Alors qu'elle vient de fêter ses 31 ans de radio,
Marlène Duret officie actuellement sur Europe 1 comme
journaliste météo et animatrice. Derrière cette présence
discrète dans la grille des programmes se cache un parcours
atypique qui l'a conduit de la Bourgogne à Paris, cheminant dans
le milieu de la radio et de la télévision. Rencontre avec une
femme solaire et pétillante à double casquette…
Si vous écoutez
"Europe 1 Soir" ou "Europe 1 Nuit" en semaine, vous connaissez
la voix de Marlène Duret puisqu'elle y présente la météo. Vous
la retrouvez un peu plus tard à partir de 01h00, entre la fin de
la libre-antenne et le début de la prématinale, elle y anime les
"Programmes de nuit", tranche composée de rediffusions
d’émissions et de musique, une voix douce et posée avec un
phrasé juste et captivant.
L'histoire d'amour
entre la Radio et Marlène Duret démarre très tôt car dès l'âge
de 9 ans, elle joue à l’animatrice en s’enregistrant sur un
magnétophone - cadeau du Père Noël - avec une brosse à cheveux en
guise de micro. Mais les prémices de sa carrière peuvent aussi
se trouver dans l’attachement qu'elle avait dès 12-13 ans pour
Radio Contact, station locale de sa ville natale, Nevers.
Marlène Duret : Les radios libres permettaient aux auditeurs de
passer en direct pour faire des dédicaces, et jusqu’à mes 17-18
ans, je passais régulièrement à l'antenne pour tenter de gagner
une place de cinéma ou une entrée en discothèque.
Systématiquement, les animateurs me disaient que j'avais une
voix radiophonique. Une petite musique qui revenait
régulièrement… Je ne me privais pas pour intervenir sur d’autres
radios locales, Vibration par exemple. Je me souviens qu’en
1989, j’étais toujours au lycée, je décide d’appeler la station
en fin de journée pour passer ma dédicace en direct. L’animateur
chronométrait mon texte et glissait l’intro du disque sous ma
voix. Juste après mon
passage, une fois le disque lancé, il me propose de rejoindre
l’équipe et m’offre un contrat. J’ai trouvé ça complètement
délirant (rires) et je leur ai dit que je passerai d’abord mon
bac avant de filer à Dijon pour mes études.
LES LOCALES DE RADIO FRANCE : MA FORMATION RADIO
Quelques années
plus tard alors qu'elle étudie les lettres et civilisations
étrangères en section italien à la faculté de Dijon, la mère de
son petit ami de l’époque entend une annonce sur Radio France
Bourgogne [NDLR : ancêtre des stations France Bleu / Ici] parce
que la station recherche une animatrice. A la même époque,
Marlène prêtait sa voix pour Europe 2 Dijon, "rémunérée en
stylos et places de cinéma". N’ayant aucune expérience
"seulement l'audace de la jeunesse", elle passe l’audition et
remporte le poste d’animatrice-productrice d’une émission de
musique classique. La voix est son atout mais son parcours de
danse classique et jazz, l’apprentissage du piano classique et
son inscription en faculté de musicologie a pesé aussi dans la
balance.
Marlène Duret :
J’ai longtemps eu le syndrome de l’imposteur mais j’ai saisi ma
chance. Marc Vuillermoz, le directeur des programmes, a fait le
choix de miser sur moi.
Sur Radio France
Bourgogne, Marlène anime et produit "Pianissimo", une émission
hebdomadaire de musique classique. Très vite, elle se voit
confier l'animation de deux après-midis musicales puis toute la
semaine, mais aussi, dans la foulée, des chroniques, des émissions en
extérieur, des entretiens, et même de la programmation musicale,
sans oublier des reportages.

Marlène Duret : Il
manquait le reportage dans ma panoplie, j'ai dû passer mon
permis de conduire en accéléré, indispensable pour se déplacer
en voiture. J'ai réussi mon code et mon permis en 15 jours.
Motivée, l’animatrice ! (Rires). Pas de GPS à l'époque ! Tu
partais avec ta carte de la région version papier, et je ne
compte pas les fois où j’ai demandé mon chemin. J’avais 24 ans
et des étoiles dans les yeux. Je passais des heures à la radio.
J’avais soif d’apprendre.
En parallèle de
Radio France Bourgogne, France Musique la sollicite comme
correspondante locale. Et elle sillonne alors la région avec son
Nagra de 9 kg sous le bras pour réaliser des interviews
d'artistes de passage qu'elle envoie à Paris.
