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 ENTRETIEN AVEC...  PASCAL ATENZA / RFM | 10/04/2017

Né radiophoniquement dans les années 1980 sur Sud Radio, Pascal Atenza s'est fait connaitre sur France Bleu Haute-Normandie avant de se faire un nom sur Rire & Chansons. Rencontre avec une grande voix de la radio qui a changé de voie pour produire la matinale de RFM…

 

A la rentrée 2016, dans un article sur la page Facebook d'Histoire(s) radiophonique(s), je m'étais étonné qu'un grand monsieur de radio comme Pascal Atenza ne soit présent dans la matinale de RFM que pour fêter des anniversaires. Pascal Atenza m'avait alors contacté pour m'expliquer qu'en fait, il était le producteur de la matinale et qu'il faisait cette pseudo rubrique pour s'amuser. A l'issue de nos échanges, nous avions pris rendez-vous à l'occasion de mon prochain passage parisien.

C'est ainsi que le lundi 10 avril, à 7h40, Pascal Atenza m'accueille dans les locaux de RFM. Tout en me glissant dans le studio de la matinale, j'en profite pour interroger Pascal Atenza sur son parcours et sa vie de producteur.

 

Rentré à Sud Radio par concours !

 

Pascal Atenza débute la radio à Toulouse, comme beaucoup de gens de sa génération, sur les radios libres. Il travaille bénévolement sur Radio Toulouse, une radio lancée par La Dépêche du Midi avec des anciens de Radio Andorre et de Sud Radio. Tout en préparant son baccalauréat d'électrotechnique (bac F3), il fait de la radio le mercredi et le week-end. Voyant qu'il pouvait gagner sa vie dans ce milieu, ses parents le laissent faire une fois son bac en poche.

Pascal se présente ensuite à Sud Radio. A l'époque, il faut passer un concours pour rentrer comme animateur. Les dirigeants ne voulaient pas à l'antenne d'un bon animateur d'antenne qui n'ait aucune culture générale. Après avoir réussi le concours et après un entretien prometteur avec Jean-Marie Ferrand, directeur d'antenne de Sud Radio, il se retrouve à l'antenne très vite.

  

Pascal Atenza arrive ensuite sur Rire & Chansons comme animateur du décrochage toulousain. Mais lorsque le CSA retire à la radio du Rire toutes ses autorisations de décrochage rendant toutes les fréquences du jeune réseau passives, Pascal part sur France Bleu Haute-Normandie basée Rouen.

Pascal Atenza : Cette saison a été l'une des meilleures périodes de ma vie avec une liberté totale. Nous avons expérimenté plein de trucs. D'ailleurs, je n'ai jamais reçu autant de propositions de travail l'époque !

 

Il monte à Paris pour la télévision

 

Si en 2000, Pascal Atenza arrive sur Rire & Chansons en national, c'est avant tout parce qu'il a fait le choix préalable de déménager dans la Capitale pour travailler avec Karl Zéro. En effet, Pascal rejoint l'équipe de l'animateur de Canal+ comme auteur.

Peuleux : Tu es resté sur Rire & Chansons pendant 14 ans avec différentes tranches d'animation dont la matinale et une émission avec invité. Pourquoi es-tu parti ?

Pascal Atenza : Rire & Chansons a été une expérience incroyable notamment la matinale avec Philippe Llado. J'ai aussi fait le 9-12 à mon arrivée et une chronique baptisée "le Presque journal". Et la dernière année le 17-20. Au cours de mes années de présence, il y a eu plusieurs changements de direction et en 2014, j'ai été viré !

 

Entre Rire & Chansons et France Bleu, j'ai eu une année difficile

 

L'année qui a suivi son éviction de Rire &Chansons a été une année difficile pour Pascal Atenza, avec peu de propositions. A l'été 2015, une opportunité se présente à lui sur France Bleu en national : Daniella Lumbroso cherchait un nouveau chroniqueur humour en quotidienne.

Pascal Atenza : Il fallait faire 4 minutes d'humeur et d'humour. Je me suis bien entendu avec Daniella qui jouait bien le jeu mais je comprends que les autres n'aient pas tenu : c'est un boulot énorme ! Pour une chronique de 4 minutes diffusée à 13h00, je me levais à 6h00 du matin. Je peaufinais ma copie jusqu'à la dernière minute dans une émission qui n'était pas faite pour ça au départ. Tu arrives après une interview face à un invité dans une émission sans public.

