Animateur de la tranche
12h00-16h00 de RFM en semaine, Philippe Despont déroule une joli
parcours en radio alors qu'il n'a jamais rêvé de travailler dans
les médias. Rencontre avec un homme qui a des choses à dire…
Lorsque je vous raconte le parcours
d'animateurs ou animatrices radio aujourd'hui quinquagénaires ou
sexagénaires, leur histoire avec la Radio commence souvent sur
des petites radios associatives près de chez eux dans les années
1980. Avec Philippe Despont, pas du tout puisqu'il est arrivé au
micro par hasard.
Adolescent, Philippe fait de l'animation
dans les boums. Certaines personnes lui disent qu'il devrait
faire de la radio parce qu'il a beaucoup de disques. Mais faire
de la radio parce qu'il "a beaucoup de disques" ne l'intéresse
pas. D'ailleurs, son Baccalauréat en poche, il rentre dans un
CREPS pour devenir professeur d'EPS (éducation sportive et
physique). Mais très vite, le jeune étudiant se rend compte que
s'il est bon en sport, il n'est pas au niveau. Ce constat fait,
il achète "Que faire avec ou sans le Bac" publié par L'Etudiant.
Pendant sa lecture, il tombe sur une publicité pour une école de
radio. Un de ses copains lui suggère de s'y inscrire.
Philippe Despont : Après 2 jours de
réflexion, je leur ai téléphoné. Et je me suis retrouvé en
formation avec Bruno Roblès et Pascal Gigot
J'ai bossé comme
un dingue pour rejoindre NRJ…
Philippe Despont n'a qu'une idée en tête
: rentrer à NRJ. Après avoir bossé "comme un dingue", il atteint
son objectif. En 1985, il débute à NRJ en remplaçant Marc
Scallia sur "NRJ club" et enchaîne les remplacements. Philippe
est "heureux comme un pape" mais veux "bouffer plus de micro".
En octobre 1985, alors que six stations
franchisées quitte NRJ pour cevenir Fun en l'espace d'uen nuit,
la direction parisienne lui propose de partir avec Bruno Roblès
pour remonter en urgence une station locale à Montpellier. Après
Montpellier, Max Guazzini accepte de l'envoyer à NRJ Nice.
En 1990, il rejoint la chaine musicale
MCM pour présenter des clips. Mais suite à "gros coup de
charrette", il est viré tout comme Miguel Derennes et Éric
Jean-Jean. En 1993, Éric Jean-Jean lui conseille alors d'appeler
Christophe Sabot qui le reprend sur NRJ à l'époque où Sam Z et
Julien Courbet y officient.
Si l'expérience NRJ "est belle",
Philippe Despont ne veut pas s'enfermer dans un style
d'animation trop jeune. En 1995, il abandonne son CDI pour
rejoindre l'Onde latine avec une programmation 100% française
très large (d'Edith Piaf aux Négresses vertes) disponible de
Perpignan à Monaco et créée par une bande d'amis dont la plupart
viennent d'Europe 2. Pour cela, il déménage à Marseille. Mais la
radio ferme, l'animateur se voit proposer le poste d'animateur
local de RFM à Marseille lorsque la station du groupe Lagardère
récupère plusieurs fréquences de l'Onde latine pour y créer une
station locale.
Philippe Despont : Lorsque j'étais à
Marseille, j'animais "Qu'est-ce qui fait courir la ville ?" avec
des bons plans. RFM Provence couvrant Marseille, Toulon ou Aix,
je m'étais démerdé pour trouver une astuce afin de parler aux
marseillais sans que cela n'ennuie les toulonnais. Et
inversement. J'ai fait ouvrir des espaces où je passais des
speaks préenregistrés adaptés à chaque ville. J'ai pu faire cela
parce que je me suis activé pour récupérer plein d'informations
sur les différentes zones couvertes alors que je n'avais qu'une
feuille d'information dans ma bannette en arrivant sur cette
station.
A l'époque, Philippe n'a qu'un objectif
: rentrer à Paris à la fin de la saison. Pour cela, il décide de
travailler à fond mais harcèle aussi le directeur d'antenne de
RFM, en lui envoyant des cassettes une à deux fois par mois.
De RFM à RFM en
passant par Europe 2 et Virgin Radio…
En 1998, il rentre bien à Paris mais
c'est sur Europe 2 qu'il prend un micro. Il restera 13 ans sur
la station avec un emploi du temps très agité :
- En 1998, il commence par les nuits en semaine (1h00-6h00).
- En
2000, il passe sur le 6h00-12h00 du week-end.
- En
2001, il glisse sur la tranche 14h00-18h00.
- Dès la
rentrée 2002, il retrouve le 6h00-12h00 du week-end qui inclut
alors un best of du morning de Cauet.
- En
2005, il est réaffecté sur les matinées de la semaine.
- En
2006, il glisse sur le créneau 13h00-17h00 dont il assure le
flux national.
Malgré la transformation d'Europe 2 en
Virgin Radio le 1er janvier 2008, il ne connaît pas de
changement.
- En
2009, il retrouve la grille du week-end avec la tranche
12h00-18h00.
- Enn
2010, Philippe reprend les matinées en semaine.
- En
janvier 2011, à la faveur d'un changement de grille en cours de
saison, il retrouve le 6-12 du week-end…
C'est là qu'il décide de quitter Virgin
Radio.
Philippe Despont : D'un côté, des
personnes sont arrivées dans l'équipe de Virgin me conseillant
de "ne pas faire l'année de trop"… Je me suis dit ça pu. D'un
autre côté, Jean-Philippe Denac, directeur d'antenne de RFM, au
lieu d'écouter le morning de sa radio, écoutait mon morning sur
Virgin et me disait "viens poulet, viens poulet !" Alors un
jour, j'ai dit oui.
