Peuleux | Le monde de Spirou et Fantasio

 ENTRETIEN AVEC...  ALBERT SPANO / RFM | 10/04/2017

Grandes voix de la bande FM, Albert Spano a distillé sa bonne humeur sur différentes antennes nationales avant de poser ses valises à RFM. Depuis la rentrée 2016, il présente "le Meilleur des réveils" en duo avec Elodie Gossuin. Rencontre avec un animateur qui a fait le pari du naturel au micro…

 

Lundi 10 avril, je me glisse dans les studios de RFM. Après avoir assisté aux deux dernières heures de l'émission, je m'installe dans le studio Patrick Bruel pour interviewer Albert Spano, l'un des animateurs mythiques (mais néanmoins modestes) de la bande FM.

Comme beaucoup d'animateurs de sa génération, Albert Spano a fait ses débuts à la radio sur des stations associatives ou des petites locales peu avant la libération de la FM. Albert débute en 1986 en bénévole sur Radio Baie du Soleil à Menton.

Albert Spano : C'était encore une époque presque facile pour débuter. A l'époque, les responsables ne regardaient pas si tu avais déjà fait de la radio ou non. C'était beaucoup de bénévoles.  Et j'ai eu de la chance.

Après 6 mois à sur les ondes mentonasques, il part en Corse pour son premier poste d'animateur rémunéré sur Studio 20. Par la suite, il travaille à Kiss FM (Cannes) et pour une radio autoroutière. Cette dernière expérience, à la limite du journalisme, lui apprend à être concis et clair au micro.

 

Cauet a été ma bonne étoile

 

Il arrive finalement à Paris où Cauet l'engage sur Rire & Chansons. Cette première expérience nationale lui apprend à gérer un nouveau paramètre : la pression. Cauet devient alors un peu sa "bonne étoile". Si l'animateur n'arrive pas à l'embarquer avec lui sur NRJ, il le fait venir à Europe 2.

Albert Spano : Sur Europe 2, j'ai vécu des années fantastiques durant huit saisons. J'ai vécu la transition entre les années Arthur et les années Nagui-Manu Lévy ainsi que la transformation en Virgin Radio. J'ai traversé deux époques de l'histoire de cette radio et j'en garde un souvenir fabuleux. J'en garde des amis merveilleux, des souvenirs forts, c'est une période qui m'a véritablement marquée.

Peuleux : Tu ressens cet amour persistant du public pour Europe 2 ?

Albert Spano : Ah oui ! C'est une radio qui a eu un impact et où des gens formidables ont travaillé. J'ai parlé d'Arthur et de Cauet mais il y aussi eu Jean-Yves Lafesse, Gad Elmaleh ou Tex… Il y a eu des formats musicaux intéressants. La nostalgie pour cette radio vient aussi probablement du nom : Europe 2 qui est très joli à dire, qui est limite poétique. Europe 2 correspond aussi certainement à une époque. C'est pour cela que c'est resté quelque chose de fort dans la mémoire des gens !

 

NRJ ne se refuse pas

 

Après Europe 2, Albert Spano rejoint NRJ pour trois saisons. Aller sur la première radio musicale de France est "une opportunité qui ne se refuse pas".

Albert Spano : C'est puéril ce que je vais dire mais j'ai la satisfaction de l'avoir fait et de l'avoir fait tard. C'est une fierté d'avoir fait trois saisons sur une radio jeune alors que j'avais déjà l'âge que j'avais. J'ai gardé ma tête jusqu'au bout et c'est moi qui ai décidé de partir. J'en garde un bon souvenir.

Peuleux : Lorsque tu pars de NRJ, tu annonces que tu te mets en retrait de la radio pour te consacrer à d'autres projets. Or quelques mois plus tard, tu animes les soirées de Kiss FM (Cannes).

Albert Spano : Patrice Sidrac, le directeur de Kiss FM, est un ami. Il m'a proposé de venir si je n'avais rien. J'ai accepté, ça m'a ramené un peu à la source.

Peuleux : Mais tu n'as pas déménagé à Nice pourtant !?

Albert Spano : Non pas du tout ! Aujourd'hui, la technologie permet de faire des choses extraordinaires. Kiss FM m'a permis de souffler parce que j'étais à la fin d'un cycle. Et le fait d'être le soir, sans pression, m'a permis de faire beaucoup de voix off qui est mon autre activité professtionnelle. Pendant un an et demi, ça m'a permis de me régénérer, ça m'a fait du bien.