Avec le recul, Pascal Atenza concède n'avoir au final que de bons souvenirs de cette période. S'il part à la fin de la saison, c'est "parce que c'était beaucoup trop de travail pour être mal payé". Et puis Pascal ne voyait pas où cela allait le mener. "J'avais l'impression de perdre mon temps sans voir d'avenir et de m'enfermer dans le rôle de chroniqueur".

 

La matinale de RFM c'est aussi du contenu

 

A l'été 2016, Pascal Atenza devient producteur de la matinale de RFM présenté par Albert Spano et Elodie Gossuin.

Pascal Atenza : J'ai connu Albert Spano en 2000 à Rire & Chansons. Nous nous sommes croisés peu de temps mais nous nous sommes très vite bien entendus et nous sommes restés en contact. Nous avons toujours voulu travailler ensemble mais sans jamais en avoir l'opportunité. Lorsque RFM lui a confié le morning, il a tout de suite pensé à moi pour l'aider.

Depuis la rentrée, Pascal Atenza découvre le métier de producteur. S'il maitrise bien la partie éditoriale, il apprend chaque jour sur la partie fonctionnement. Pascal est salarié de RFM, l'émission est produite par la radio, il n'apporte pas un produit clé en main via sa société de production comme c'est le cas pour la matinale de Camille Combal sur Virgin Radio ou les émissions de Cauet.

Pascal Atenza : RFM m'a donné un cahier des charges. Je suis chargé de respecter ce cadre en amenant du contenu. Ce qui me plait, c'est le côté éditorial. Même si RFM est une radio musicale, nous ne pouvons pas passer à côté de la vie quotidienne des auditeurs. Par rapport à d'autres matinales sur des musicales, nous donnons peut-être un peu plus de contenus avec des insolites ou de l'actualité. Nous n'en faisons pas des tonnes mais nous ne sommes pas en dehors de la vraie vie.

 

Peuleux : Les présences de Marc-Antoine Le Bret et de Karine Ferri sont des idées de la direction ?

Pascal Atenza : Oui. Je pense que Stéphane Bosc [NDLR : le patron de RFM] a toujours rêvé d'avoir un humoriste à l'antenne. Il l'avait déjà fait sur Nostalgie avec Rémi Marceaux ce qui était précurseur. Là, nous sommes heureux d'accueillir Marc-Antoine qui est l'un des meilleurs du moment. Marc-Antoine travaille de son côté, je ne regarde pas ce qu'il fait, nous découvrons sa copie lorsqu'il nous la transmet le matin même.

Peuleux : Tu te lèves à quelle heure ?

Pascal Atenza : Je me lève à 4h00 pour être à la radio à 5h00. Je travaille l'éditorial le matin même. Aujourd'hui avec les réseaux sociaux, l'information va très vite et une information que nous aurions repérée la veille au soir pourrait avoir été largement diffusée dans la nuit. Nous préparons donc juste avant l'émission avec des informations tombées pendant la nuit ce qui nous donne une certaine fraicheur.

 

Pascal est heureux de voir qu'Elodie et Albert ont très vite eu une vraie complicité, une complicité qui se sent à l'antenne. Mais il est aussi fier que l'équipe, dans son ensemble, fonctionne bien et s'entende aussi bien.

 

A chaque fois que nous avons eu un doute sur une délocalisation ça s'est super bien passé !

 

Lorsqu'il évoque les deux dernières délocalisations de la matinale, chez un auditeur et dans un hypermarché, Pascal Atenza a des étoiles dans les yeux.

Pascal Atenza : Lorsque nous avons proposé de réaliser la matinale depuis chez un auditeur, nous avons eu 2 000 participations. Nous n'y avons pas cru ! Nous sommes partis chez un gars pour qui c'était le plus beau jour de sa vie, il avait passé deux jours à faire le ménage. Nous y sommes allés un peu à reculons sur le projet ne sachant pas trop ce que nous ferions mais finalement cela a été un moment génial. Nous avons d'ailleurs envie de recommencer d'ici la fin de la saison.