Marlène Duret :
Pour évoluer dans ce métier, il faut bouffer du micro et de
l’expérience, je décide alors de changer de crémerie au bout de
3 ou 4 ans. Lorsque tu travailles à l'endroit où tu as débuté,
on te voit et on te verra toujours comme celle qui débute. J’ai
donc été embauchée à Belfort.
A Radio France
Belfort-Montbéliard, elle est aux commandes d’une quotidienne,
d’une émission de musiques du monde et d’une autre sur les
animaux de compagnie. Elle n’y restera qu’une année, décidée à
rejoindre son petit ami de l’époque, à Rouen. Elle reviendra à
la radio en effectuant d’abord des remplacements à Rouen, Caen,
Nancy, Cherbourg, Nantes, toujours dans les locales de Radio
France…et décrochera même quelques piges à France 3 Normandie.
DE LA RADIO NATIONALE A LA TELEVISION…
Marlène Duret :
C’est en effectuant un remplacement à Nancy que je retrouve le
directeur d’antenne qui m’avait donné ma chance à Dijon. Marc
Vuillermoz me parle d’un poste à pourvoir à Paris, à France
Culture. Je ne sais pas par quel miracle j’ai été prise mais en
septembre 1999, je deviens speakerine sous la direction de Laure
Adler après un passage par Le Mouv’ à Toulouse (été 1999).
France Culture a été une expérience enrichissante, j’ai beaucoup
lu à cette période, et j’y ai rencontré des personnes
exceptionnelles.
En parallèle,
Marlène Duret devient aussi animatrice pour FIP qui souhaitait,
à l’instar de France Culture, faire appel à une nouvelle
génération d’animatrices, plus naturelles, plus dans l'air du
temps. Au début des années 2000, elle fait donc partie de cette
nouvelle génération qui "dépoussière" l'antenne. Elle y restera
3 ans.
En 2003, France
Culture décide de supprimer les speakerines, Marlène frappe à la
porte de France Bleu qui lui confie la tranche 17h00-19h00 le
week-end en national. En 2004, l’aventure Radio France s’arrête
après 10 ans.
C’est à ce
moment-là qu’une amie et animatrice de France Bleu lui explique
qu’elle a été embauchée pour travailler sur RTL et qu’elle va
devoir quitter son poste météo à M6. Un casting est organisé.
Marlène avait fait un peu de présentation météo à France 3
Normandie, et son frère travaille pour Météo France. "On parle
un peu météo dans la famille".
Marlène Duret : A
partir de M6, je suis véritablement formée par Météo France. Je
vais travailler pour le groupe M6 durant 14 ans, en voix off.
Grâce à Florence Savall-Escudier à la production et Stéphane
Gendarme, directeur de l’information, je passerai devant la
caméra mais c’est une autre histoire. Une histoire
télévisuelle…Restons focus sur la radio (Clin d’œil)
En 2006, Louis
Bodin recherche une personne expérimentée dans le domaine de la
météo et de la radio pour RTL. Marlène passe à nouveau une
audition. Elle restera sur RTL jusqu'en 2015 en parallèle de M6.
Marlène Duret :
"Il n'y a pas qu'une vie dans la vie" comme dirait Isabelle
Morizet [NDLR : en référence au titre de son émission sur
Europe1] et moi, j'ai eu mille vies, je ne me suis donc jamais
ennuyée. La radio m'a ouvert beaucoup de portes, notamment
celles de la télévision.
Marlène Duret travaillera pour des habillages ou des
présentations d'émissions en voix-off pour France 2, MCM, Europe
2 TV, Virgin 17, Direct 8, RFM TV, CStar entre autres. Elle
passe devant la caméra sur TV5 Monde,
i>Télé, La Chaîne Météo…
ETRE MENEUSE DE JEU EXIGE DE NOMBREUSES COMPETENCES
En 2016, David
Kolski, qu’elle a rencontré au forum de la Météo et du Climat,
lui présente Jacky Gallois qui recherche de nouvelles meneuses
de jeu pour Europe 1. Le casting est terminé mais il accepte une
dernière candidature. "J’entre dans la famille Europe1 par la
porte Joker".
Elle devient
titulaire les week-ends en 2018 mais à la rentrée 2020, la
station supprime les meneuses de jeu. Marlène Duret revient
durant l’été 2021, recrutée par Laurent Cabrol.
Marlène Duret : La
météo, ma bonne étoile… Stéphane Bosc et Donat Vidal Revel, à la
direction me permettront d’ailleurs de poursuivre l’aventure
Europe1 en ajoutant à ma mission, l’animation des programmes
nuits.
Et pour cette
tranche nocturne, Stéphane Bosc lui donne carte blanche.
A l'été 2022, la direction
d'Europe 1 lui confira même la coanimation de l'émission
estivale "Eurock'1" avec Philippe Manoeuvre.