 

De Virgin Radio à RFM, un cheminement naturel

 

Et puis c'est le retour rue François Ier sur Virgin Radio qui a pris la succession d'Europe 2. Frédéric Pau, directeur des programmes - qu'Albert connaît depuis NRJ - l'appelle en lui expliquant que Virgin Radio cherche à mettre à l'antenne en matinée un mec comme lui, avec de la bouteille. Cette proposition le remotive "d'une manière incroyable". Qui plus est, revenir sur une radio où il avait travaillé 8 ans - même si elle a un nouveau nom – lui donne une motivation supplémentaire.

 

Après une saison et demi de matinées sur Virgin Radio, Albert Spano sent qu'il a fait le tour de la boucle et même si tout allait bien, il ne veut pas "s'accrocher à Virgin Radio".

Albert Spano : J'en ai parlé avec ma direction et, au même moment, il y a eu cette opportunité à RFM avec Jean-Philippe Denac [NDLR : directeur de RFM à l'époque]. Et venir à RFM était pour moi naturel et logique. J'étais hyper flatté que Jean-Philippe Denac pense à moi pour muscler son après-matinale avec quelqu'un qui parle !

Peuleux : Tu changes de radio mais tu fais la même chose en fait !

Albert Spano : C'était un autre format musical, l'exercice était peut-être un peu plus souple pour moi, c'était très agréable pendant deux saisons.

Peuleux : Lorsque tu es arrivé sur RFM, nous avons eu l'impression que la station cherchait à muscler sa matinée et n'attendait pas de toi que tu envoies seulement les disques.

Albert Spano : Je ne me suis jamais contenté d'envoyer les disques ! Mais on oublie une chose, c'est qu'en radio la matinale dure jusqu'à midi ! Donc, une fois la matinale terminée, il faut continuer de parler aux gens. Même sur une tranche de flux musical. Ecoutez-moi bien les plus jeunes qui lisent cet article : même après 9h00 avec une tranche de flux, il faut apporter du contenu aux auditeurs, il faut leur parler. Ce que je vais dire est malheureux mais annoncer-désannoncer des disques est à la portée de n'importe qui. Ce qui est important, c'est ce que l'on met entre les deux : vas-tu réussir à accrocher l'attention de quelqu'un en 20 secondes avec des choses du quotidien, des choses de la vraie vie ? Si c'est pour dire "c'était U2, voici Christophe Maé", tout le monde sait le faire !

Peuleux : A l'époque, j'avais le sentiment que tu ne t'auto-réalisais pas et que tu avais un réalisateur avec toi ? Tout comme sur Virgin Radio…

Albert Spano : Non, j'ai toujours eu cette chance et cette bienveillance de mes directions d'avoir un réalisateur. Pour moi, la technique est compliquée. Il ne faut pas croire que la technique c'est simplement appuyer sur des boutons. Il y a aussi une démarche artistique et des horloges à calculer.

 

Une matinale, prime-time de la radio, ne se refuse pas !

 

Peuleux : Depuis la rentrée 2016, tu es redevenu matinalier. Qu'est ce qui t'a décidé à accepter l'offre de la direction de RFM ? Travailler avec Elodie Gossuin, travailler avec Pascal Atenza, te lever à l'aube ou bien le salaire ?

Albert Spano : L'argent est une mauvaise raison. J'ai accepté parce que c'est le prime-time de la radio. Comme je n'avais pas refusé d'aller sur NRJ, première radio de France à l'époque, lorsque Thomas Pawlowski m'a dit qu'il pensait à moi pour la matinale, j'ai accepté.

Peuleux : En acceptant la matinale, tu savais que tu allais travailler en duo avec Elodie Gossuin ?

Albert Spano : On m'a quand même demandé mon avis, ce que j'ai apprécié. J'ai tout de suite dit oui. Pour tout te dire, avant qu'on ne me propose la matinale, j'avais en tête une liste de propositions pour la matinale si jamais on venait me la proposer. Et dans cette liste, il y avait travailler avec Elodie. Pour moi, la question était plus de me glisser dans les pantoufles de Bruno Roblès mais avec les pieds d'Albert Spano. Il fallait donc faire bouger des choses mais la question de la coanimatrice n'était pas en jeu pour moi. Et puis, je savais que ça matcherait avec Elodie que je croisais aux passages d'antenne entre la matinale et ma tranche la saison dernière. Donc j'ai accepté parce que c'est le prime, parce que c'est avec Elodie, parce que c'est RFM et parce que c'est aussi une certaine forme de reconnaissance pour moi. J'ai travaillé sur plusieurs formats sur des radios nationales mais c'est la première fois que je porte une matinale en duo avec quelqu'un.

