Journaliste sur Chérie FM,
Albane Leprince a rejoint Europe 1 en 2021 pour y incarner le
"Journal permanent". Depuis la rentrée 2023, elle est devenue
l'une des voix de l'information dans la matinale week-end.
Rencontre avec une jeune journaliste déjà bien expérimentée et
qui se lève très tôt…
Lorsque vous êtes journaliste en radio,
la présentation d'un flash ou d'un journal est un exercice à
géométrie variable selon que vous travaillez sur une radio
musicale ou une radio généraliste, sur une radio locale ou une
radio nationale, que vous œuvrez en semaine ou le week-end.
Albane Leprince coche presque toutes les cases de cette équation
et m'a donné envie de la rencontrer pour comprendre toutes les
subtilités de l'exercice. Mais revenons tout d'abord sur son
parcours...
Les "petites
radios" sont très formatrices !
Albane avoue être venue au journaliste
par hasard. Etudiante en Sciences Po à l'Université Catholique
de Lille, alors qu'elle arrive au terme de sa deuxième première
année, la jeune femme s'interroge en sachant qu'elle ne validera
pas son Droit pour passer en L2 (2ème année). C'est
alors qu'elle tombe sur une vidéo de présentation du Studec.
Elle va visiter l'école, postule et est admise. Sur les conseils
de Fabrice Legrier qui deviendra son mentor, elle s'inscrit dans
la filière journalistique.
Albane
Leprince : J'ai annoncé mon admission à mes parents mi-août pour
la rentrée de septembre. Ils ont eu peu de temps pour se
retourner !
Au cours de la première année de
formation, elle effectue un stage de 3 mois à Radio Shalom,
radio communautaire juive parisienne.
Albane Leprince : Ce qui est super cool
dans les "petites radios", c'est que tu as tout de suite
l'opportunité de parler dans le micro. Dès le premier jour, j'ai
présenté des journaux ! Et bouffer du micro, c'est ce dont tu as
besoin pour progresser quand tu es à l'école.
Ensuite, elle passe la saison 2017-2018
à M Radio comme stagiaire dans l'équipe de la matinale présentée
par Alexandre Devoise et Tiffany Bonvoisin avec Grégory Leite
comme réalisateur.
Albane Leprince : En mars 2018, Nadia
Lorjoux, professeure au Studec et rédactrice en chef de Chérie
FM, me propose de rejoindre Chérie FM Chartres tout en validant
mon diplôme. J'ai dit banco et j'ai commencé dès le mois de mai
2018. Je n'avais pas trop envie de partir en Province mais
Chartres m'allait bien car c'était une super ville, j'ai adoré y
vivre, et j'étais à 1 heure de Paris. Cela s'est aussi avéré
pratique pour faire des remplacements en national.
Quelques mois après, la journaliste
nationale de la matinale, Emilie Dez, part et Nadia
Lorjoux lui propose de prendre la suite. En septembre 2018,
Albane revient à Paris après 4 mois à Chartres et découvre
l'antenne nationale.
Le
journaliste en national travaille aussi pour les locales…
Peuleux : Sur une radio musicale,
comment s'organise un flash d'information ?
Albane Leprince : C'est différent selon
que tu es en locale ou en national. En locale, j'arrivais à 5h00
du matin pour le premier flash à 6h00. Chaque heure, je recevais
de Paris le PAL, le prêt-à-lire, avec les grands titres de
l'actualité nationale et internationale. Cela représente 30% du
flash tandis que l'actualité locale en représente 70%. Après,
les proportions peuvent varier selon les jours. Pour
l'actualité locale, il faut avoir un réseau sur place afin
d'obtenir les informations lorsqu'elles tombent, aller dans des
conférences de presse et lire la PQR (presse quotidienne
régionale). A Paris, j'arrivais vers 3h45 car j'écrivais le
fameux PAL à envoyer à tous les journalistes des locales pour
qu'ils le trouvent en arrivant à leur bureau. Et là, tu n'as pas
le droit à l'erreur sinon tout le monde te tombe dessus (rire) !
Et j'envoyais un PAL par heure. En national, je faisais 100%
d'actualités nationales et internationales.
Peuleux : Comment construis-tu un flash
avec forcément pas que des bonnes nouvelles dans une émission
qui se veut tournée vers la bonne humeur pour réveiller les gens
?
Albane Leprince : Cela commence déjà par
l'intonation dans ton "bonjour" qui varie selon les nouvelles à
annoncer. Et en général, tu essayes de finir par un sujet plus
"good moove", une actualité musicale ou du sport. Ce qui permet
de relancer les animateurs avec plus de légèreté.
Peuleux : Comment es-tu passée de Chérie
FM à Europe 1 ?
Albane Leprince : Une musicale pour
faire ses armes en tant que journaliste c'est top mais j'ai un
peu d'ambitions et je voyais les limites de mon métier dans une
radio musicale. En interne, il n'y a que deux solutions :
présenter les flashes ou être rédacteur en chef. Les
possibilités d'évolution sont restreintes.
La jeune femme frappe alors à la porte
d'Europe 1 qui à l'époque connait une grève inédite et de grande
ampleur en réaction à l'arrivée de Vincent Bolloré dans le
capital et dans le pilotage de la radio généraliste de Lagardère
News. Et comme beaucoup de journalistes ont fait le choix de
partir, sa candidature est retenue.