La délocalisation dans un hypermarché de Pessac (près de Bordeaux) a aussi était une expérience étonnante pour l'équipe. En arrivant à 5h30 à l'hypermarché, ils ont trouvé 200 auditeurs devant la porte. Ils imaginaient faire l'émission coincés dans le rayon surgelés alors qu'une super scène les attendait. Les artistes qui sont venus les rejoindre étaient ravis. "Nous en sommes sortis ravis avec une ambiance et un public géniaux. Ça reste un grand souvenir au final !"  

  



LE 9 A LA SUITE D'HISTOIRE(S) RADIOPHONIQUE(S)

 

Si je devais interviewer une autre personnalité radiophonique, vers qui m'orienterais-tu ?

Philippe Llado. J'ai passé des années avec lui. Nous ne nous sommes que très rarement vu en dehors de la matinale mais je n'ai jamais eu une complicité telle avec un coanimateur. C'était digue comme matinale. Honnêtement, avec Philippe, nous nous sommes entendus sur tout ! Artistiquement, pendant 8 ans, nous avons été d'accord sur tout. Nous avions le même humour avec des vies personnelles à part.

Elodie Suigo sur France Bleu aussi…

 

Les voix ou les émissions de radio qui ont marqué ton enfance ?

Patrice Blanc-Francard avec "Bikini", son émission estivale sur France Inter à la fin des années 1980. Je voulais faire ça. C'est lui qui m'a donné envie de faire de la radio pour être ce mec... Il passait la musique que j'aimais avec un ton à lui.

 

La plus belle rencontre radiophonique ?

Jean-Marie Ferrand, directeur d'antenne de Sud Radio, qui est décédé il y a peu. Il m'avait fait passé un test et m'avait mis tout de suite à l'antenne juste parce que nous avions discuté sur mes envies. Avec quelques minutes de maquette, il a mis un petit jeune à l'antenne juste parce qu'il avait senti qu'il y avait quelque chose. Je lui dois beaucoup.

 

La pire rencontre radiophonique ?

Je n'en ai pas vraiment. En revanche, si tu me demandes "avec qui cela s'est mal passé ?", ou du moins "avec qui cela a été plus difficile ?", j'ai envie de dire celui qui m'a viré de Rire & Chansons. Nous ne nous sommes pas entendus mais ce n'est pas ma pire rencontre.

 

Le plus beau souvenir en radio ?

Mon premier jour à Sud Radio ! J'avais une grande fierté de pouvoir dire bonjour sur cette radio prestigieuse à l'époque. Un an après avoir fait mes débuts sur des radios libres, j'arrive sur cette station comme si j'étais arrivé à TF1. Mes parents étaient fiers aussi.

 

Le pire souvenir en radio ?

Une interview avec Nilda Fernández sur France Bleu. Mais c'était de ma faute, je n'avais rien préparé. L'homme étant cultureux, il s'en est rendu compte… Mais c'était beaucoup ma faute !

 

Quand tu n'es pas à la radio, écoutes-tu la radio ?

Oui, oui, oui, tout le temps, j'écoute du matin au soir. J'écoute tout parce que j'ai mon autre travail qui est de produire des génériques et des habillages sonores. Ça me permet de rester à la page parce que régulièrement pour des génériques en télévision, on me demande de m'inspirer de tel ou tel titre à succès. J'écoute toute les radios, de RFM à Franceinfo.

 

Quand tu sors de la radio, que fais-tu ?

Beaucoup de musique. Je fais de ma musique pour mon travail mais aussi pour moi.

 

Et dans 5 ans ?

Je ne suis pas sûr de travailler encore en radio mais j'espère être encore dans la production musicale et de l'habillage. Il y a moins de pression par rapport à mon âge J'ai 50 ans et je sens la nouvelle génération qui pousse en radio alors que dans l'habillage sonore, les gens se moquent de ton âge.

 

Remerciements : Un grand merci à Pascal pour m'avoir invité dans les studios de RFM avec à la clé des rencontres magiques, pour sa disponibilité et la qualité de nos échanges | Photos : Peuleux, RFM, Rire & Chansons, France Bleu

 

 

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dernière mise à jour de cette fiche le 06/05/2017


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