 

Désormais Albert Spano se lève à 4h00 pour être à la radio vers 5h30. Si Pascal Atenza - sollicité par Albert pour produire la matinale - travaille beaucoup sur le côté éditorial, notre animateur a tout de même sa part à faire : "Je prépare beaucoup l'émission la veille mais je déteste arriver en dernière minute, j'aime bien arriver un peu avant pour relire mes interventions. Je ne laisse pas trop la place au hasard même s'il y a une part d'improvisation pendant les jeux par exemple. Je veux que les choses soient verrouillées et que nous ayons un conducteur précis".

 

Avec Elodie, nous sommes une machine de guerre.

 

La répartition des rôles entre Albert Spano et Elodie Gossuin dans la présentation s'est faite naturellement. Même s'ils en ont parlé ensemble au début de leur collaboration.

Albert : J'ai fait le pari du naturel. Je pense que le secret est d'être à l'antenne comme nous sommes chez nous ou dans les couloirs de la radio. Il n'y a pas de rôles à jouer. Pour moi, Elodie Gossuin est superbe physiquement mais elle est mieux en maman. A l'antenne, c'est mieux d'écouter la maman que la Miss France. Je ne travaille pas avec Miss France mais avec une animatrice.

A l'antenne, Albert assure les annonces et désannonces des disques, les relances et gère plus l'aspect technique de l'animation d'une matinale. Tout le côté animation naturelle et le sourire est pour Elodie. Le duo et leur producteur trouvent la répartition des rôles équilibrée et naturelle. Et cela se ressent bien à l'antenne. Ce qui ressort aussi, c'est qu'ils animent bien l'émission à deux : ce n'est pas Albert Spano avec Elodie Gossuin (ou le contraire) mais bien Albert & Elodie.

Albert Spano est hyper fier du duo parce qu'avec Elodie, ils se sont trouvés dès la première émission. D'ailleurs, leur première matinale, ils ne l'ont pas faite le jour de la rentrée de RFM mais le vendredi précédent, sans trop de tambours et avec très peu de trompette afin de se décharger de la pression inhérente à une première. "Et nous avons été carrés" lance Albert.

Il faut savoir que les deux complices ne se sont pas trop entraînés avec des émissions tests avant la rentrée. Ils ont surtout fait des essais avec Marc-Antoine Le Bret afin de caler leur duo par rapport à l'imitateur de la matinale.

Albert Spano ne tarit pas d'éloge sur son binôme : "Elodie est jolie à regarder mais c'est avant tout une animatrice qui avant RFM a eu de très bonnes expériences en radio et évolue aussi très bien à la télévision. Si elle n'était pas animatrice, ça ne marcherait pas ! Elle a un naturel à l'antenne incroyable, il n'y a pas de triches".

En quelques mois, le duo a su développer en son sein une compréhension intuitive qui renforce leur naturel et assure un équilibre dans l'animation lorsque l'un des deux est un peu fatigué. Albert croit en leur duo, il est persuadé qu'ils sont "une machine de guerre" et qu'ils peuvent aller très loin et durer s'ils gardent leur complicité et leur naturel. Et pour avoir passé près d'une heure avec eux à les interviewer, je vous certifie qu'ils sont aussi naturels et complices hors antenne qu'à l'antenne ! 

  



LE 9 A LA SUITE D'HISTOIRE(S) RADIOPHONIQUE(S)

 

Si je devais interviewer une autre personnalité radiophonique, vers qui m'orienterais-tu ?

Elodie Gossuin mais je crois que tu viens de la voir !

A mon avis, tous les animateurs et animatrices sont intéressants. Personnellement, j'aime particulièrement ceux qui traversent les générations en étant toujours dans le coup. J'en entends certains qui ne sont plus dans le coup mais sont encore à l'antenne… Je suis admiratif de quelqu'un comme Nagui. Il a fait RTL, Europe 1, Europe 2, Virgin Radio et aujourd'hui il est sur France Inter. Et pourtant, ça claque encore ! Moi, c'est ça que j'aime : lorsqu'on arrive à traverser les formats, à traverser le temps, à traverser les époques et d'avoir un type motivé comme s'il avait commencé hier matin. J'espère qu'à mon niveau, modestement, c'est ce que je donne à entendre. Il ne faut pas faire de la radio si l'on n'est pas motivé.

 

Les voix ou les émissions de radio qui ont marqué ton enfance ?

Léon et Jean-Pierre Foucault sur Radio Monte-Carlo de 9h00 à 11h00. J'étais petit mais j'attendais leur émission. J'attendais mais j'attendais ! Comme j'allais à l'école, c'était une catastrophe car je devais attendre le mercredi. Je ne comprenais rien mais je riais. Ils étaient sympathiques et ils avaient un ton. C'était une sorte de mélange entre un Arthur et un Cauet de l'époque. Je ne les connais pas dans la vie mais aujourd'hui je ne retiens encore que leur ton et l'ambiance qui régnait.

