Peuleux | Le monde de Spirou et Fantasio

 ENTRETIEN AVEC...  PHILIPPE DESPONT / RFM | 19/04/2023

Animateur de la tranche 12h00-16h00 de RFM en semaine, Philippe Despont déroule une joli parcours en radio alors qu'il n'a jamais rêvé de travailler dans les médias. Rencontre avec un homme qui a des choses à dire…

 

Lorsque je vous raconte le parcours d'animateurs ou animatrices radio aujourd'hui quinquagénaires ou sexagénaires, leur histoire avec la Radio commence souvent sur des petites radios associatives près de chez eux dans les années 1980. Avec Philippe Despont, pas du tout puisqu'il est arrivé au micro par hasard.

Adolescent, Philippe fait de l'animation dans les boums. Certaines personnes lui disent qu'il devrait faire de la radio parce qu'il a beaucoup de disques. Mais faire de la radio parce qu'il "a beaucoup de disques" ne l'intéresse pas. D'ailleurs, son Baccalauréat en poche, il rentre dans un CREPS pour devenir professeur d'EPS (éducation sportive et physique). Mais très vite, le jeune étudiant se rend compte que s'il est bon en sport, il n'est pas au niveau. Ce constat fait, il achète "Que faire avec ou sans le Bac" publié par L'Etudiant. Pendant sa lecture, il tombe sur une publicité pour une école de radio. Un de ses copains lui suggère de s'y inscrire.

Philippe Despont : Après 2 jours de réflexion, je leur ai téléphoné. Et je me suis retrouvé en formation avec Bruno Roblès et Pascal Gigot

 

J'ai bossé comme un dingue pour rejoindre NRJ…

 

Philippe Despont n'a qu'une idée en tête : rentrer à NRJ. Après avoir bossé "comme un dingue", il atteint son objectif. En 1985, il débute à NRJ en remplaçant Marc Scallia sur "NRJ club" et enchaîne les remplacements. Philippe est "heureux comme un pape" mais veux "bouffer plus de micro".

En octobre 1985, alors que six stations franchisées quitte NRJ pour cevenir Fun en l'espace d'uen nuit, la direction parisienne lui propose de partir avec Bruno Roblès pour remonter en urgence une station locale à Montpellier. Après Montpellier, Max Guazzini accepte de l'envoyer à NRJ Nice.

En 1990, il rejoint la chaine musicale MCM pour présenter des clips. Mais suite à "gros coup de charrette", il est viré tout comme Miguel Derennes et Éric Jean-Jean. En 1993, Éric Jean-Jean lui conseille alors d'appeler Christophe Sabot qui le reprend sur NRJ à l'époque où Sam Z et Julien Courbet y officient.

Si l'expérience NRJ "est belle", Philippe Despont ne veut pas s'enfermer dans un style d'animation trop jeune. En 1995, il abandonne son CDI pour rejoindre l'Onde latine avec une programmation 100% française très large (d'Edith Piaf aux Négresses vertes) disponible de Perpignan à Monaco et créée par une bande d'amis dont la plupart viennent d'Europe 2. Pour cela, il déménage à Marseille. Mais la radio ferme, l'animateur se voit proposer le poste d'animateur local de RFM à Marseille lorsque la station du groupe Lagardère récupère plusieurs fréquences de l'Onde latine pour y créer une station locale.

 

Philippe Despont : Lorsque j'étais à Marseille, j'animais "Qu'est-ce qui fait courir la ville ?" avec des bons plans. RFM Provence couvrant Marseille, Toulon ou Aix, je m'étais démerdé pour trouver une astuce afin de parler aux marseillais sans que cela n'ennuie les toulonnais. Et inversement. J'ai fait ouvrir des espaces où je passais des speaks préenregistrés adaptés à chaque ville. J'ai pu faire cela parce que je me suis activé pour récupérer plein d'informations sur les différentes zones couvertes alors que je n'avais qu'une feuille d'information dans ma bannette en arrivant sur cette station.