De Chérie FM
à Europe 1, un alignement des planètes…
Peuleux : Tu n'as pas fait que rejoindre
Europe 1, tu es arrivée dans la nouvelle grille avec un nouveau
rendez-vous d'information, "le journal permanent", dans une
matinale présentée par un nouvel anchorman.
Albane Leprince : C'était une belle
opportunité qui me permettait de faire tout ce que je savais
faire tout en intégrant une radio généraliste. Pour démarrer, ce
n'était pas trop "casse-gueule" pour moi. Cela m'a permis de
développer mes compétences notamment avec la présentation du
journal de 5h00 qui est le premier journal de la journée. Même
si l'audience est moindre à cette heure très matinale, il donne
le ton de la journée. J'ai ainsi pu faire mes armes sur des
journaux plus longs qu'à Chérie FM - ou pour le journal permanent
- et avec un contenu plus riche.
Peuleux
: Après deux saisons, Europe 1 te propose les journaux du
week-end. Pourquoi avoir dit oui ?
Albane Leprince : Ça me permet de me
réveiller plus tard en semaine (rire) ! J'adore l'ambiance des
matinales mais après 6 ans à ce rythme, je me sentais un peu
fatiguée. Le poste en matinale week-end est une super
opportunité en fait. Je présente les journaux de 6h00, 7h00,
8h00 et 9h00 et il faut savoir que celui de 8h00 le week-end est
le deuxième journal le plus écouté de tout Europe 1 ! Donc une
très belle vitrine et une grosse marque de confiance de la part
de ma direction.
Là encore, Albane se retrouve dans une
situation particulière puisqu'elle intègre une matinale à
reconstruire - avec Lénaïg Monier comme présentatrice - après de
nombreux changements au cours des deux saisons précédentes.
Peuleux : Quelles sont les différences
entre les journaux de la matinale en semaine et les journaux de
la matinale le week-end ?
Albane Leprince : Le week-end, j'ai
beaucoup plus d'autonomie car il n'y a pas de rédacteur en chef
présent à nos côtés comme sur la matinale en semaine. Lorsque
j'arrive la grille du journal avec les éléments principaux et
les reportages a été finalisée vers minuit. Or entre minuit et
6h00, il peut se passer plein de choses ! Donc, c'est à nous de
prendre les bonnes décisions, à réveiller les gens pour avoir un
envoyé spécial sur place ou un intervenant / expert avec nous,
pour changer l'ordre des éléments du journal… C'est une grosse
responsabilité éditoriale. On échange beaucoup avec Alexis de la
Fléchère qui présente les flashes de la demie et Lénaïg Monier.
Peuleux : Quelle est ta préférence entre
l'équipe du week-end en autonomie, plus resserrée donc plus
polyvalente et la grosse machine de la semaine plus cadrée ?
Albane Leprince : Si tu veux être
"tranquille", le week-end est sympa. Si tu veux du speed, la
semaine c'est mieux. J'avoue que j'aime bien être tranquille.
Mais en semaine, j'avais un rédacteur en chef, Christophe Bordet,
que j'adore par-dessus tout, qui est exceptionnel. C'est un
personnage haut en couleurs et explosif comme j'aime. Alors, mon
cœur balance.
Peuleux
: Comment sont Lénaïg Monier et Dimitri Pavlenko, les deux chefs
d'orchestre des matinales que tu as côtoyé depuis ton arrivée
sur Europe 1 ?
Albane Leprince : Avec Lénaïg, nous nous
entendons très bien mais nous sommes tellement dans le rush que
finalement je me rends compte que nous n'avons pas le temps de
parler d'autre chose. Mais nous prenons un petit café tous
ensemble après la matinale. Quant à Dimitri, il est hyper
exigeant (dans le bon sens du terme), exigeant envers lui en
premier lieu. Toujours à la pointe de l'actualité, c'est
impressionnant. Et cultivé. Ce qui m'épate, c'est qu'il gère une
matinale et qu'il est à la télévision le soir !
Peuleux : Au fait, il y a toujours du
rouge et du saucisson en régie comme à l'époque de Bernard
Poirette ?
Albane Leprince : Le saucisson, c'est
dès 6h00 mais le rouge, on attend 9h00 (rires) !
Depuis la rentrée 2023, après relancé la
matinale semaine, la direction d'Europe 1 s'est attachée à
relancer la matinale week-end. Albane constate avec satisfaction
que les audiences sont très bonnes le week-end avec + 300 000
auditeurs en un an.
Pour l'heure, chaque week-end, le réveil
continue de sonner à 1h30 chez Albane pour être à 2h30 à la
radio. Mais elle ne travaille pas que week-end en fait, elle
travaille du samedi au mercredi. Son "week-end" est le
jeudi-vendredi. Lundi et mardi, elle est au service reportage et
le mercredi, elle planche sur une verticale consacrée à
l'immobilier avec des articles web, des vidéos pour les réseaux
sociaux… D'ailleurs, Albane m'a avoué que l'immobilier est sa
deuxième passion et que si elle n'avait pas fait de radio, elle
serait probablement agent immobilier.
Retrouvez Albane Leprince sur
Europe 1 pour les journaux de l'heure dans "Europe 1 Maton
week-end" de 6h00 à 9h00
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