La RNT, radio numérique
terrestre, est une révolution technologique et devrait être une
révolution dans la consommation du média Radio... Une révolution
qui tarde à éclore pleinement...
Après la TNT (télévision numérique
terrestre) lancée en 2005, le passage de la FM à la RNT (radio
numérique terrestre) semble logique. Et cela d'autant plus que
la technologie est pleine de promesse : plus de fréquences à
retenir, une meilleure qualité de son, des services additionnels
en images et en vidéos en parallèle du son (grilles des
programmes, informations sur l'artiste, pochette du CD...), plus
de stations émises depuis une même antenne et la possibilité de
diffuser jusqu'à 300 programmes sur chaque zone d'émission.
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DES DEBATS PREALABLES
Le projet n'est pas encore officiellement lancé que plusieurs
débats s'engagent :
Débat n°
1 : à quel rythme faut-il déployer la RNT ?
Pour un grand nombre d'opérateurs, il faut que le déploiement de
la RNT se fasse en une seule phase contrairement à la TNT qui
avance progressivement. Un tel lancement serait possible
puisqu'à la différence de la TNT, il n'y a pas besoin de libérer
la bande FM pour déployer la RNT. En effet, elle utiliserait la
bande III et la bande L (utilisée par Canal+ pour sa diffusion
analogique jusqu'en 2011). Cela signifie que la bande FM pourra
survivre en parallèle du déploiement de la RNT sans problème.
D'un autre côté, un déploiement rapide mettrait la pression sur
les auditeurs qui devraient s'équiper de récepteurs compatibles
rapidement… Au risque de créer une fracture entre ceux qui
pourront et ceux qui n'auront pas les moyens financiers
d'investir dans un nouveau poste.
Débat n°
2 : faut-il conserver la FM en parallèle de la RNT ?
Laisser la bande FM survivre permettrait aux petites radios de
prendre leur temps pour passer à la RNT mais cette pérennité ne
jouerait pas en faveur de la RNT si l'offre n'est pas
intéressante de suite. Or il faut que le panel de radios
disponibles justifie pour les auditeurs l'achat d'un récepteur
compatible au prix encore élevé.
Après plusieurs expérimentations dans les grandes agglomérations
françaises selon la technologie DAB (digital audio
broadcasting), le monde de la radio (diffuseurs, radios…) est
prêt a passé au stade pratique avec un déploiement global.
Maintenant c'est au CSA et au Gouvernement de donner l'impulsion
décisive.
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UN DEPART PLEIN D'ESPOIR… |
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François Loos,
ministre
délégué à l'Industrie
(avril 2007)
Éric Besson, secrétaire d'État
à la
prospective, de l'évaluation des politiques publiques et du développement
de l'économie numérique
auprès du Premier ministre
(avril 2008 © Le Figaro)
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Le 4 juin
2007,
Nantes est la première métropole française à lancer un test de
diffusion en numérique. Sous l'égide du GRAM (Groupement des
radios associatives de la métropole nantaise). Le CSA reconduira
l'expérimentation à plusieurs reprises pendant presque 10 ans.
Le 13
avril 2007,
François Loos, ministre délégué à l'industrie, choisit le format
T-DMB (terrestrial digital multimedia broadcasting) dérivée du
DAB comme norme de diffusion. Toutefois, aucune expérimentation
n'ayant été menée en France sur ces bandes, cela signifie que le
CSA ne lancera pas d'appel à candidature dans l'immédiat. Cela
repousse de fait, les premières autorisations d'émettre à
l'automne 2008.
Le 3
janvier 2008,
le Gouvernement publie un arrêté relatif à la radio qui prévoit
l'utilisation des normes T-DMB (dérivée du DAB) et DRM pour la
diffusion de la radio numérique en France.