A l'époque, Philippe n'a qu'un objectif : rentrer à Paris à la fin de la saison. Pour cela, il décide de travailler à fond mais harcèle aussi le directeur d'antenne de RFM, en lui envoyant des cassettes une à deux fois par mois.

 

De RFM à RFM en passant par Europe 2 et Virgin Radio…

 

En 1998, il rentre bien à Paris mais c'est sur Europe 2 qu'il prend un micro. Il restera 13 ans sur la station avec un emploi du temps très agité :

     - En 1998, il commence par les nuits en semaine (1h00-6h00).

      - En 2000, il passe sur le 6h00-12h00 du week-end.

      - En 2001, il glisse sur la tranche 14h00-18h00.

      - Dès la rentrée 2002, il retrouve le 6h00-12h00 du week-end qui inclut alors un best of du morning de Cauet.

      - En 2005, il est réaffecté sur les matinées de la semaine.

      - En 2006, il glisse sur le créneau 13h00-17h00 dont il assure le flux national.

Malgré la transformation d'Europe 2 en Virgin Radio le 1er janvier 2008, il ne connaît pas de changement.

      - En 2009, il retrouve la grille du week-end avec la tranche 12h00-18h00.

      - Enn 2010, Philippe reprend les matinées en semaine.

      - En janvier 2011, à la faveur d'un changement de grille en cours de saison, il retrouve le 6-12 du week-end…

C'est là qu'il décide de quitter Virgin Radio.

 

Philippe Despont : D'un côté, des personnes sont arrivées dans l'équipe de Virgin me conseillant de "ne pas faire l'année de trop"… Je me suis dit ça pu. D'un autre côté, Jean-Philippe Denac, directeur d'antenne de RFM, au lieu d'écouter le morning de sa radio, écoutait mon morning sur Virgin et me disait "viens poulet, viens poulet !" Alors un jour, j'ai dit oui.

Philippe Despont passe alors des tests qui sont concluants. Il retraverse la cour entre les deux radios musicales du groupe Lagardère pour démissionner de Virgin Radio. "J'ai adoré travailler avec Jean-Philippe Denac !"

A son arrivée en 2011, Philippe Despont prend en charge le 6-12 du week-end. En 2014, la direction lui confie les après-midi de la station en semaine, tranche dont il assure le flux national à l'heure où les stations locales décrochent. Mais après 2 saisons, la nouvelle direction le réaffecte le week-end pour animer les fins d'après-midi et débit de soirée.

Philippe Despont : Honnêtement, je n'ai pas fait de bons. Mais la tranche était intéressante avec la présentation du "Hit RFM" le samedi et l'émission de Pascal Nègre à 18h00. Toutefois, j'ai mis les bouchées doubles pour revenir la semaine. Et au bout d'un an, cela s'est fait.

 

Le flux en radio n'est pas une sous-tranche!

 

Effectivement, à la rentrée 2017, Philippe retrouve les après-midi en semaine en national. "En national" car Philippe n'est pas audible dans les zones géographiques baignées par une station locale de RFM qui met à l'antenne son propre animateur entre 12h00 et 16h00 en semaine.

Peuleux : J'ai remarqué qu'en 2000 sur Europe 2, tu avais succédé à Pat Angeli sur les matins du week-end et qu'en 2017, lorsque tu es arrivée sur les après-midi de RFM, tu avais succédé à Pat Angeli. Du coup, le jour où Pat quitte "le 16-20", tu le remplaces ?

Philippe Despont : Oh non ! Honnêtement non. Comme le morning, "Le 16-20" est une tranche spécifique et ce n'est pas un exercice qui me tente aujourd'hui. Il m'arrive de faire le morning de l'été mais c'est le morning de l'été, c'est plus light. Le contenu ne me dérange pas mais j'aime bien les tranches de flux. Le flux n'est pas une sous-tranche pour moi contrairement à ce que pensent certains jeunes qui rêvent de talk. Ce n'est pas un exercice facile, essayez les gars et on en reparle après ! A une période, je pensais même que nous serions poussés vers la sortie par la nouvelle génération mais les jeunes veulent être des Cauet ou des Difool. Alors au final, les animateurs avec un peu d'expérience et surtout de la culture musicale, il n'y en a plus beaucoup !