Peuleux : En 2023,
les meneuses de jeu reviennent à l’antenne avec l'arrivée
d'Alain Liberty. Quel regard poses-tu sur ce poste particulier ?
Marlène
Duret : C'est un poste exigeant qui demande beaucoup de
qualités. Bien connaître la grille des programmes n’est pas
suffisant. Une bonne culture générale est une plus-value. Il
faut savoir aussi improviser, rebondir, garder son sang-froid
pour ne pas être déstabilisée en cas de problème technique, une
bonne gestion du temps… C’est un exercice à part entière. Quand
tu interviens à l’antenne sur des temps courts, tu dois être
efficace, concentrée et en même temps détendue, naturelle. C'est
un poste qui demande de l'expérience en amont. J’ai adoré être
meneuse. Alain Liberty souhaitait retrouver cette chaleur, cette
humeur et ce rythme donnés à l'antenne par les meneuses de jeu.
LA METEO, C'EST BIEN PLUS QUE DONNER LA PLUIE ET LE
BEAU TEMPS
Peuleux
: Comment prépares-tu tes bulletins météo ?
Marlène Duret : Je
commence par regarder les cartes météo avant de contacter la
cellule médias de Météo France pour un briefing précis et
complet. Je le fais de chez moi ou au bureau. J'essaye
d'anticiper les questions éventuelles que l’on pourrait me poser
en direct dans les journaux. Je rédige mon bulletin par écrit,
ça me permet de mieux retenir ce que je vais dire, de structurer
ma pensée. A l'antenne, je me détache plus ou moins de mon
papier qui sert surtout de filet de sécurité. Lorsqu'il y a des
épisodes météo particuliers, je me rapproche des journalistes
pour m’assurer que les infos sont conformes, qu’elles ne sont
pas contradictoires, ou pour ne pas faire de doublons.
Marlène Duret aime
aussi apporter un peu de pédagogie dans ses bulletins lorsque le
temps d’antenne le permet, de manière subtile et simple. Elle
aime "tirer les auditeurs vers le haut" (Clin d’œil)
Marlène Duret :
Animer ça veut dire rendre vivant. Et dans mes interventions,
j'ai ce côté animatrice qui reste très présent. Il faut garder à
l’esprit que l'auditeur n'a pas la carte de France sous les yeux
et qu’il ne connait pas toutes les régions… Je dois donc être
plus précise que sur un plateau de télé.
Chaque soir,
Marlène Duret assure trois bulletins météo en direct avec les
tendances en début de journal ainsi qu'un bulletin enregistré
pour "Europe 1 Nuit".
Marlène Duret :
J'enregistre ma dernière météo vers 20h30 si la situation est
stable, 21h00 maximum. Mais s'il y a une alerte, je reste pour
le direct.
PARLER DANS LE MICRO, C'EST LE BONHEUR !
7 jours sur 7, de
1h00 juste après "la Libre-antenne" d'Olivier Delacroix ou de
Valérie Darmon jusqu'au lancement de "Europe 1 Bonjour" par
Alexandre Le Mer un peu avant 5h00 (*), Marlène Duret accompagne
les auditeurs entre musique et rediffusions d'émissions.
(*) Actuellement,
c’est 4h00 en raison des 70 ans d’Europe1 qui sont diffusés de
4h00 à 5h00.
Marlène Duret :
J'adore l'idée d'accompagner des auditeurs qui sont sur la route
ou au travail, que les gens se demandent si je suis en direct ou
pas. On me pose souvent la question d'ailleurs.
En réalité,
Marlène enregistre ses interventions en fin de journée pour une
diffusion automatique durant la nuit.
Marlène Duret :
J'enregistre dans les conditions du direct. Il arrive que ma
langue fourche un peu, je réagis comme si j’étais en direct.
J'adapte mon ton à l'horaire et j'essaye de créer une complicité
avec l'auditeur. Je fais le lien entre les émissions, j'annonce
et désannonce les disques, je glisse des petites informations
sur un artiste, un concert… ainsi que des annonces sur les
programmes de la station, nos partenariats, il y a aussi parfois
des jeux à l'antenne comme en journée.
Le seul regret de
l'animatrice sur cette tranche est de ne pas être en direct et
de ne pas avoir d'interaction avec d'autres personnes à
l'antenne. Mais du moment qu'elle parle dans le micro, elle est
heureuse !
Retrouvez Marlène Duret dans
"Europe 1 Soir en semaine de 19h00 à 21h00, "Europe 1 Nuit" en
semaine à 22h00 et dans les programmes de nuit tous les jours de
1h00 à 5h00 sur Europe 1
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