Le 26
mars 2008,
le CSA lance un appel aux candidatures pour la première phase
d'allotissement de la radio numérique terrestre. Dix-neuf
agglomérations couvrant 30% de la population sont concernées :
Angers, Bordeaux, Brest, Clermont-Ferrand, Dijon, Le Mans,
Lille, Lyon-Villefranche-Vienne, Marseille-Aix-Aubagne, Metz,
Nantes, Nancy, Nice, Paris, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulouse
et Tours. Le cahier des charges de la haute autorité prévoit à
minima la duplication de l'offre actuelle avec l'autorisation
automatique donnée aux radios actuelles de diffuser sur la RNT
(comme ce fût le cas pour les chaines de télévision pour la
TNT). D'ores et déjà, le CSA inscrit quatorze zones pour la
phase 2 : Ajaccio, Avignon, Bastia, Caen, Grenoble, Lille,
Montpellier, Mulhouse, Orléans, Pau, Reims, Saint-Etienne,
Toulon et Valenciennes.
Le 1er
octobre 2008,
date limite de dépôt des candidatures pour la phase 1, toutes
les radios diffusant alors en analogique ont déposées un dossier
de candidature. Les grands groupes radios annoncent leurs
projets de nouvelles radios : Europe 1 Sport, Europe 1
Tout-info, RTL-L'Equipe, RMC Sport, BFM Bourse... Sur les 377
dossiers que le CSA déclarera recevables, une cinquantaine
correspond des projets nouveaux.
Mais alors que le calendrier est lancé, la première vague de
déploiement de la RNT française s'annonce moins révolutionnaire
qu'espéré :
• Primo : Le
CSA exclut la bande AM de son appel à candidature (alors que la
norme DRM a été adoptée par le Gouvernement) limitant de fait le
nombre de canaux disponibles et donc la possibilité de voir
émerger de nouvelles stations une fois les radios existantes
servies.
• Secundo : Les
nouveaux projets ne sont finalement pas légion parmi les
dossiers reçus par la haute autorité.
• Tertio :
L'appel à candidatures est limité à une vingtaine
d'agglomération représentant 30% de la population française
métropolitaine.
• Quarto : La
coexistence annoncée de la FM et de la RNT implique des coûts
pour les opérateurs qui auront une double diffusion à charge.
Le 20
octobre 2008,
lors de la présentation du plan numérique 2012, Eric Besson,
secrétaire d'État à la prospective, de l'évaluation des
politiques publiques et du développement de l'économie, annonce
l'affectation entière de la bande III à la radio numérique après
l'extinction du signal analogique de la télévision. Cette
annonce doit permettre d'accroître le nombre de canaux
disponibles à cette échéance.
Le 26 mai
2009,
le CSA publie les premiers noms des radios présélectionnées pour
émettre en numérique sur trois des dix-neuf zones soumises à
l'appel aux candidatures du 26 mars 2008. La haute autorité a
retenu 160 radios sur les zones de Paris, Marseille et Nice. Le
CSA indique que malgré l'offre FM déjà importantes dans ces
trois zones, elles représentent des bassins urbains stratégiques
: Paris pour assurer la viabilité économique du projet,
Marseille et Nice parce que la bande III sera libérée avec
l'arrêt de la diffusion du signal analogique de Canal+ dans ces
régions le 25 novembre 2009. Dans les trois zones, les huit
stations de Radio France sont retenues d'office ainsi que les
radios nationales déjà présentes. Le planning prévisionnel
prévoit le début des émissions en numérique fin 2009 et nouvel
appel aux candidatures fin 2010 en prévision de l'extension de
l'offre numérique suite à l'arrêt de la diffusion de Canal+ le
25 novembre 2009.
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LE COUP DE FREIN… |
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Les dirigeants des quatres groupes radiophoniques
membres du Bureau de la Radio et
Michel Cacouault, président de l'association (2009)
Michel Boyon, président du CSA
de janvier 2007 à juin 2011
(2008 © CSA)
Rachid Arhab, membre du CSA
de janvier 2007 à janvier 2013,
en charge de la RNT
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Le 15
mars 2010,
à l'occasion d'une réunion de la Mission de déploiement de la
RNT, le Bureau de la Radio, groupement réunissant les intérêts
de quatre grands groupes privés (Lagardère Active, RTL Group',
NRJ Group et NextRadioTV), demande un moratoire de 18 mois pour
le lancement de la RNT tandis que la quasi-totalité des autres
éditeurs appelle de ses vœux le lancement de la RNT.