 

La plus belle rencontre radiophonique ?

Nagui !

 

La pire rencontre radiophonique ?

Je n'ai pas de "pire rencontre" mais il m'est arrivé plusieurs fois d'avoir un auditeur trop intrusif. Aujourd'hui, Internet te permet de faire rentrer les auditeurs dans ton quotidien selon le degré que tu souhaites. Quand ça devient trop trash, trop intime, trop intrusif, je coupe. Mais ma mésaventure est arrivée avant Internet avec un auditeur qui s'en était pris à ma voiture. Ça n'était pas une belle rencontre malheureusement.

 

Le plus beau souvenir en radio ?

J'en ai plein. Une émission depuis le Parc des Princes pour un "Europe 2 Music Live". Un autre "Europe 2 Music Live" à Bercy avec une affiche incroyable dont Indochine. Un "Virgin Radio Live" que j'ai présenté à Nantes qui était extraordinaire. Le premier "RFM Facebook Live", le premier de la radio, que je suis très fier d'avoir présenté et pour lequel nous avons reçu un prix en plus.

Il y a aussi plein de petits moments à l'antenne lors des jeux. Aujourd'hui, la vie est difficile et parfois des cadeaux les plus simples bouleversent les auditeurs qui gagnent, leur émotion me touche et m'émeut. Si je pouvais, j'offrirais des cadeaux à tout le monde mais je ne peux pas ! Ce sont des souvenirs forts.

Il y aussi le premier boulot en radio payé à 20 ans et le fait de revenir à Virgin Radio et d'y retrouver mon casier de l'époque Europe 2. Ça c'était incroyable, ça m'a filé une énergie incroyable.

 

Le pire souvenir en radio ?

Il n'y en a pas. Il y a des pannes techniques qui saoulent. Quand tu as trop de mauvais souvenirs, c'est qu'il est temps de partir.

 

Quand tu n'es pas à la radio, écoutes-tu la radio ?

En voiture, je zappe sur les musicales. J'écoute aussi Europe 1 et RTL. J'écoute "Les Grosses têtes" avec Laurent Ruquier, je trouve bien de garder le titre et l'émission en changeant l'animateur.

 

Quand tu sors de la radio, que fais-tu ?

J'essaye d'écrire un deuxième livre mais pour cela il faut de l'énergie, être libéré moralement et psychologiquement. Or comme je suis très impliqué dans la matinale, j'ai un peu de mal à écrire. Mais j'ai très envie de sortir ce deuxième livre, l'écriture a une grande place chez moi.

Je fais aussi des voix off pour C8.

 

Et dans 5 ans ?

La matinale de RFM ! Je souhaite faire cela longtemps. Bon, je n'ai plus 22 ans mais je sais que je suis fait pour le matin en radio. Le petit matin ou la matinée... mais pas le soir ! Cette émission avec Elodie, j'aimerai la faire longtemps. Je pense que nous avons un truc, un ton. A une époque en radio, on retenait les gens avec des belles voix, aujourd'hui ce qui est important c'est le ton et l'humeur. Je me trompe peut-être mais je pense qu'avec Elodie nous avons cela.

Peuleux : Peut-on durer aussi longtemps sur une radio nationale et commerciale ?

Albert Spano : Nous verrons... Mais Pascal Atenza a fait 14 ans sur la matinale de Rire & Chansons, Manu Lévy en est à 5 saisons sur NRJ,  Bruno Roblès a fait 7 ans sur RFM après 9-10 sur NRJ. Un directeur d'antenne ne change pas les choses comme ça s'il y a un ton et de bons résultats. Je suis admiratif de ces carrières-là, des gens qui durent et je signe tout de suite pour avoir la même !

 

Remerciements : Un grand merci à Pascal Atenza qui a permis cette fantastique rencontre radiophonique et humaine. Merci à Albert pour sa disponibilité, sa patience et sa gentillesse. Merci à Elodie Gossuin qui a joué les photographes | Photos : Peuleux, RFM, Virgin Radio, SchooP, NRJ

 

 

Pour aller plus loin...


Dans les coulisses du...
"Meilleur des réveils"

Entretien avec...
Pascal Atenza

Entretien avec...
Elodie Gossuin


Dans les coulisses de...
"Guillaume & Sophie"


Entretien avec...
Sophie Coste


Entretien avec...
Guillaume Aubert


Biographie de...
Jean-Pierre Foucault
       

Europe 2

NRJ


RFM


Rire & Chansons

Virgin Radio

dernière mise à jour de cette fiche le 06/05/2017


Histoire(s) radiophonique(s), un site édité par Peuleux | création du site : mai 2007 | version 3.0 lancée en août 2015 | mentions légales | contact