 

Si la tranche de flux n'est pas une sous-tranche, Philippe Despont est conscient que c'est un moment où les auditeurs entendent plus la radio qu'ils ne l'écoutent attentivement. C'est d'ailleurs l'un des forces de la radio, elle nous accompagne en fond pendant que nous vivons nos vies comme la bande originale d'un film. Et Philippe se souvient du lien particulier qu'il avait avec les auditeurs lorsqu'il faisait les nuits à son arrivée sur Europe 2, ils étaient plus présents et prompt à réagir qu'en journée car la nuit, la radio accompagne encore plus les auditeurs qu'ils soient au travail ou à chercher le sommeil.

Pour Philippe Despont, une tranche de flux est un travail d'équipe : "tu peux faire ce que tu veux à l'antenne mais si la musique que tu dois diffuser ne fonctionne pas ou si l'habillage de l'antenne n'est pas bon, la tranche ne fonctionnera pas. Et pour lui qui est à l'antenne en simultané avec les animateurs locaux de RFM, cet esprit d'équipe inclut aussi ces collègues. Pour lui, ils  participent tout comme lui à la réussite de la tranche dans les sondages d'audience nationale.

 

Sur le fond, l'animateur ne voit pas de réelles différences entre le 12-16 et une autre tranche de flux. Pour lui, ce qui pourra être ressenti comme différent viendra de la personnalité de l'animateur, de ce qu'il apporte à son animation.

Philippe Despont : Je sais que Vincent Richard parle le matin de sujets qui ne sont pas ma came. Du coup, nous sommes complémentaires mais l'alchimie fait que l'auditeur n'a pas l'impression d'écouter une autre radio l'après-midi.

 

Pour chaque heure d'antenne, Philippe Despont a deux interventions où il parle de ce qu'il veut. Dans les faits, sur une radio musicale, il parle essentiellement musique et parle de ce qui se passe sur RFM le reste de la journée plutôt que de parler voitures. Il fait aussi une relance (d'environ 10 secondes) sur le disque programmé juste après l'écran publicitaire de l'heure et 20 minutes. Et pour le contenu de ses speaks, Philippe Despont a toujours à l'esprit une affiche qui était au-dessus de la console à NRJ à ses débuts : "si vous n'avais rien à dire, ne dites rien !" Mais aussi ce que Christophe Sabot ajoutait : "dans ce cas-là, vendez l'antenne".

 

Peuleux : Pour prendre l'antenne à 12h00, à quelle heure arrives-tu et comment prépares-tu la tranche ?

Philippe Despont : J'arrive assez tôt vers 9h00-9h30. J'écris tout, j'ai besoin de savoir d'où je pars, où je vais et par où passer. Jean-Philippe Denac me disait "Si tu écris et que je l'entends, ça ne va pas. Si tu n'écris rien et que je l'entends, ça ne va pas non plus". Mais à chacun sa façon de travailler.

 

Retrouvez Philippe Despont du lundi au vendredi de 12h00 à 16h00 sur RFM !

PS : si vous écoutez RFM sur un fréquence bénéficiant d'un décrochage local, vous entendrez Philippe les jours où votre animateur local sera en congés ;o) 

 

 

LE 9 A LA SUITE D'HISTOIRE(S) RADIOPHONIQUE(S)

 

Si je devais interviewer une autre personnalité radiophonique, vers qui m'orienterais-tu ?

Julien Mahet que rencontré sur une radio à Monaco et avec qui j'ai travaillé sur MCM. Un jour il a tout plaqué et a une boite de production aujourd'hui. Mais aussi des gars comme Éric Jean-Jean, Miguel Derennes ou Pascal Langlois.