Le 8
avril 2010,
le CSA réuni en assemblée plénière réaffirme "son engagement
d'appliquer la loi relative à la RNT dans les meilleurs délais".
Toutefois, il considère qu'un engagement fort des pouvoirs
publics est une condition indispensable au succès de la RNT et
un préalable à la délivrance des autorisations d'émettre. Dès
lors, la RNT va passer au point mort entre ce qui ressemble à un
manque d'intérêt des autorités publiques et au lobbying des
différents acteurs pour ou contre le projet.
Le 27 mai
2010,
François Fillon, Premier ministre, confie à David Kessler une
mission de réflexion sur l'avenir de la RNT. Dix mois plus tard,
le rapport préconise de développer des expérimentations en
matière de radio numérique. Le CSA approuve ce point et autorise
des expérimentations qui permettent à tous, autorités publiques
comme acteurs radiophoniques, de tirer de nombreux enseignements
utiles notamment du point de vue technique.
Pendant ces mois de réflexion, plusieurs projets phares de la
RNT sont abandonnées ou réduits : Lagardère liquide Europe 1
Sport et libère même la fréquence analogique (août 2010), TF1
arrête LCI radio, radio d'information continue, diffusée sur le
web et en RNT à Nantes (février 2011) et la webradio
RTL-L'Equipe réduit grandement sa grille des programmes.
Le 19 mai
2011,
Lyon lance une expérimentation de diffusion en numérique via
deux multiplexes avec vingt-deux stations dont la moitié inédite
sur la région.
En
novembre 2011,
c'est au tour de Marseille de se lancer dans l'expérience RNT.
En attendant le lancement officiel, la métropole phocéenne
propose onze stations en écoute. Plusieurs autres villes suivent
avec des expérimentations locales : Brest, Sophia Antipolis...
Le 3
novembre 2011,
le CSA lance un premier appel à candidatures pour la diffusion
de radios numériques terrestres. Les candidats retenus
s'engageront sur une couverture minimum de la population : 20%
de la population métropolitaine desservi en 2016 sur au moins
trois régions administratives, 40% sur au moins onze régions en
2017 et au minimum 60% dans onze régions minimum en 2019. Les
autorisations sont assorties d'une obligation de reprise des
radios actuellement autorisés en analogique dans la même zone
géographique qui en feront la demande "dans la limite de la
disponibilité des ressources radioélectriques". Le 23 octobre
2012, le Conseil décidera de sélectionner "à titre de mesure
préparatoire" la candidature de la société Onde numérique et
validera finalement ce choix le 15 janvier 2013.
Fin 2011,
le SIRTI dépose un recours en référé au Conseil d'État contre ce
qu'il considère comme "une décision implicite de rejet de sa
demande de délivrance des autorisations aux éditeurs
sélectionnés " sur Marseille, Nice et Paris. En effet, le CSA
n'a certes pas mené jusqu'au bout l'appel à candidatures mais il
ne l'a pas non plus annulé. La haute autorité propose alors de
rouvrir le délai de dépôt des candidatures en vue de permettre
la délivrance des autorisations tout en prenant compte de
l'évolution du paysage radiophonique.
Le 19
décembre 2011,
le CSA demande au Gouvernement d'ajouter le DAB+ aux normes déjà
prévues pour la diffusion de la RNT par l'arrêté du 3 janvier
2008. La norme DAB+ permet de diffuser plus de radios par
multiplex donc de réduire le coût de diffusion pour chaque
station. En outre, son développement important dans d'autres
pays voisins facilitera l'accès du public à des récepteurs
meilleur marché. Après consultation des professionnels, les
ministères de la Culture et de l'Industrie donnent un avis
favorable à la demande du CSA.
