire - mais qui frôle la perfection à titre personnel. Nous sommes complémentaires avec des compétences différentes. Les compétences d'Albert sont bien au-delà des miennes en termes techniques et de maitrise du média. Nous sommes complémentaires dans notre vision des choses et dans la répartition des rôles.

 

Une animatrice incroyablement naturelle et souriante

 

A l'antenne, Albert assure les annonces et désannonces des disques, les relances et gère plus l'aspect technique de l'animation d'une matinale. Tout le côté animation naturelle et le sourire est pour Elodie. Le duo et leur producteur trouvent la répartition des rôles équilibrée et naturelle. Et cela se ressent bien à l'antenne. Ce qui ressort aussi, c'est qu'il anime bien l'émission à deux : ce n'est pas Albert Spano avec Elodie Gossuin (ou le contraire) mais bien Albert & Elodie.

Albert Spano est hyper fier du duo parce qu'avec Elodie, ils se sont trouvés dès la première émission. D'ailleurs, leur première matinale, ils ne l'ont pas faite le jour de la rentrée de RFM mais le vendredi précédent, sans trop de tambours et avec très peu de trompette afin de se décharger de la pression inhérente à une première. "Et nous avons été carrés" lance Albert.

Il faut savoir que les deux complices ne se sont pas trop entraînés avec des émissions tests avant la rentrée. Ils ont surtout fait des essais avec Marc-Antoine Le Bret afin de caler leur duo par rapport à l'imitateur de la matinale.

Albert Spano ne tarit pas d'éloge sur son binôme : "Elodie est jolie à regarder mais c'est avant tout une animatrice qui avant RFM a eu de très bonnes expériences en radio et évolue aussi très bien à la télévision. Si elle n'était pas animatrice, ça ne marcherait pas ! Elle a un naturel à l'antenne incroyable, il n'y a pas de triches".

En quelques mois, le duo a su développer en son sein une compréhension intuitive qui renforce leur naturel et assure un équilibre dans l'animation lorsque l'un des deux est un peu fatigué. Albert croit en leur duo, il est persuadé qu'ils sont "une machine de guerre" et qu'ils peuvent aller très loin et durer s'ils gardent leur complicité et leur naturel. Et pour avoir passé près d'une heure avec eux à les interviewer, je vous certifie qu'ils sont aussi naturels et complices hors antenne qu'à l'antenne !

Elodie Gossuin : Nous n'avons pas de problème d'égo entre nous. Donc cela ne pourrit pas notre relation personnelle. Donc cela ne pourrit pas notre relation à l'antenne. Nous avons une telle confiance entre nous qu'il m'est arrivé de leur confier des choses personnelles comme je ne l'avais jamais fait avant dans le cadre professionnel. Bon si ça se trouve ce que je dis sera dans le prochain livre d'Albert qui sortira dans un an ! (Rires).

 

Peuleux : Chaque matin, tu donnes la réplique à Marc-Antoine Le Bret. Tu es devenue la Julie de RFM !

Elodie Gossuin : C'est un peu vrai. Ça doit faire bizarre à Julie de savoir que sur la radio cousine et voisine d'Europe 1 il y a cette pastille humoristique. Je connais bien Julie et depuis longtemps. Nous avons fait plusieurs émissions ensemble, on se croise dans le parking régulièrement. Marc-Antoine Le Bret a un style différent de ce qui se fait ailleurs. Aujourd'hui, il est devenu indispensable au "Meilleur des réveils". Il permet de traiter des sujets trop lourds et difficiles que nous ne pourrions pas traiter. Il nous permet de rester dans le bon plan et la bonne humeur, le service et les infos sourire.

 

La rugosité donne de la saveur et de la force

 

Alors que je lui présente une photo prise le 1er novembre 2002 lors d'une émission de Cauet sur Europe 2 (avec votre serviteur dans le public... avec le polo rayé), Elodie me parle de Cauet : "Nous avons fait pas mal d'émissions de radio ensemble notamment beaucoup de délocalisations d'Europe 2. Nous nous entendions bien parce que nous sommes tous les deux picards mais aussi dans le côté populaire, simple, authentique. J'adorais son équipe et nous avions envisagé de travailler ensemble mais le rôle féminin dans son équipe était déjà bien occupé. Il m'a donné envie de faire de la radio. Avec ses émissions, j'ai réalisé que la radio permettait d'être proche des gens comme nul autre média. C'était 3 heures de direct sans filtre. En télévision, j'essaye de garder cette proximité mais honnêtement cette instantanéité n'est possible qu'en radio. Au début, en radio, j'avais peur ou honte lorsque je me trompais ou faisais un lapsus alors quen tu as le droit à l'erreur parce que c'est la vraie vie. La rugosité donne de la saveur et de la force tant que ça ne dérape pas".

 

Si Miss France a été un tremplin "brutal" pour Elodie Gossuin, son parcours montre bien que la vie est faite "d'un mix de chance et (surtout) de travail". Ajoutons à cela de belles rencontres et cela donne une reine de beauté qui brille désormais essentiellement pour son talent d'animatrice.