 

Les voix ou les émissions de radio qui ont marqué ton enfance ?

Il n'y en a pas, il n'y avait pas de radio à la maison. Mon père écoutait des disques. Et il avait une collection phénoménale.

 

La plus belle rencontre radiophonique ?

Ma femme. Elle travaillait dans une agence de voyage à Marseille. RFM était dans la boutique d'en face dans le couloir et je la voyais à travers les vitres. Éric Madelon, un grand pote que je moins car il vit sur Dreux avec un planning de ministre. Éric Jean-Jean que je croise désormais à Carrefour City car nous vivons dans le même quartier.

 

La pire rencontre radiophonique ?

Une coanimatrice qui s'est fait virer d'une radio où je travaillais. Le jour où elle a su qu'elle était virée, les masques sont tombés. Elle m'a balancé une pique juste avant que les micros ne s'allument pour le passage d'antenne. Bonne ambiance. Elle en me manque pas du tout (rire).

 

Le plus beau souvenir en radio ?

Une rencontre inattendue rue François Ier. Je vois passer un mec et je me demande si ce n'est pas Féodor Atkine, la voix française de Hugh Laurie dans "Docteur House" ou de Hugo Weaving dans "V comme Vendetta". Un grand acteur qui a aussi fait du théâtre aussi. Là, j'ai eu 15 ans. J'ai attendu qu'il revienne et je l'interpelle. Il a été extrêmement surpris que je le reconnaisse. Je lui ai exprimé mon admiration.

 

Le pire souvenir en radio ?

Je fais un insert téléphonique avec un candidat pour un jeu. A l'époque rue François Ier, on avait des consoles avec des tranches pour les micro et les platines de chaque côté. Au milieu, nous avions une sort de support sur lequel nous pouvions écrire. Pour faire un peu de bruit, je tape sur le support comme sur un tamtam. Mais j'ignore alors qu'en dessous il y avait des composants électroniques. Et là, j'ai la console qui s'éteint. Puis, j'entends un clic, la console se rallume mais avec la musique très loin. Je ne sais pas si je sus à l'antenne alors je fais comme si. Je remercie le candidat, j'envoie le liner de fin de jeu mais il ne part pas. Je ferme mon micro et le disque ne part pas non plus. En fait tout est bloqué. Je prends appui sur la console pour reculer mon siège de colère en criant "putain de ta mère salope !" A l'époque, les gens réagissaient par Minitel et là je vois les réactions défiler sur mon écran. Je comprends que tout est passé à l'antenne. On m'a expliqué après que lorsque ma console a planté, elle a planté en configuration micro ouvert et en se rallumant, elle est restée ainsi quoique je fasse.

  

Quand tu n'es pas à la radio, écoutes-tu la radio ?

J'écoute peu la radio et si je le fais, comme en voiture, c'est la mienne.

 

Quand tu sors de la radio, que fais-tu ?

Je marche car je viens à la radio à pieds. Je décompresse. J'aime marcher dans la ville. Désolé pour ceux qui pensent que nous faisons la bringue ou allons tout le temps dans des concerts. D'ailleurs, je ne suis pas très concerts… Je fais quelques concerts dont RFM est partenaire. Et puis toujours des photos de voitures…

 

Et dans 5 ans ?

Je ne serai pas loin de la porte de sortie, j'aurai 64 ans. Si on ne pousse pas vers la porte, je continuerai encore... Je ne suis pas au bagne, je n'ai pas un métier physiquement contraignant alors si je peux continuer un peu comme Yann Arribard, je prends !

 

Remerciements : Un grand merci à Philippe Despont pour cette rencontre organisée à la dernière minute et pour son temps. Merci aussi pour les photos "artistiques" faites 2 jours plus tôt lors de ma rencontre avec Pat Angeli et Marie-Pierre Schembri.

Photo : Peuleux, Europe 2,

 

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dernière mise à jour de cette fiche le 07/05/2023


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