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UN NOUVEL ESPOIR |
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Affiche de promotion de la RNT en
Loire-Atlantique en 2012 |
Le 30
janvier 2012,
la Loire-Atlantique avec deux sites d'émission numériques
terrestres à Nantes et Saint-Nazaire devient département pilote
de la RNT. Treize stations participent à l'expérimentation. La
grande majorité est composée de radios locales nantaises à
laquelle se sont jointes quelques radios à vocation nationale.
Le 13
mars 2012,
le CSA franchit un pas qualifié selon les orateurs de
"courageux", "audacieux", "signal fort" et "démontrant son
indépendance". En effet, sous l'impulsion de Rachid Arhab, le
CSA passe outre l'opposition de grands groupes privés nationaux
avec deux décisions majeures :
- d'une part, la haute autorité annonce qu'elle va signer les
conventions attribuées sur Paris, Marseille et Nice suite à
l'appel à candidatures de 2009. Les stations ainsi retenues
pourront émettre dès 2012 ;
- d'autre part, le CSA annonce qu'il lancera un second appel à
candidatures sur les 20 plus grandes agglomérations
métropolitaines couvrant ainsi un peu moins de 50% de la
population hexagonale.
Et pour se faire, il reporte la date limite de dépôt des
candidatures de l'appel lancé le 26 mars 2008 au 31 mai 2012.
Cette décision permet l'actualisation des dossiers déposés en
2008 mais aussi le dépôt de nouveaux dossiers. Les candidats ont
la possibilité d'actualiser ou de retirer leur candidature. A
défaut, les candidatures déposées restent valables.
Rachid Arhab prévoit aussi l'arrêt des émissions en FM quand la
RNT couvrira 40% de la population française.
Le 24
avril 2012,
le CSA confirme le lancement d'un appel à candidatures pour mai
2012 sur les vingt plus grandes agglomérations avec l'objectif
de couvrir 70% de la population en 2013 et 100% en 2015.
Le 30
avril 2012,
un troisième multiplexe est déployé à Lyon dans le cadre de
l'expérimentation de la RNT. Quinze nouvelles radios sont
disponibles.
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UN NOUVEAU COUP DE FREIN |
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En mai
2012,
coup de tonnerre, les stations membres du Bureau de la Radio
annoncent qu'elles retirent leurs candidatures à l'attribution
de fréquences sur la RNT.
Par ailleurs, confrontées à des restrictions budgétaires,
les stations publiques de Radio France sont toujours incertaines
sur la RNT.
Mais au final, le CSA comptera 177 dossiers dont 38 nouveaux.
Parmi les dossiers validés, seulement trois réseaux nationaux
(MFM Radio, Radio Classique et Skyrock), trois réseaux multi
villes (Ouï FM, Radio FG et Radio Nova) et le célèbre bouquet de
webradios Goom.
Dans le même temps, le CSA indique ne pas avoir lancé comme
prévu les appels à candidatures sur Mulhouse et Strasbourg car
il est en attente du positionnement du nouveau Gouvernement sur
l'avenir de la RNT française. Le CSA est soutenu par plusieurs
réseaux nationaux et multivilles ainsi que par les radios
associatives et le SIRTI.
Le 6
septembre 2012,
face à la situation économique, le Gouvernement décide de ne pas
préempter de fréquences pour RFI et les stations de Radio France
à Marseille, Nice et Paris. En outre, il lance une réflexion sur
le déploiement de la RNT avec la norme DAB+. Dans la foulée, le
CSA annonce la liste des radios sélectionnées pour émettre sur
la RNT à Marseille, Nice et Paris.
Courant
2012,
des expérimentations de RNT sont autorisées par le CSA à Brest,
Lyon, Marseille, Paris ou Sophia Antipolis.
Le 28
août 2013,
le Gouvernement publie un décret ajoutant la norme DAB+ aux
normes de diffusion de la RNT.
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Pour aller plus loin...
dernière mise à jour de la page : 21/11/2018
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