Philippe Despont passe alors des tests
qui sont concluants. Il retraverse la cour entre les deux radios
musicales du groupe Lagardère pour démissionner de Virgin Radio.
"J'ai adoré travailler avec Jean-Philippe Denac !"
A son arrivée en 2011, Philippe Despont
prend en charge le 6-12 du week-end. En 2014, la direction lui
confie les après-midi de la station en semaine, tranche dont il
assure le flux national à l'heure où les stations locales
décrochent. Mais après 2 saisons, la nouvelle direction le
réaffecte le week-end pour animer les fins d'après-midi et débit
de soirée.
Philippe Despont : Honnêtement, je n'ai
pas fait de bons. Mais la tranche était intéressante avec la
présentation du "Hit RFM" le samedi et l'émission de Pascal
Nègre à 18h00. Toutefois, j'ai mis les bouchées doubles pour
revenir la semaine. Et au bout d'un an, cela s'est fait.
Le flux en radio
n'est pas une sous-tranche!
Effectivement, à la rentrée 2017,
Philippe retrouve les après-midi en semaine en national. "En
national" car Philippe n'est pas audible dans les zones
géographiques baignées par une station locale de RFM qui met à
l'antenne son propre animateur entre 12h00 et 16h00 en semaine.
Peuleux : J'ai remarqué qu'en 2000 sur
Europe 2, tu avais succédé à Pat Angeli sur les matins du
week-end et qu'en 2017, lorsque tu es arrivée sur les après-midi
de RFM, tu avais succédé à Pat Angeli. Du coup, le jour où Pat
quitte "le 16-20", tu le remplaces ?
Philippe Despont : Oh non ! Honnêtement
non. Comme le morning, "Le 16-20" est une tranche spécifique et
ce n'est pas un exercice qui me tente aujourd'hui. Il m'arrive
de faire le morning de l'été mais c'est le morning de l'été,
c'est plus light. Le contenu ne me dérange pas mais j'aime bien
les tranches de flux. Le flux n'est pas une sous-tranche pour
moi contrairement à ce que pensent certains jeunes qui rêvent de
talk. Ce n'est pas un exercice facile, essayez les gars et on en
reparle après ! A une période, je pensais même que nous serions
poussés vers la sortie par la nouvelle génération mais les
jeunes veulent être des Cauet ou des Difool. Alors au final, les
animateurs avec un peu d'expérience et surtout de la culture
musicale, il n'y en a plus beaucoup !
Si la tranche de flux
n'est pas une sous-tranche, Philippe Despont est conscient que
c'est un moment où les auditeurs entendent plus la radio qu'ils
ne l'écoutent attentivement. C'est d'ailleurs l'un des forces de
la radio, elle nous accompagne en fond pendant que nous vivons
nos vies comme la bande originale d'un film. Et Philippe se
souvient du lien particulier qu'il avait avec les auditeurs
lorsqu'il faisait les nuits à son arrivée sur Europe 2, ils
étaient plus présents et prompt à réagir qu'en journée car la
nuit, la radio accompagne encore plus les auditeurs qu'ils
soient au travail ou à chercher le sommeil.
Pour Philippe Despont, une tranche de
flux est un travail d'équipe : "tu peux faire ce que tu veux à
l'antenne mais si la musique que tu dois diffuser ne fonctionne
pas ou si l'habillage de l'antenne n'est pas bon, la tranche ne
fonctionnera pas. Et pour lui qui est à l'antenne en simultané
avec les animateurs locaux de RFM, cet esprit d'équipe inclut
aussi ces collègues. Pour lui, ils
participent tout comme
lui à la réussite de la tranche dans les sondages d'audience
nationale.
Sur le fond, l'animateur ne voit pas de
réelles différences entre le 12-16 et une autre tranche de flux.
Pour lui, ce qui pourra être ressenti comme différent viendra de
la personnalité de l'animateur, de ce qu'il apporte à son
animation.
Philippe Despont : Je
sais que Vincent Richard parle le matin de sujets qui ne sont
pas ma came. Du coup, nous sommes complémentaires mais
l'alchimie fait que l'auditeur n'a pas l'impression d'écouter
une autre radio l'après-midi.
Pour chaque heure
d'antenne, Philippe Despont a deux interventions où il parle de
ce qu'il veut. Dans les faits, sur une radio musicale, il parle
essentiellement musique et parle de ce qui se passe sur RFM le
reste de la journée plutôt que de parler voitures. Il fait aussi
une relance (d'environ 10 secondes) sur le disque programmé
juste après l'écran publicitaire de l'heure et 20 minutes. Et
pour le contenu de ses speaks, Philippe Despont a
toujours à l'esprit une affiche qui était au-dessus de la
console à NRJ à ses débuts : "si vous n'avais rien à dire, ne
dites rien !" Mais aussi ce que Christophe Sabot ajoutait :
"dans ce cas-là, vendez l'antenne".
Peuleux : Pour prendre l'antenne à
12h00, à quelle heure arrives-tu et comment prépares-tu la
tranche ?
Philippe Despont : J'arrive assez tôt
vers 9h00-9h30. J'écris tout, j'ai besoin de savoir d'où je
pars, où je vais et par où passer. Jean-Philippe Denac me disait
"Si tu écris et que je l'entends, ça ne va pas. Si tu n'écris
rien et que je l'entends, ça ne va pas non plus". Mais à chacun
sa façon de travailler.
Retrouvez Philippe Despont du
lundi au vendredi de 12h00 à 16h00 sur RFM !
PS : si vous écoutez RFM sur un
fréquence bénéficiant d'un décrochage local, vous entendrez
Philippe les jours où votre animateur local sera en congés ;o)
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