 



LE 9 A LA SUITE D'HISTOIRE(S) RADIOPHONIQUE(S)

 

Si je devais interviewer une autre personnalité radiophonique, vers qui m'orienterais-tu ?

Albert Spano, c'est le maître !

 

Les voix ou les émissions de radio qui ont marqué ton enfance ?

Globalement celles avec le Doc. Je n'écoutais pas en cachette mais un peu. J'écoutais avec des copines. C'était un peu comme un interdit ou une rébellion. Il y avait une authenticité dans les échanges qui permettait de s'identifier, de déculpabiliser, d'aider à s'assumer. Elle m'a aidé à grandir.

 

La plus belle rencontre radiophonique ?

Albert Spano ! J'aurais pu parler de Manu qui m'a permis de commencer mais Albert est professionnellement mon jumeau et je suis une spécialiste des jumeaux !

[NDLR : d'ailleurs lorsqu'Elodie partira du studio pour se rendre à son enregistrement, elle saluera Albert Spano d'un "Salut jumeau !"]

 

La pire rencontre radiophonique ?

Je ne le dirai pas mais il y a eu des rencontres difficiles. Dans le milieu des médias, comme dans la vraie vie, c'est parfois compliqué d'être une femme. Et quand tu as un parcours lié à un concours de beauté, certains aiment bien te mettre dans cette case là ou bien te faire comprendre que tu n'es qu'un faire-valoir de second plan. Pendant un temps, j'ai eu du mal à me dire que j'étais animatrice parce que ce n'était pas ce que l'on me faisait ressentir.

 

Le plus beau souvenir en radio ?

Cette année, il y en a eu beaucoup. Donc mon plus beau souvenir sera forcément cette année... Albert m'a fait de belles surprises pour mon anniversaire. Je n'avais pas envie de mélanger vie professionnelle et vie privée mais dans cette émission c'est naturel. Toutefois, avoir mon mari qui déconne avec un accent du nord pour jouer à la "Machine à tubes" ou ma petite sœur qui accepte de venir sur RFM parce qu'elle sait qu'ici je suis comme à la maison, ça reste un bon souvenir. C'est aussi une belle récompense parce cela veut dire qu'ils me reconnaissent comme leur femme ou leur grand sœur à l'antenne.

Les délocalisations sont aussi de bons souvenirs parce qu'on se bourre la gueule la veille (rires). Quand on te dit qu'on va faire une délocalisation dans un hypermarché Casino, tu te poses des questions sur la technique. Mais lorsque tu vois l'accueil et la tranche de vie que cela représente pour nous comme pour les auditeurs présents, tu ne regrettes pas d'être là. Et ça ressemble à ce que nous sommes tout en nous changeant de notre routine.

 

Le pire souvenir en radio ?

C'est un souvenir pire en termes de stress : le jour où Manu n'est pas venu. Je me suis retrouvée toute seule sur la matinale de NRJ peu de temps après mes débuts. J'en ai encore mal au ventre. C'était presque catastrophique mais j'ai géré quand même !

 

Quand tu n'es pas à la radio, écoutes-tu la radio ?

Oui. Je zappe entre RFM et Europe 1. J'écoute très souvent RFM. En fin d'après-midi, j'écoute Justine Fraïoli, j'observe comment elle gère les speaks d'un drive et globalement j'aime la programmation musicale de RFM. Le matin en voiture, je suis sur Europe 1. J'écoute aussi "Hondelatte raconte". J'écoute aussi parfois la concurrence…

 

Quand tu sors de la radio, que fais-tu ?

Cela dépend des jours car je n'ai quasiment pas deux journées qui se ressemblent. Idéalement, je rentre déjeuner avec mon chéri, je fais une sieste avant d'attaquer ma deuxième journée avec mes quatre enfants. Aujourd'hui, je suis en tournage pour la télévision jusqu'à 16h00. Demain, je fais des voix-off pour une émission enregistrée pour Gulli en fin d'année.

 

Et dans 5 ans ?

C'est tellement loin, la vie est tellement imprévisible ... J'ai toujours eu des difficultés majeures pour anticiper et me projeter. Mais je garde ce rêve de rester fidèle à mon Albert et à mon groupe, d'être nourrie encore de ma passion : la radio.

 

Remerciements : Un grand merci à Pascal Atenza qui a permis cette merveilleuse rencontre radiophonique et humaine. Merci à Elodie pour sa disponibilité, sa patience et sa gentillesse. Merci à Albert Spano d'avoir joué les photographes. | Photos : Peuleux, RFM, NRJ, Europe 2

 

 

Pour aller plus loin...


Dans les coulisses du...
"Meilleur des réveils"

Entretien avec...
Pascal Atenza

Entretien avec...
Albert Spano


Dans les coulisses de...
"Guillaume & Sophie"


Entretien avec...
Sophie Coste


Entretien avec...
Guillaume Aubert

Fun Radio

NRJ


RFM

   

dernière mise à jour de cette fiche le 06/05/2017


Histoire(s) radiophonique(s), un site édité par Peuleux | création du site : mai 2007 | version 3.0 lancée en août 2015 | mentions légales | contact